En direct d’Innervisions au Troxy (Londres)

“His­torique”. C’est le mot qui définit ce qu’on a vécu dimanche.  Fin août, Innervi­sions annonçait une soirée de rêve pour les fans du label alle­mand : un ping-pong de dix heures entre les deux fon­da­teurs dans un théâtre de Lon­dres. Après avoir adoré la dernière édi­tion de Lost In Moment à Saint-Malo, curieux du con­cept et de la pro­gram­ma­tion, nous avons sauté dans le pre­mier train direc­tion l’autre côté de la Manche, pour assis­ter à cet évène­ment annon­cé sold-out en quelques semaines.
C’est dans un lieu atyp­ique qu’Âme et Dixon nous ont don­né rendez-vous. Le Troxy, situé dans le quarti­er de l’East End à Lon­dres est un théâtre à l’al­lure par­ti­c­ulière faisant par­tie du mou­ve­ment Art Déco. Plus grand que l’Olympia avec sa capac­ité de 2 600 per­son­nes, on se laisse très vite sub­merg­er par la grandeur et la beauté du lieu. Avec ses sept mètres env­i­ron de hau­teur sous pla­fond, ses moulures, son bal­con avec fau­teuils pour l’e­space chill, ses deux coins fumeurs extérieurs et surtout sa moquette pour danser, le Troxy est défini­tive­ment l’endroit par­fait pour faire la fête. C’est avec curiosité que nous entrons dans un lieu d’habi­tude réservé aux pièces de théâtre pour y écouter de la musique élec­tron­ique dix heures durant. Nos inquié­tudes se dis­sipent assez vite, dès la beauté du lieu décou­verte, et dès les pre­mières notes enten­dues sur un sys­tème son qui frôle la perfection !
Telle une sym­phonie, c’est avec légèreté et har­monie que les deux patrons se relaient der­rière les platines. De la deep tech­no à la tech house en pas­sant par des rythmes aux sonorités ori­en­tales, ils ont réus­si à nous envoûter en l’espace de quelques heures. Con­nus pour être des défricheurs de nou­veautés grâce à leurs stocks inépuis­ables de tracks inédits, Âme et Dixon enchainent sans sur­prise les unre­leased, même si on a su recon­naitre quelques morceaux comme le dernier Cow­boy Rhythm­box « Mécanique Sauvage », Migosy « Fansta­ma (Sky­line Guide) », Jimi Jules avec « Moon » et surtout le remix de Frank Wiede­mann « God Song » sou­vent présent dans les sets des deux Allemands.

Autre point à soulign­er : le light­show ! Nous assis­tons à un spec­ta­cle de lumière qui laisse l’ensemble du pub­lic bouche bée. Certes ces derniers temps, nous nous sommes habitués à assis­ter à des show visuels grâce à des écrans et des per­for­mances de VJing  — comme au début du mois au Stere­olux pour la soirée Elec­trons Libres – mais ici, rien de cela ! Retour aux basics avec des pro­jecteurs et de sim­ples LED au-dessus de la cab­ine des DJs, qui nous don­nent l’impression d’être entourés d’un ciel étoilé. L’illusion est telle que l’on se sent trans­portés dans une autre galax­ie grâce à la pro­jec­tion d’un laser vert et rouge sur les deux gross­es boules à facette présentes dans la salle.
C’est dans un voy­age spir­ituel que les deux fon­da­teurs d’Innervisions nous ont emmenés ce soir-là. Cer­tains ont dû être déçu de voir Âme en DJ set, mais les deux chefs d’Innervisions ont réus­si à créer une com­mu­nion entre le pub­lic et la musique met­tant en place une unité au sein de ce théâtre lon­donien. L’adage « les absents ont tou­jours tort » prend tout son sens lorsque le dernier beat se fait ressen­tir. Il fau­dra être patient avant de pou­voir assis­ter à nou­veau à un évène­ment d’une telle ampleur. En atten­dant, il sera pos­si­ble de voir Dixon au Polaris Fes­ti­val début décem­bre. Quant à Âme, il sera en live à Greno­ble et Toulouse mi-décembre.
Meilleur moment : Pou­voir danser sur de la moquette ? Une véri­ta­ble douceur pour les pieds.
Pire moment : Met­tre de l’eau chaude non-potable aux toi­lettes et donc devoir pay­er des bouteilles d’eau au bar.
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