Francos de Spa : des artistes se lèvent contre la venue d’Amir

par | 16 07 2025 | news

Aux Francofolies de Spa en Belgique, une dizaine d’artistes présents à l’affiche se sont déjà réunis en collectif pour protester contre la programmation d’Amir. En réaction également, d’autres comme Yoa se sont retirés de la programmation et ne viendront pas. En cause : la participation du chanteur à divers évènements de soutien à l’armée israélienne et son silence sur le génocide en cours en Palestine.

Alors que le coup d’envoi des Francofolies de Spa doit être donné ce vendredi 17 juillet, le festival belge est secoué par une vague de protestations liées à la programmation du chanteur Amir, attendu sur scène samedi 18 juillet. Dans une lettre ouverte, une dizaine d’artistes — dont Colt, Lovelace, Nicou, Lauravioli, Isaac, CHOSE, Nkey, Mado et Libra Romea — réunis en collectif, expriment leur « malaise » face à la présence de l’artiste franco-israélien au sein de la programmation.

Les accusations portées contre Amir s’appuient sur des éléments dévoilés, dénoncés depuis juin par le collectif « Liège Occupation Free ». Le mouvement pointe notamment un concert donné par Amir en 2014 dans la colonie illégale de Hébron, ainsi que sa participation à une soirée de soutien aux soldats de Tsahal organisée par Yoni Chetboun, officier de l’armée israélienne et ancien député du parti ultranationaliste d’extrême droite « HaBayit Hayehudi ». 

Au-delà de la participation du chanteur à ces évènements, les artistes signataires lui reprochent plus largement « son absence de prise de position critique face aux crimes commis par le gouvernement israélien, tout en ayant publiquement exprimé son soutien à celui-ci ».

D’autres artistes annulent leur venue

Programmée le même jour qu’Amir, la chanteuse Yoa a pour sa part annoncé l’annulation de son concert dans un communiqué publié sur les réseaux sociaux. « Mes convictions sociales, politiques et humanistes vont à l’encontre du fait de partager la scène avec un artiste qui ne reconnaît pas le génocide en cours en Palestine, et ayant participé à des événements organisés en soutien à l’armée israélienne. »

Capture d’écran de la story Instagram publiée par Yoa

La chanteuse qui a régulièrement affirmé son soutien au peuple palestinien en partageant notamment des cagnottes pour lui venir en aide, s’est excusée auprès de son public et a remercié « les personnes qui (lui) ont écrit « pour (l’) informer de la situation ». Elle a rapidement été suivie par deux autres artistes, membres de Who’s That Girl — collectif qui promeut les femmes et minorités de genre dans la musique, Libra Romea et RaQL. « Je préfère rester alignée avec mes valeurs et mon engagement pour la Palestine » a précisé RaQL sur Instagram.

Le festival choisit de maintenir Amir

Malgré les appels à déprogrammer le chanteur, les organisateurs des Francofolies de Spa ont choisi de maintenir le concert d’Amir. « Nous avons fait le choix de programmer Amir pour ce qu’il est : un artiste de chanson populaire. (…) Ses concerts sont connus pour leur caractère rassembleur et festif » a assuré Yohann Frédéric, directeur du festival, à la RTBF. Ils reconnaissent toutefois qu’il est « compréhensible que des citoyens et artistes les interpellent sur les engagements d’un artiste à l’affiche » et se disent « révoltés par la tragédie en cours à Gaza et profondément choqués par les souffrances inacceptables infligées à la population civile »

La réaction de Parlophone, label du chanteur

Si Amir ne s’est pas encore exprimé publiquement sur le sujet, son label Parlophone, propriété de Warner Music France, a pris sa défense dans un communiqué ce mercredi. « Parlophone soutient Amir face au déferlement de haine antisémite qu’il reçoit depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux. Amir n’a pas choisi sa nationalité et a toujours fait le choix de promouvoir la paix entre les peuples et de célébrer les valeurs humaines dans ses chansons. »

Lors d’un concert organisé à Lens en juin dernier, plusieurs spectateurs avaient brandi un drapeau palestinien pendant la prestation d’Amir. Il avait alors réagi sur scène en réaffirmant le message de paix véhiculé par sa musique. « Je chante une chanson en mémoire de ma grand-mère qui a grandi au Maroc, qui parle arabe. Moi, j’ai grandi en Israël. Il s’agit d’un message de paix, les amis. »