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5 juillet 2016

En direct des Eurockéennes de Belfort

par rédaction Tsugi

Pas facile d’être un festival de cette ampleur (104 000 festivaliers sur 3 jours) et de trouver le juste équilibre entre têtes d’affiche qui déplacent les foules et la nécessaire mission de découverte qu’on est en droit d’attendre du plus gros festival rock de France. D’ailleurs l’année dernière, la programmation du raout belfortain nous avais un peu moins séduits. Cette année si les reformations de Louise Attaque, des Insus et les barbes des Texans de ZZ Top étaient là pour séduire le plus grand nombre, le festival a su mettre l’accent sur les nouveaux talents tout en renouant avec les fondamentaux du rock.

Rembobinons. Il est aux alentours de 13h dans le TGV N°6703 au départ de la Gare de Lyon. Le wagon-bar est plein comme un oeuf et malgré l’interdiction de la vente d’alcool à bord pour cause d’Euro, l’employée de la SNCF derrière le comptoir semble un peu excédée par toute cette agitation. La raison : le groupe Bagarre a installé sa sono mobile et s’apprête à nous donner un petit avant-goût de leur trap music en français avant d’enquiller quelques galettes : de Laurent Garnier à Azealia Banks, histoire de donner le ton de leur concert du soir au Club Loggia.

On retiendra aussi de cette 1ère soirée le combo soul-folk de Nathaniel Rateliff & The Night Sweats, solaire et généreux, avant que les beats agressifs de Mr Oizo ne nous incitent à aller au pieu histoire de ne pas perdre trop de points de vie dès le début du festival !

Les choses sérieuses ont véritablement commencé le samedi avec le psychédélisme des californiens d’Allah-Las, le retour de Beck ou Foals qui, malgré un dernier album un poil trop formaté, a donné un concert d’une rare intensité grâce à la présence du très charismatique Yannis Philippakis. Samedi c’était aussi le jour de la consécration de Last Train, les régionaux de l’étape. Quatre jeunes gens de Mulhouse, qui connaissent bien le camping des Eurocks pour l’avoir pratiqué dès que leurs parents leur en ont donné la permission. Du rock puissant et lyrique qui a littéralement labouré les 5000 personnes tassées devant la scène du Club Loggia laissant le groupe ému aux larmes en sortant de scène.

Pour cette 2e soirée, « La Plage », la scène lacustre du festival qui flotte sur le Lac de Malsaucy, étaient aux couleurs des Inrockuptibles à l’occasion de leur 30e anniversaire Une programmation assez pointue qui nous a permis de découvrir les Anglais de Formation qui surfent sur l’héritage de LCD Soundsystem, le rock du terroir de The Inspector Cluzo (un duo de fermiers gascons aussi doués pour le confit de canard que le rock) ou le hip hop sous codéine de Vince Staples, la dernière sensation issue du collectif californien Odd Future.

Mais la dernière soirée de cette 28e édition sera sans conteste la meilleure. Avec l’elecro-pop bien foutue de Las Aves, le punk-rock classieux de Courtney Barnett, la violente secousse sismique du retour des Kills (mais quel est le secret de Jamie Hince pour qu’on ait l’impression qu’il joue de 8 guitares en même temps ?!) ou la pop maligne de Mac DeMarco qui a carrément dressé une table sur scène et convié quelques spectateurs à prendre l’apéro pendant son concert !

Seuls ombres au tableau : Tame Impala dont on avait l’impression qu’il déroulait un set très contrôlé, sans émotion. D’ailleurs il a balancé son tube « Let It Happen » dès le 1er morceau accompagné d’une explosion de confettis. Un peu éjaculateur précoce cette affaire… Sans parler de M83 qui a confirmé tout le mal qu’on pense de son dernier album.

Le dimanche c’était aussi le soir du quart de finales de l’Euro où l’équipe de France a mis une raclée aux sympathiques islandais. Comment l’oublier puisque le match était projeté sur tout ce qui ressemblait de près ou de loin à un écran ?! Les drapeaux, peintures et autres perruques tricolores pullulaient sur toute la presqu’ile du Malsaucy. Mais il en fallait bien plus pour déstabiliser Action Bronson, ancien cuistot new-yorkais au look de viking, et son rap goguenard ponctués de nombreux motherfuckers. Et surtout Anderson .Paak et sa fusion hip hop-soul-house. Super chanteur et bête de scène, qui a commencé à transformer la plage en dancefloor avant que Caribou, tout de blanc vêtu, ne fasse décoller tout le monde, malgré un sound system pas tout à fait à la hauteur.

Les Eurockéennes avaient choisi cette année de mettre James Dean sur l’affiche de leur 28e édition. La fureur de vivre : un bon résumé de l’état d’esprit du festival. Nous traversons une période sombre et inquiétante avec la vague d’attentats qui frappent sans discernement : Orlando, Istanbul, Bagdad, et bien sûr, le Bataclan. La musique n’a plus tout à fait le même rôle depuis le 13 novembre 2015. Nous avons plus que jamais besoin de ces moments d’émotion et de partage pour affronter le quotidien. Donner du sens à la fête c’était la mission qu’avait confiée les Eurocks à Fanny Bouyagui et toute l’équipe du NAME Festival. Pendant 3 jours, les festivaliers ont défilé pour se faire titrer le portrait enlacés par Fanny et son célèbre tatouage « Peace » sur l’avant-bras. Plus de 4000 portraits souriants parce que oui, on est bien ensemble. Alors « Peace for all » et rendez-vous le 7 octobre dans la région de Lille pour le NAME et le 7 juillet 2017 pour non pas 3 mais 4 jours d’Eurockéennes !

Meilleur moment : Caribou qui se lève pour aller danser sur le bord de la scène pendant que ses musiciens lâchent les chevaux sur le final élégiaque de « Swim »

Pire moment : les hordes de moustiques qui s’abattent assoiffés de sang au coucher du soleil sur les festivaliers avinés. L’année prochaine : penser au répulsif !

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