En direct de : Moderat à l’Olympia, la grande Messe

Paris, 21 heures. C’est une foule dense qui se presse aux abor­ds de l’Olympia. Sur la facade, sept let­tres rouges se dressent face à nous : MODERAT. Dehors, des reven­deurs de places à la sauvette bien au courant du con­cert annon­cent : “Places pas chères pour Mod­era !” (lire : [:Mo-de-ra-]) tan­dis qu’à l’intérieur, la salle est comble, résul­tat de ce con­cert sold out tant atten­du. Il faut dire que le groupe n’avait pas mis les pieds à Paris depuis févri­er 2014 — et son show magis­tral au Tri­anon. Le 28 Boule­vard des Capucines est donc un peu the place to be ce soir.

Tous de noir vêtus, silen­cieux, les deux Mod­e­se­lek­tor et Appa­rat mon­tent à tour de rôle sur scène avec assur­ance, acclamés par la foule. Sculp­turaux dans la fumée, les voici en place ; le con­cert peut com­mencer après une pre­mière par­tie assurée par Shed, plutôt mou du genou. Pas le temps de chômer, le trio berli­nois assène une ver­sion de “A New Error” déca­pante. L’auditoire, qui ne s’attend prob­a­ble­ment pas à enten­dre ce tube dès le sec­ond morceau est exta­tique. La scène de Lau­rence Any­ways de Xavier Dolan nous revient en tête, mais ici aucun vête­ment ne vole dans les airs, seule­ment des esprits qui s’échappent des corps et flot­tent dans un Olympia à l’ambiance élec­trique. Les fans du groupe qui ont eu l’occasion de se repos­er toute la journée après les excès du week-end – mer­ci le jour férié – ont de l’énergie à reven­dre, et cela se sent. Le sol de la salle parisi­enne mythique trem­ble sous nos pieds.

Le light­show bal­aye la foule, et le trio sem­ble évoluer dans un univers en 3D – sem­blable à celui de leur dernier clip en date – grâce au VJing fait de rayons lasers, de formes géométriques et de fumée. Toute une sym­bol­ique –  à la fois Illu­mi­nati, astrologique et math­é­math­ique – sem­ble être à décrypter, tan­dis que des visuels des albums précé­dents – les mains jointes, le tau­reau – sont recy­clés pour l’occasion et défi­lent égale­ment sur l’écran géant. Et la froideur alle­mande dans tout ça ? A d’autres ! Les trois mem­bres de Mod­er­at sont un peu comme ces pre­miers jours de print­emps : froids, ils ont pour­tant réus­si à réchauf­fer l’Olympia pen­dant près de deux heures à grand ren­fort de tubes et de nou­veaux titres, dosés à merveille.

Ain­si, le morceau “Reminder”, sor­ti il y a quelques semaines seule­ment, résonne déjà comme un point cul­mi­nant de leur discogra­phie. Il faut dire que la recette reste inchangée : gros beats, lour­des bass­es, voix pro­fonde et cav­erneuse – mi-divine, mi-dantesque — d’Apparat. Et puis en back­up, les Mod­e­se­lek­tor délivrent et assurent le bidouil­lage des machines pour un show sans accroche. La présen­ta­tion des nou­veaux titres se déroule du coup à la per­fec­tion, le pub­lic est récep­tif : “Ghost­moth­er”, “The Fool”, “Find­er”, “Ani­mal Trails”… même le très dance “Run­ning” con­va­int. III va se boire comme du petit lait.

L’enchaînement mer­veilleux de “A Bad King­dom” et de “N°22” finit par nous achev­er. La foule, euphorique, scan­de en cœur les paroles, les visuels ver­sion bande-dessinée nous hap­pent dans une his­toire de famille au cœur d’un manoir de style vic­to­rien. Les bass­es font trem­bler les cages tho­raciques, les esprits divaguent, les gros beats sem­blent éman­er du pied d’Apparat qui bat la mesure sur scène de manière hyp­no­tique. Deux rap­pels — très tech­no — plus tard, Mod­er­at salue son pub­lic en nage après un set défini­tive­ment endi­a­blé. Ils sem­blent ravis d’avoir été là ; cela tombe bien, nous aussi.

Pire moment : les gens qui fil­ment avec un flash #les­gens.

Meilleur moment : les sub-basses qui tra­versent tous les pores de notre peau.

Les trois mem­bres se sont con­fiés à nous dans le prochain numéro de Tsu­gi (n°91), à décou­vrir en kiosque le 9 avril !

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