đ„ Fight Club : le nouvel album de Lulu Gainsbourg, pour ou contre ?
Un album, deux avis. Aujourdâhui sur le ring, le nouvel album de Lulu Gainsbourg, Replay. Fight !Â
Chronique issue du Tsugi 146 : Ascendant Vierge, génération désenchantée, disponible maintenant en kiosque et à la commande en ligne.
Du fils de Serge, on se souvenait vaguement dâun premier album anecdotique en 2011. Une collection superfĂ©tatoire, enfin Ă nos yeux, de reprises bossa-jazz du rĂ©pertoire paternel. Comprendre le solde de tout compte dâun hĂ©ritage quâon imagine pesant son poids de cacahuĂštes sur les frĂȘles Ă©paules du jeune homme. Mais on dĂ©couvre en lisant sa bio (important de sâinformer pour ne pas Ă©crire des conneries) que le fils de Bambou avait persĂ©vĂ©rĂ© en sortant aussi deux disques en 2015 et 2018. Ah, visiblement, nous ne sommes pas les seuls Ă les avoir oubliĂ©s. Ce prĂȘche dans le dĂ©sert en aurait dĂ©couragĂ© plus dâun. Sauf que ce musicien accompli, formĂ© au prestigieux Berklee College Of Music, trace sa route sans se soucier du public et des critiques. Pourtant, son nouvel effort possĂšde une portĂ©e qui dĂ©passe le nombril de son auteur. Car en sâĂ©loignant du cadre chanson pop traditionnelle quâil Ăąnonnait trop mĂ©ticuleusement pour divaguer en partie en escapades Ă©lectroniques poisseuses, Lulu a vu juste. Bien soutenu par la plume ludique de sa complice Lilou â mĂȘme si un peu trop adepte des aphorismes Ă la Gainsbourg â il trouve un champ dâexpression beaucoup plus personnel. Les grosses basses de la tournerie « Insomnia », le climat techno limite Detroit de «Ălectron libre» sont autant de rĂ©ussites pour ce Replay qui sĂ©duit mĂȘme dans les formats plus classiques de « Lâenfance » ou « SeptiĂšme ciel ». Lâapport du rĂ©alisateur et ingĂ©nieur du son Jeremy Loucas est sans doute pour beaucoup dans cette mue convaincante. LĂ -haut, papa peut applaudir et en bas maman aussi.
Patrice Bardot
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Le problĂšme avec Lulu, câest que de tous les «fils de», il a lâair dâĂȘtre le plus fragile. Il est difficile dâexpliquer pourquoi, mais on est toujours un peu gĂȘnĂ© avant de tirer sur lâambulance. Sans doute parce quâon pense Ă son pĂšre quâil a peu connu et dont la compagnie ne devait pas ĂȘtre toujours simple durant ses derniĂšres annĂ©es. On se souvient aussi de lâaccueil glacial, malgrĂ© toute la machinerie mise en place, de son premier album en 2011 From Gainsbourg To Lulu. Il ne lĂąche pourtant pas lâaffaire et revient avec Replay, un nouveau disque teintĂ© dâĂ©lectro quâune vague rumeur prĂ©tend supĂ©rieur aux autres. On ne ressent pourtant quâeffroi et consternation devant ce nouveau reboot de sa difficile carriĂšre. En clair, Ă notre humble avis, rien ne va dans ce disque. Production, mĂ©lodie, texte, voix⊠tout est atroce. Lulu chante « lâamour câest comme une dose de cafĂ©ine ça fait battre ma poitrine » sur des beats mous tout juste dignes dâune compilation dâhĂŽtel trois Ă©toiles. Sur lâĂ©chelle du pire, on hĂ©site entre le badaboum badaboum kling kling de la production ringarde, le trip-hop flasque de «La femme est complexe» (ah bon?) ou les tentatives de sensualitĂ© vocale du « chanteur » murmurant comme un cocker triste « jâemprunte lâautoroute de tes pensĂ©es sans embouteillage insensĂ© ». Belle image! Et il y en a plein dâautres. Bref, passons. On se rĂ©jouit nĂ©anmoins pour Lulu quâau sein de ce journal, il se trouve quand mĂȘme quelquâun capable de penser du bien dâun truc aussi nul.
Alexis Bernier
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