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5 mars 2018

Her en couverture de Tsugi 110, en kiosque le 8 mars

par Patrice BARDOT

Les temps ont heureusement bien changé. Il y a, allez quoi, 25 ans, l’espoir pour les jeunes artistes français de se faire entendre dans le monde anglosaxon était quasiment inexistant. Puis la french touch est arrivée pour bousculer tout ça, mais avec une musique largement instrumentale, ce qui écartait l’éternel problème de la langue. Mais lorsqu’il y a dix ans, la pop baroque chantée en anglais de Phoenix s’est mise à exciter des salles de plus en plus grandes, de la Californie au Texas, en passant par New York, on s’est dit que le rêve américain n’était peut-être pas forcément réservé aux artificiers tricolores de l’électronique. La démonstration est encore faite avec Her, acclamé outre-Atlantique dès 2015 et son premier track « Quite Like » posté sur SoundCloud. Magie des internets, qui voit le morceau partagé par Pharrell Williams et The Weeknd. Pas mal comme coup de pouce. Et comme nous le raconte amusé Victor Solf, seul maître à bord depuis le décès l’été dernier de son ami et frère de son Simon Carpentier, le mystère voulu par le duo autour des origines de Her les a même fait passer à leurs débuts pour un groupe venu de New York ou Londres. Au point que leur future maison de disques Barclay n’y a à l’époque vu que du feu. Trois ans plus tard, la confusion n’est plus de mise. La planète entière est devenue le royaume de Her. Ou plutôt de « eux ».

Vous retrouvez également dans ce magazine un CD mixé par The Black Madonna, Eddy de Pretto jouant au blindtest, un long portrait de Roméo Elvis, une rencontre avec The Mover (aka Marc Acardipane), Jean-Benoît Dunckel (la moitié de Air) qui se dévoile en images, une plongée dans la contre-culture électronique espagnole post-franquiste ou Mai Lan racontant une folle nuit de psychédélisme. Et comme d’habitude, votre fournée mensuelle d’interviews, chroniques, bons plans sorties, comptes-rendus de festivals… A retrouver en kiosque ou à la commande ici à partir du 8 mars ! En attendant, vu qu’on est sympa, voilà le début de notre interview de Victor Solf (alias Her) par Violaine Schutz. 

Peu de groupes français ont réussi le pari : être prophètes en dehors de leur pays. À l’image des héros french touch, le duo rennais surdoué Her a électrisé l’étranger avec son électro-soul ambitieuse et charnelle. Après la disparition de son complice et moitié du duo, Simon Carpentier, Victor Solf continue l’aventure seul pour défendre un premier album aussi bouleversant que vivifiant.

Douze centimètres de neige. Un événement météorologique rare à Paris qui provoque l’émerveillement des locaux, des touristes et même de la presse étrangère qui titre « La capitale française n’a jamais été aussi belle ». Même si un certain chaos règne, le décor immaculé nous plonge au choix dans la féerie d’un conte de Noël, du Edward aux mains d’argent de Tim Burton ou des sports d’hiver de l’enfance. L’écrin idéal pour aller retrouver Victor Solf, chanteur et clavier de Her, un duo qui a fait preuve d’une élégance aussi fascinante que l’épais manteau blanc dont s’est vêtue la ville lumière. En deux longs EP’s et un tube irrésistible, « Five Minutes », Her s’est imposé comme l’un des groupes français les plus talentueux et flamboyants de sa génération. Le cadre intemporel du rendez-vous a également du sens. On rejoint ce dandy aux faux airs de Chet Baker dans un hôtel des beaux quartiers après un essayage de costumes chez son tailleur sur mesure (Maison Rives). On le sent très ému, sa voix veloutée s’embrumant parfois, tandis que le regard timide mais profond se baisse. Pourtant jamais Victor ne flanchera, esquissant même quelques sourires. La tâche n’est pourtant pas aisée. Le jeune homme de 27 ans doit défendre pour la première fois seul en interview ce qu’il a enfanté avec Simon Carpentier (chanteur et guitariste), ami d’enfance et alter ego dans Her, disparu prématurément d’un cancer en août dernier, à seulement 27 ans. Leur premier album de néo-soul luxuriante, moite et aventureuse, enregistré entre Dinard, Rennes et Paris, a beau être présenté comme un “testament du grand l’artiste que Simon était”, il exalte des pulsions de vie. “Je pense à Simon, explique Victor, au fait qu’il ne s’est jamais plaint, c’est ce qui me donne de la force. Il n’a annulé aucun concert. Il avait réalisé très tôt le sens de la vie, sa fragilité. Alors il profitait de chaque instant. Et puis, je lui avais fait la promesse de continuer. Quand on a formé Her, c’était quand notre ancien groupe ne marchait plus du tout. C’est souvent quand tu perds quelque chose que tu testes tes convictions. On avait 19 ans, plus d’intermittence ni de tourneur. On a réalisé que vivre de la musique était une vraie chance et on a décidé de ne rien faire d’autre et de ne jamais s’arrêter.”

La suite le 8 mars !

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