Future Brown: écoute et chronique de l’album

Future Brown tea­sait la sor­tie de ce pre­mier et fab­uleux album la semaine dernière avec une chou­ette mix­tape qui nous a fait tout le week-end. Lun­di, ce tant atten­du pre­mier album de Fati­ma Al Qadiri J‑Cush, Asma Maroof et Daniel Pine­da est enfin en écoute via NPR. Et on sent qu’il nous dur­era plus qu’une semaine. preuve : c’est notre Album du mois. 

Chronique extraite de notre mag­a­zine numéro 79, actuelle­ment en kiosque. 

“Future Brown fait de la musique pour le monde dans lequel nous vivons.” on doit la for­mule au mag­a­zine améri­cain The Fad­er, qui a ain­si titré un récent arti­cle con­sacré au groupe, et pour être hon­nête, on ne saurait mieux dire. Dif­fi­cile de faire plus ancré dans son époque que ce pro­jet, qual­i­fié de “super­groupe under­ground” par une presse anglo- sax­onne (Pitch­fork, Guardian) qui s’est con­tentée de peu pour s’emballer. Deux titres sur Sound­cloud et quelques con­certs auront suf­fi, même si le CV des pro­tag­o­nistes y a sans doute aus­si contribué.

Der­rière Future Brown, qua­tre pro­duc­teurs pas for­cé­ment très con­nus, mais dont les tal­ents addi­tion­nés res- sem­blent effec­tive­ment à l’idée qu’on pour­rait se faire d’un super­groupe under­ground. il y a d’abord Fati­ma Al Qadiri, sym­bole vivant de la glob­al­i­sa­tion : Koweï­ti­enne née au Séné­gal, passée par New York et aujourd’hui instal­lée à lon­dres, dont la musique, signée sur le très respec­té label Hyper­dub, sonne comme un mélange entre grime et musique chi­noise. Il y a J‑Cush, DJ basé à Brook­lyn et fon­da­teur de Lit City Trax, label qui en pince pour les rythmes foot­work. Enfin, on retrou­ve les Cal­i­forniens Asma Maroof et Daniel Pine­da, lesquels for­ment Nguzun­guzu, duo ayant col­laboré par le passé avec M.I.A. et ver­sant lui aus­si dans la bass music et le footwork.

Ajoutez à cela une pléi­ade de vocal­istes venus d’horizons divers (Dirty Dan­ger, Sicko Mobb, Tink, Kelela, Tim­ber­lee, Malu­ca…), et vous com­pren­drez pourquoi “Future Brown fait de la musique pour le monde dans lequel nous vivons”, une musique glob­ale et métis­sée, qui fait écho à cette cul­ture “brown” théorisée il y a plus de dix ans par le jour­nal­iste et essay­iste améri­cain Richard Rodriguez. Mal­gré sa var­iété d’influences et de sons, qui le fait pass­er du grime au r&B, de la bop au dance­hall, du reg­gae­ton au kuduro, ce pre­mier album séduit par sa cohérence, et évite de se don­ner des airs de cat­a­logue de toutes les musiques urbaines du monde.

Beats lents et syn­copés, bass­es épaiss­es et touch­es syn­thé­tiques froides et min­i­mal­istes con­stituent la base de ce disque cap­ti­vant que l’on pour­rait situer comme étant à mi-chemin entre Major Laz­er et SBTRKT. Plus som­bre et sub­til que les pre­miers, plus mus­clé que le sec­ond”. (Gérome Dar­mendrail)