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11 juin 2019

Exclu : « Bilimbi » d’Agnesca : quand électro réunionnaise et maloya se rencontrent chez InFiné

par Lolita Mang

Un arbre dont les fruits ressemblent à des cornichons translucides. Le bilimbi est un symbole : introduit sur les terres réunionnaises à la fin du XVIIIe siècle par – les sources divergent – un ingénieur ou un botaniste français, il fait partie malgré sa rareté du riche patrimoine de l’île. C’est d’ailleurs cet héritage que cherche à célébrer le label InFiné (comptant parmi ses rangs Rone ou Labelle) avec sa compilation Digital Kabar. En s’aventurant dans les méandres du maloya, chant historique des esclaves réunionnais interdit par les autorités françaises jusqu’à la fin des années 70, les morceaux du projet dépoussièrent et rendent hommage à un genre superposant les harmonies tout en transpirant la douleur et l’oppression.

Le titre « Bilimbi », d’après notre arbre fruitier donc, s’inscrit dans cette pure volonté. Durant quatre minutes, la productrice Agnesca métisse les influences, à l’image de l’île qui l’a vue naître. Afrique de l’Est, Europe, Inde : les sonorités font écho aux communautés qui coexistent à la Réunion. Les percussions traditionnelles du maloya sont appuyées par les rythmiques plus dures d’une techno exotique. Ici, c’est principalement le dubstep qui est mis à l’honneur, triturant avec puissance et tension les grooves du maloya. En se permettant ces expérimentations sonores, la productrice et ses compères d’InFiné – réunionnais comme métropolitains – renouent avec les fondements d’un style musical écorché par l’histoire : une invitation à la danse, voire à la transe pour oublier et panser ses plaies. Une jolie manière de dépeindre la Réunion  ; son passé, ses richesses, sa diversité et ses réalités à travers des rythmes viscéraux et des textures modernes. Puissent les vagues de l’Océan Indien porter ce son jusque dans nos contrées européennes, et au-delà.

Ecoutez en exclusivité « Bilimbi » d’Agnesca, extrait de Digital Kambar, qui sort le 21 juin. Si vous voulez en savoir plus sur le maloya et sa nouvelle jeunesse, emparez-vous du tout nouveau numéro de Tsugi !

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