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11 octobre 2012

Happy birthday Laurent Garnier, part 3

par rédaction Tsugi

Laurent Garnier fête ce vendredi ses 25 ans de carrière au Rex Club à Paris. Il revient avec nous sur 25 moments importants de son immense parcours.

Troisième épisode. 1996 premier voyage au Japon

Le Japon est devenu ma terre de prédilection, mon endroit préféré au monde. J’ai découvert des gens respectueux complètement fous de musique. Un endroit où je pouvais enfin trouver tous les disques que je recherchais depuis des années. Et puis surtout, tu arrives dans des lieux où il y a les meilleurs sound systems au monde et des gens qui deviennent cinglés sur le dancefloor. Ils connaissent absolument tous les disques que tu joues et en plus, ils sont mille fois plus ouverts que n’importe où dans le monde. Par exemple, si tu as envie de jouer les Stooges, un truc de salsa ou la musique des moines tibétains parce que tu penses que c’est la bonne heure, tu le fais et ils comprennent. J’ai besoin d’aller au Japon minimum une fois par an. C’est un lieu magique. J’y ai vécu les plus beaux moments de ma vie de DJ et si un jour je devais écrire la fin de ma vie de DJ, je le ferais au Japon.

Décembre 1996 sortie de l’album 30

30 c’était 30 ans. Je devais être un des premiers DJ-producteur qui arrivait à trente ans. Un âge important dans la vie d’un homme. C’était bizarre de basculer. Je faisais partie de la première génération, et la deuxième était déjà très bien installée. J’étais déjà devenu vieux (rires). J’ai eu envie de faire un album plus mature, moins axé sur le club, avec une narration plus personnelle que Shot in the dark. J’avais aussi envie de faire d’autres choses, de commencer à toucher à d’autres univers : la danse, le cinéma … 30 a été un tournant, je ne pense pas que ce soit mon meilleur album mais j’avais envie d’avancer, d’aller ailleurs. Je me disais que je risquais de perdre des gens mais aussi d’attirer un nouveau public. Et grâce à lui, j’ai une victoire de la musique…

1997 premier live…

Eric Morand m’avait dit : “c’est très compliqué pour les gens de comprendre ce que fait un DJ donc il y a une chose qui est importante : tu ne montes pas sur scène avec des platines ! il faut que le message soit clair pour le public.” Ensemble, on a discuté longtemps avant de monter le live, on s’est demandé ce qu’on allait faire. J’ai pris des musiciens de jazz, j’avais envie qu’il se passe quelque chose sur scène. Je n’avais pas envie d’être tout seul derrière mon ordinateur. Je détestais ça, et je déteste toujours. J’avais envie de voir un groupe et des gens qui jouent, avec de l’improvisation. Au début, je n’ai pas fait forcément les bons choix de musiciens mais j’avais envie de faire autre chose. Puis j’ai commencé à m’entourer de gens que j’aimais beaucoup, qui étaient très proches et avec qui je savais qu’on pouvait vivre des galères et quand même rester très unis. Quand tu tournes avec des gens avec qui tu ne t’entends pas la journée, tu ne peux pas t’épanouir sur scène.

1998 Victoire de la musique.

C’était drôle d’avoir une nouvelle catégorie dans les Victoires de la Musique : “musique électronique ou dance”. On est quand même en 1998 ! Ça fait dix ans que la musique électronique existe ! C’était un moment important pour toute la techno, pas que pour moi. On m’a fait gagner la Victoire parce que j’étais un des premiers à être là, c’était plus pour le symbole que pour la qualité de 30. Tous les nominés, il y avait aussi Etienne De Crecy, avaient été répéter la veille à l’Olympia. On est arrivé et tout le monde nous a regardé en se demandant ce que cette musique de merde venait faire ici (rires). Ce qui est drôle c’est qu’on s’est dit qu’on allait même pas jouer un morceau de l’album 30 mais qu’on allait jouer “Acid Eiffel” qui était plus approprié pour les Victoires. On s’est retrouvé à faire un morceau devant un parterre de gens où la moitié s’en foutait mais c’était symbolique. C’était aussi l’époque de “la grande répression des raves” et j’ai pu dire “arrêter de nous emmerder, laisser nous vivre”. C’est bien, ça a été une jolie brique posée sur la maison.

1998 Concert à l’Olympia.

C’est grâce à la Victoire de la Musique qu’on a pu faire l’Olympia. A l’époque, l’Olympia c’était compliqué, tu ne pouvais rien faire. On avait envie de frapper fort mais impossible de faire de la déco, même donner des bonbons était impossible. Rien que pour avoir notre nom sur le panneau lumineux à l’entrée, il fallait payer le démontage du nom d’Annie Cordy, puis payer notre montage et enfin repayer le démontage pour remettre son nom à elle (rires). J’en garde un très bon souvenir parce que c’était très symbolique, il y avait deux ministres dans la salle par exemple. Mais je ne pense pas que c’était un grand concert même si il y a eu des moments très forts comme “Crispy Bacon”. C’était encore les prémisses des lives techno. On avait pas les infrastructures qu’on pourrait avoir aujourd’hui, nous n’avions pas les moyens. Je me rappelle aussi qu’on avait fait un after au Rex après le concert. C’était blindé de personnes qui étaient venus à l’Olympia. Quand j’ai descendu les escaliers du club, ce fut très émouvant, les gens se sont écartés et ils ont fait une espèce de haie d’honneur, ils m’ont applaudi jusqu’à ce que j’arrive à la cabine de DJ. Un moment d’une force incroyable.

(Patrice Bardot assisté de Quentin Monville)

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