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9 octobre 2012

Happy birthday Laurent Garnier, part 1

par rédaction Tsugi

Laurent Garnier fête ce vendredi ses 25 ans de carrière au Rex Club à Paris. Il revient avec nous sur 25 moments importants de son immense parcours. Premier épisode.

Le 7 octobre 1987 premier DJ set à l’Hacienda à Manchester

Je me souviens d’un grand stress mais aussi d’une excitation totale. L’Hacienda ça a été un truc de dingue, je n’étais rien, j’étais serveur dans un restaurant, je faisais des cassettes et j’en arrosais la ville, j’ai juste donné une cassette au bon moment à la bonne personne. Du jour au lendemain, je suis devenu DJ résident d’une nouvelle soirée qui était le mercredi soir. C’était un public qui avait envie de sortir pour entendre et voir autre chose. Pendant six mois, j’ai senti que j’avais une espèce d’épée de Damoclès au-dessus de la tête. Chaque soir, j’allais voir le programmateur pour lui demander : “Ça va ? Ça c’est bien passé ?” . Il savait que j’étais stressé donc il jouait beaucoup avec ça en me répondant : “oui, c’était pas mal”. C’est la première fois que je jouais en pro dans un club. C’était quand même très bizarre. Mike Pickering était avec moi au line up et il a été un peu mon professeur pendant un an. C’était génial, j’ai beaucoup appris et tout est arrivé en même temps : l’acid house, l’ecstasy, la folie anglaise. J’étais très jeune, mais j’ai vécu de l’intérieur la naissance d’une nouvelle histoire. C’est donc un moment très important dans ma carrière.

1988, les soirées Pyramide au Palace à Paris

En aout 1988, j’ai dû quitter l’Hacienda pour faire mon service militaire à Montlhéry. Le DJ Mark Moore qui était à L’Hacienda m’avait dit “On va commencer les soirées Pyramid au Palace avec un posse de Londres.” Je lui ai répondu que j’étais obligé de rentrer en France et que ça serait cool si il me contactais. Je n’y croyais pas trop mais il m’a contacté en me disant : “ On démarre la première Pyramid et tu feras la fin de soirée.” J’ai donc joué de 5h à 6h du matin. Des journalistes de The Face sont venus pour la première soirée, il y a eu un papier où ils disaient à la fin : “une mention spéciale pour le DJ Laurent Garnier qui a gardé les gens sur la piste jusqu’à la fin”. Grâce à ça Kevin, qui était l’organisateur de la soirée avec Barbara, m’a dit :“tu n’as qu’à faire chaque semaine tous les débuts et toutes les fins” C’est comme ça que j’ai eu cette résidence à Pyramide. Ma première à Paris. Le Palace, j’en rêvais depuis longtemps. J’ai un grand frère qui sortait beaucoup. Il allait aux soirées de Fabrice Emaer et j’avais ce rêve, cette espèce d’idéal du Palace, qui était l’une des boites parisiennes un peu décadente où il fallait aller se balader. Comme pour l’Hacienda, tout est arrivé un peu comme un rêve.

1989, H3O à La Loco

Hilda qui était la programmatrice de la Locomotive à Paris m’avait vu à Manchester. Grâce à elle j’ai commencé à travailler à la Loco. J’étais au sous sol et je jouais du rock des années 60 mais j’incluais aussi un peu d’acid house. Un soir, avec Eric Rug, qui jouait aussi dans le club et Hilda, on s’est dit qu’on aimerait bien faire notre soirée de techno-new-beat. On voulait mélanger les deux et essayer de faire un truc à Loco. Ce qui était un challenge un peu dingue, parce que la Loco c’était une boite remplie de skinheads, de punks et de mecs qui voulaient écouter du rock bien couillu. Le premier soir où j’ai joué un morceau acid house à la Loco, le patron, Fred est venu me voir en courant en me disant : “Mais t’es dingue, tu vas te faire tuer !”. Notre truc avec Eric, c’était de prendre le micro et d’insulter des gens. On disait : “Vous n’avez rien compris bande de nazes” (rires). Et on passait quatre ou cinq fois dans la même soirée “French Kiss” de Lil’ Louis.

Août 1989 Joy, première rave en Angleterre

En juillet 1989 je suis libéré de l’armée et je retourne en Angleterre. Il le fallait absolument. La première grosse rave où j’ai été c’est Joy. C’était dans la banlieue, à vingt ou trente bornes du centre de Manchester. J’étais avec trois potes dans la voiture, tous super excités. On se gare, on sort de la bagnole et là on entend un son de basses incroyables et on voit un halo de lumière qui passe au-dessus de la colline. On crapahute en haut de la colline et là de l’autre côté, il y a un village entier de gens qui pêtent le brouillard. C’était encore très freestyle. Nous les DJ, on arrive tous avec nos caisses de disques et on jouait tous les uns après les autres. Ce n’était pas sclérosé. On a passé douze heures en communion On a entendu Carly Simon, C.C Rogers, de la deep house, KLF. C’était un peu Woodstock 20 ans après. J’ai eu la chance de jouer entre Mike Pickering et John Da Siva, mes potes de l’Hacienda. Ça a été un moment fort parce que j’ai vu et j’ai compris…

1990, L’An fer à Dijon.

Un photographe parisien qui s’appelait Jean Claude Lagrèze, qui est mort maintenant, faisait des soirées au Boy et au Palace. C’était une espèce d’égérie de la mode très important. Il photographiait les gens un peu branchés, il avait deux DJ attitrés. Guillaume La Tortue et moi. Tous ensemble on a été faire une soirée en Italie à Rimini, il y avait aussi Julie Delpy qui était une copine à lui, tous ses danseurs, c’était très gay car c’était la scène gay qui écoutait de la musique techno à l’époque. Fred Dumelie qui était le patron de l’An fer était à Rimini et il me dit qu’il aimerait bien que je vienne faire une soirée dans son club. Je lui ai dit que je viendrais avec un pote à moi qui s’appelait DJ Cube. Donc c’est pour ça qu’on a baptisé la première soirée “Ice” à cause de ce mec surnommé Cube. Nous avons fait une soirée où nous avons commencé devant huit cents personnes et je crois qu’une heure et demie après il ne restait plus que cent cinquante personnes. Ils avaient l’habitude d’écouter The Cure. Forcément ça a été un choc. Mais Fred a voulu continuer et je suis resté résident pendant cinq ou six ans. J’ai toujours été attaché à cette ville au point que beaucoup de gens pensent que je suis originaire de Dijon. On est quand même arrivé à faire venir les plus grands DJ à l’An Fer.

(Patrice Bardot assisté de Quentin Monville)

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