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10 octobre 2012

Happy birthday Laurent Garnier, part 2

par rédaction Tsugi

Laurent Garnier fête ce vendredi ses 25 ans de carrière au Rex Club à Paris.Il revient avec nous sur 25 moments importants de son immense parcours. Second épisode.

1991 Zoo au Boy à Paris

Le concept de Zoo était complètement décalé. Le décor était ultra kitschissime. On ouvrait le rideau vers une heure et on voyait sur scène Philippe qui est mon beau-frère et une copine à nous. les deux en robe de chambre, charentaises aux pieds. Ils ne bougeaient pas pendant trois heures, ils étaient sur un canapé et ils regardaient la TV. Elle tricotait aussi. C’était un couple de “Bidochons” que tu retrouvais tous les 15 jours dans une situation un peu différente. Un soir, on les a fait manger pendant trois heures à table. Au Boy les gens avaient l’habitude d’écouter de la techno. C’était complètement convenu donc il fallait essayer de faire un truc nouveau.

Décembre 1991, Laurent Garnier & Mixmaster Doody French Connection maxi sur Fnac Music

Eric Morand qui lançait le label Fnac Music connaissait mon premier maxi sorti sous pseudo French Connection que j’avais enregistré avec un Anglais qui s’appelle Ian Bland. A l’époque, tu ne te faisais pas un nom en étant musicien, mais en étant DJ. Je me suis retrouvé dans le studio de Ian, il allumait les machines, on touchait des boutons, je lui demandais : “Tiens ça fait quoi ça ? Pourquoi tu as cet effet, et on l’utilise comment ?”. Ensemble, nous avons donc sorti ce premier maxi. Eric donc deux ans plus tard me dit : “j’aimerais bien que tu commences sérieusement à faire de la musique, donc je te paye un billet, et tu retournes chez Ian Bland à Manchester et vous allez faire un maxi.” Il voulait que je me mette à la production parce que qu’il pensait que c’était important pour ma carrière. Je ne voulais même pas mettre mon nom sur la pochette, je voulais continuer sous French Connection … Morand a insisté “Non, non, il faut le sortir sous le nom de Laurent Garnier.” C’est Eric qui avait toutes ces visions-là, moi je n’étais pas du tout dans le marketing, je n’en avais rien à foutre. Je voulais jouer en DJ, je voulais faire danser les gens. L’envie de faire carrière en tant que musicien est venu bien plus tard.

1992 Wake Up Au Rex

La musique électronique avait explosé en 1988 en Angleterre, en France on avait 4 ans de retard. Des disques sortaient, il y avait pas mal de soirées à Paris mais avec Eric, nous étions frustrés de pas voir Paris exploser comme il devrait. On s’est donc dit qu’on allait faire une soirée où on allait inviter toutes nos idoles. Nous avons donc rencontré Christian Paulet (le responsable du Rex Club NDLR) qui avait fait les premières soirées house et techno en France dans un club, en lui disant qu’on avait envie de faire une soirée chez lui. Pour la première, nous voulions faire venir Derrick May et Kevin Saunderson. Je me rappellerais toujours de la gueule de Christian quand je lui annonce ce line up, il me regarde avec l’air de ne rien comprendre alors je lui dis : “je t’explique, c’est comme si tu avais les Rolling Stones et les Beatles dans ton club.” Ces yeux ont commencé à pétiller et il a répondu : “ah ouais, ah d’accord ! Tant que ça ne coûte pas le prix des Stones et des Beatles.”. Nous avons donc commencé les soirées Wake Up. Ca n’a pas été facile tous les soirs mais on a tenu longtemps. A un moment, c’est devenu un peu la messe, une soirée très importante. On a eu quand même des putains d’invités, on a fait tous les mecs de Chicago, tous les mecs de Detroit. Carl Cox, et après il y a eu toute la scène allemande : Sven Vath, Pascal Feos, Paul Van Dyck, qui jouait très transouille, mais c’était accepté tout ça à l’époque. On a fait de très belles soirées. Wake Up est devenu un endroit d’essai et de partage. Et puis surtout c’était le jeudi, ça annonçait le weekend. Le jeudi a toujours été un bon soir pour moi.

1993, premier voyage à Detroit. Kenny Larkin m’avait invité.

J’avais très envie de voir son studio et d’aller à Detroit et de rencontrer tous les gens de la scène électronique. Ce fut une espèce de voyage initiatique où j’ai découvert une ville que je ne connaissait pas, mais que j’aimais tellement par la musique. J’ai compris plusieurs années après pourquoi la musique de cette ville m’a autant touché. Je pense que ce sont des gens extrêmement sincères qui ont énormément souffert et ça s’entend dans leur musique. Quand tu vas dans cette ville et que tu te rend compte de comment elle marche, c’est là où tu comprends tout le désespoir de leur musique. Il y a une force, une mélancolie, une vision et une vraie envie du futur. Une fois, j’ai demandé à Jeff Mills : “pourquoi tous les jazzmen noirs, et tous les mecs dans la techno, américains et blacks également, sont aussi obnubilés par l’espace et par le futur ?” Il m’a répondu en me disant que quand tu es né noir aux USA, l’idée du futur est une sorte d’espoir car on se dit toujours ça peut être mieux que la vie présente.

1994 Création du label FCOM

Eric Morand dirigeait donc Fnac Dance Division et on avait sorti mes morceaux “Wake up”, “Acid Eiffel”,mais aussi les premiers disques de Ludovic Navarre alias St Germain sous le nom de Deepside, il y avait aussi Scan X, Shazz. Mais cela n’allait plus avec la Fnac et avec Eric on s’est dit : “qu’est ce qu’on fait ?”. Donc on a voulu monter un nouveau label. On a été approché par les gens de PIAS qui voulaient nous distribuer, ils nous offraient une structure. On leur a répondu qu’on travaillerait avec eux s’ils nous laissaient carte blanche pour tout ce qui est artistique. On s’est retrouvé en Angleterre avec Eric à chercher un nom de label et on a eu la révélation un soir à The Eclipse à Coventry, un club hardcore où les Anglais affichaient vraiment sur leurs t-shirt le nombre de pilules qu’ils ingurgitaient. On regardait tous les deux un mec qui était défoncé, il avait une espèce de trompette dans laquelle il s’époumonait. Il portait un t-shirt avec un gros “E” dessus, et je dis à Eric qu’il fallait qu’on fasse un morceau “After E comes F”. Il me répond : “Non, ça va être le nom de notre label”. Rapidement on a sorti mon premier album Shot In The Dark, le premier album sur Fcom. C’était vraiment un tir dans la nuit, on ne savait pas du tout où ça allait nous emmener. Faire un album de techno à cette époque-là, c’était complètement cinglé. Il n’y avait que les Américains qui avaient essayé. En France, ça ne se faisait pas. Shot In The Dark ça voulait dire quelque chose. Comme quoi les noms ont toujours été très importants.

Patrice Bardot assisté de Quentin Monville

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