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10 septembre 2015

En direct de… Sufjan Stevens au Grand Rex

par rédaction Tsugi

Sufjan Stevens est rare, c’est incontestable en France, où il passe rarement et souvent en coup de vent : pas de promo, peu de concerts, le dernier en date remontant à mai 2011. Cela contribue à gonfler son aura de prêtre folk intouchable, à tel point qu’à son deuxième soir au Grand Rex hier, le moindre cri de foule lancé hors des temps d’applaudissement passait pour irrespectueux. Le poissonnier qui eut le malheur de crier une grivoiserie de concert du genre « à poil SUFJAAAAN » fut fusillé du regard sans sommation.

Avant le passage du maître, la bonne nouvelle, c’était la première partie de la Française Mina Tindle, fan de Sufjan elle-même, hélas limitée par les règles du jeu parfois cruelles de la première partie. Accompagnée seulement d’Olivier Marguerit (qui a produit son deuxième album, vu avant chez Syd Matters), ce qui ne permet pas de montrer toute la richesse de son disque finement arrangé, Pauline est aussi limitée à un niveau sonore bien trop faible. Heureusement sa grâce et la pureté de sa voix porteront son set, traversé notamment par les beaux moments “Bells” et “Taranta”.

21h, l’heure de Sufjan a sonné. Première déception, le concert sera à 90% consacré à son dernier album, Carrie & Lowell, un disque inexplicablement encensé par tous, retour à ses racines folk, avec ses jolis moments mais un curseur majoritairement bas sur l’échelle du frisson. Quand Sufjan commence, seul à la guitare, on se dit que ce concert va nous faire redécouvrir cet album un peu fainéant. D’autant que la scénographie est assez envoûtante. Derrière le groupe, des écrans tout en verticalité, espacés comme des pointillets formant un tout morcelé. Dessus des films de famille touchants, des paysages idylliques et quelques formes plus étranges, qu’on observe comme espions cachés derrière un store à peine entrouvert.

Pourtant les bonnes nouvelles s’arrêtent assez vite. Le premier problème c’est la construction du set, très linéaire. Chaque chanson commence par deux minutes de Sufjan seul au piano, banjo, guitare etc. Puis le groupe surgit, six personnes lui compris, et le morceau s’envole. Mais les arrangements, parfois splendides, sont aussi souvent assez discutables, on les aurait probablement moqués chez un autre. La batterie est souvent plate voire varièt’, les carillons et bruits de dauphins un peu éreintants, la choriste souvent sans charme (alors qu’il s’agit, on l’apprendra à la fin, de la talentueuse Dawn Landes)…

On n’est jamais aussi touchés que quand Sufjan est seul en scène, porté par une voix si fragile qu’elle nous transperce. Les quelques titres tirés d’autres albums et interprétés en fin de set, réveilleront les nostalgiques. Mais après la grande messe quatre ans plus tôt (costumes de ninja fluo, chorégraphies, esprit de troupe etc.) cette performance paraît bien terne.

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