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6 décembre 2017

Franz Ferdinand en couv’ de Tsugi 108, en kiosque samedi 9 décembre !

par Patrice BARDOT

Ce magazine est unique. Oui parfaitement. La preuve : est-ce que vous en connaissez un autre sur toute la surface de cette putain de planète capable d’enchaîner sans sourciller sur sa couverture King Krule, Rødhåd et Franz Ferdinand ? Une succession qui n’est rien de moins que logique, puisque ces trois artistes livrent trois albums qui comptent parmi les plus passionnants de ces derniers mois. Correction. Il vous faudra quand même attendre un petit peu pour écouter Always Ascending de Franz Ferdinand, qui ne sortira que début février. Nous avons eu un vrai coup de foudre pour ce disque où les Écossais, magistralement drivés par Philippe Zdar à la production, retrouvent une nouvelle inventivité en puisant une énergie de tous les instants dans une inspiration très électronique. Comme nous avons eu la chance d’en voir la traduction scénique lors d’un concert surprise au Point Éphémère en octobre, on peut déjà annoncer que les festivals où ils ne manqueront pas de se produire en 2018 vont se transformer en dancefloor géant.

Notre avant-dernier numéro de l’année (notez la date du 23 décembre pour la sortie du hors-série d’hiver) honore également la jeune génération. Que ce soit dans le rap avec Ichon et Kekra, ou l’électronique avec Darius, auteur d’un splendide premier album et les collectifs Positive Education, Metaphore et BFDM qui inventent aujourd’hui l’activisme techno (mais pas que…) de demain.
L’activisme, c’était le cheval de bataille de Renaud Gay, que l’on appelait familièrement Reno Expressillon, du nom du label qu’il avait créé en 1998. À la suite de sa disparition le mois dernier, nous lui rendons un juste hommage dans ces pages. Lui qui s’est battu toute sa vie pour faire plus de bruit n’aurait sans doute pas apprécié la ridicule limitation du son dans les clubs et salles de concert mise en chantier par le gouvernement au soi-disant nom de la santé publique. Une baisse de quelques décibels qui pourrait plomber l’ambiance des futures teufs. Alors d’ici là, on ne se privera pas de tout pousser dans le rouge. Avec modération naturellement.

Rendez-vous le samedi 9 décembre en kiosque, avec Franz Ferdinand donc, mais aussi un CD mixé par DJ AZF, l’album du mois par Hector Gachan, The Juan Maclean qui nous parle de sa passion pour les vieilles motos, D’Julz qui dévoile ses inspirations, des rencontres avec Folamour, Myd, Lenparrot, Dillon, Unno, Matthew Herbert, Trevor Jackson, des chroniques, Darius qui joue au blindtest, un comparatif Ichon/Kekra, une enquête sur la limitation sonore dans les clubs, toutes les infos sur vos festivals favoris… etc. Mais en attendant, on est super gentil et on vous laisse lire le début de l’interview de Franz Ferdinand par Benoît Carretier :

Après quinze années d’une carrière jalonnée de succès, Franz Ferdinand fait sa révolution. Avec son cinquième album Always Ascending, le désormais quintette effectue un reboot complet à grand renfort de groove électronique. Direction le dancefloor.

Mercredi 25 octobre, Point Éphémère, Paris. Quelque 300 personnes se pressent à l’invitation d’un site de streaming pour un concert intimiste des Écossais de Franz Ferdinand. Une configuration inhabituelle pour un groupe désormais habitué à jouer devant 30 000 personnes, comme deux mois auparavant à Rock-en-Seine. Mais le choix de la petite salle du quai de Valmy n’a rien d’anodin. Le chanteur Alex Kapranos avait profité en avril dernier d’une pause pendant le mixage du cinquième album de son groupe dans les studios du producteur Philippe Zdar pour y assister à un concert de The Moonlandingz. Tombé sous le charme de l’atmosphère chaleureuse du lieu, il s’était promis d’y jouer un jour. Et c’est devant un public entièrement acquis à sa cause que la bande de Glasgow se chargeait en cette froide soirée de dévoiler quelques extraits d’Always Ascending le temps d’un concert diffusé en simultané sur les réseaux sociaux. Un véritable pari. Découvrant en direct les nouvelles compositions, l’audience semblait parfois désarçonnée par ces nouveaux titres, préférant s’époumoner sur les standards du groupe comme « Walk Away » ou « Take Me Out ». Franz Ferdinand a muté, et le résultat est surprenant. Fini l’immédiateté et la fulgurance de sa formule guitares/basse/batterie qui faisait danser les foules. À la faveur d’éléments favorables et contraires, le groupe a fait sa révolution. Il y a eu d’abord en 2015 le projet FFS, en collaboration avec les vénérables Sparks, avec un album débridé et décadent, suivi du départ de Nick McCarthy (guitares et deuxième voix du quatuor) pour s’occuper de sa famille (il ne voulait plus tourner). Réduit au trio Alex Kapranos (guitares et voix), Paul Thomson (batterie) et Robert Hardy (bassiste et voix additionnelle), Franz Ferdinand s’est décidé poussé par son leader à revenir à ses intentions de départ, faire danser les gens. Si le groupe a toujours intégré l’électronique à sa musique, quitte à s’y perdre comme sur le troisième album Tonight, sa formule se prêtait particulièrement bien à l’exercice des remixes. Mais aujourd’hui, l’intégration du multi-instrumentiste Julian Corrie, responsable sous le nom de Miaoux Miaoux d’une poignée d’albums synth-pop, et la collaboration avec Zdar (qui compte à son palmarès de producteur Phoenix, Beastie Boys ou The Rapture) a propulsé Franz Ferdinand dans une autre dimension. L’ambitieux Always Ascending, à la fois complexe et léger, louvoie entre pop et italo-disco, no wave, psychédélisme, balearic ou house, à l’image du premier single homonyme et de sa montée interminable qui évoque le meilleur de Soulwax. Un album inclassable que le charismatique Alex Kapranos, attablé dans un salon de thé/restaurant londonien quinze jours après le concert du Point Éphémère, défend avec verve tout en engloutissant une étrange salade à base de graines germées. Au menu, obsession pour le changement et dance music.

On vous a laissés il y a un an sur la charge anti-Trump « Demagogue », un titre toutes guitares en avant, enregistré dans le cadre de l’opération de protestation « 30 days 30 songs », qui précédait l’élection présidentielle américaine de 2016. On vous retrouve avec un album léger, groovy… Que s’est-il passé ?

« Demagogue » est né au début de l’écriture d’Always Ascending, mais son sujet, Donald Trump, a influé sur la musique. Nous voulions cette chanson brutale, gênante, horrible, repoussante, comme celui a laquelle elle était dédiée. Il y a de la colère dans ce morceau, et il y en aurait encore plus aujourd’hui quand on voit tout ce qui s’est passé depuis l’élection de Trump : le Brexit qui se profile, les législatives en Grande-Bretagne, et plus globalement le résultat des élections partout dans le monde. On a vraiment l’impression de vivre un cauchemar dystopique. Il existe plusieurs manières de répondre à cette situation angoissante. Soit par la colère, soit par l’espoir. « Demagogue » était une réponse colérique, Always Ascending est une réponse positive.

La suite à retrouver en kiosque ou à la commande ici à partir du samedi 9 décembre ! 

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