đ€ Hubert Blanc-Francard (Cassius) : âJâavais envie de dire la vĂ©ritĂ©â
Deux ans aprĂšs la fin tragÂique de CasÂsius, câest avec un livre quâHubert Blanc-Francard effectue son retour. Une autoÂbiÂograÂphie sincĂšre et Ă©lĂ©Âgante qui dĂ©voile sans fausse pudeur les coulissÂes de la crĂ©aÂtion et les alĂ©as du succĂšs.
InterÂview issue du TsuÂgi 143 : Garnier/Limiñanas, disponible en kiosque et en ligne.
Il y a une chose quâon rĂ©alise vite Ă la lecÂture des autoÂbiÂograÂphies de musiÂciens ou en croisant frĂ©quemÂment leur chemin, rares sont ceux capaÂbles de metÂtre leur ego de cĂŽtĂ© pour Ă©voÂquer leur parÂcours avec une vĂ©riÂtaÂble honÂnĂȘtetĂ© intelÂlectuelle. Tous Ă©voÂquent leurs doutes, les hauts, les bas, les alĂ©as, souÂvent douloureux, de la crĂ©aÂtion, mais peu sont capaÂbles de faire un pas de cĂŽtĂ© pour se livrÂer en toute humilÂitĂ©. Ă lâapproche de la cinquanÂtaine, Hubert Blanc-Francard, plus conÂnu sous le pseuÂdoÂnyme de BoomÂbass, a ressenÂti le besoin de sâattaquer Ă ce difÂfiÂcile exerÂciÂce dans un livre qui lui a demandĂ© « un traÂvail fou » et dans lequel il ne cherche jamais Ă se donÂner le beau rĂŽle. « Jâavais envie de dire la vĂ©ritĂ© », explique aujourdâhui cette figÂure de la french touch et moitiĂ© du duo CasÂsius avec son comÂparse Philippe Zdar, tragÂiqueÂment dĂ©cĂ©dĂ© en 2019. Câest lâune des grandes qualÂitĂ©s de ces pages, vives et fortes, qui ressemÂblent plus Ă un Ćuvre litÂtĂ©raire quâĂ une biograÂphie dâartiste traÂdiÂtionÂnelle. ComÂmencĂ©, et mĂȘme quaÂsiÂment achevĂ© avant lâaccident qui coĂ»Âta la vie Ă son camaÂrade et mit fin Ă CasÂsius aprĂšs cinq albums, BoomÂbass, une hisÂtoire de la french touch raconÂte avec humour et tenÂdresse le chemÂineÂment intime de cet enfant de la balle, fils dâun des plus grands ingĂ©nieurs du son et proÂducÂteurs français (Dominique Blanc-Francard), neveu dâune figÂure du jourÂnalÂiste musiÂcal (Patrice Blanc-Francard) et frĂšre dâun chanteur popÂuÂlaire (MathÂieu Blanc-Francard alias SinÂclair). ĂlevĂ© dans les stuÂdios au cĂŽtĂ© des musiÂciens dont son pĂšre enregÂisÂtrait les albums, GainsÂbourg notamÂment, BoomÂbass a « trĂšs tĂŽt Ă©tĂ© fusionÂnel avec la musique ». AprĂšs sâĂȘtre rĂȘvĂ© batÂteur vienÂdront la dĂ©couÂverte du hip-hop et du samÂpling et la renÂconÂtre essenÂtielle avec Philippe Zdar dans les couloirs du stuÂdio Plus XXX Ă Paris. Une amiÂtiĂ© scelÂlĂ©e Ă jamais les fessÂes sur la phoÂtoÂcopieuse du stuÂdio, comme il le raconÂte. Il y aura lâeuphorie du traÂvail sur les preÂmiers albums Ă sucÂcĂšs du rappeur MC Solaar (le preÂmier, Qui sĂšme le vent rĂ©colte le temÂpo, vient dâĂȘtre rééditĂ©, et le suivÂant, Prose comÂbat, va lâĂȘtre sous peu) avec Zdar et JimÂmy Jay, la dĂ©couÂverte de la house, des raves et les preÂmiers titres de La Funk Mob â eux ausÂsi rééditĂ©s â, qui devienÂdra CasÂsius. Des sucÂcĂšs et des Ă©checs quâHubert BlancFranÂcard raconÂte dâune trĂšs plume.
Quâest-ce qui tâa poussĂ© Ă Ă©crire ce livre ?
Je soupçonne que jâavais ce proÂjet en moi depuis trĂšs longtemps. Il a lenteÂment mĂ»ri. Depuis lâenfance, jâai envie de raconÂter des hisÂtoires. Jâai beauÂcoup lu, mais la musique a pris le dessus. Jâai touÂjours achetĂ© des cahiers que je trimÂbalÂlais sans les noirÂcir, Ă©crire me paraisÂsait un EverÂest inacÂcesÂsiÂble. Et puis en 2017, jâai arrĂȘtĂ© de fumer et un mĂ©decin mâa dit « il est temps de vous attaÂquer Ă quelque chose de trĂšs perÂsonÂnel et de trĂšs ambitieux ». Un dĂ©clic.
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Tu as lu beauÂcoup dâautobiographies de musiÂciens avant dâĂ©crire ce livre ?
Jâen ai touÂjours lu. Celles des Ă©diÂtions Allia notamÂment, sur lâhistoire du funk par exemÂple, mĂȘme si cela mâa presque bloÂquĂ©. Dâautant quâau dĂ©part je ne voulais pas Ă©crire une autoÂbiÂograÂphie, mais un livre sur la musique. Mais je me disÂais que, nâĂ©tant pas jourÂnalÂiste, je nây arriverais jamais. Je ne fais jamais les choses simÂpleÂment, je suis du genre Ă lire Proust avant de prenÂdre un styÂlo. Ăa nâaide pas. Ce nâest quâen 2018, aprĂšs quelques tenÂtaÂtives laborieuses, que jâai soudain comÂpris que ce que je devais raconÂter Ă©tait le chemÂineÂment qui mâa amenĂ© Ă la musique. Ă la mĂȘme Ă©poque, jâavais eu le pressenÂtiÂment dâune catÂaÂstroÂphe, que jâimaginais finanÂciĂšre. Jâai venÂdu tous mes synÂthĂ©Âtiseurs de colÂlecÂtion pour me donÂner un peu dâaisance et jâai conÂsacrĂ© tout mon temps Ă lâĂ©criture. Ăcrire, relire, corÂriger, couper et Ă©crire Ă nouÂveau est devenu une obsesÂsion, huit Ă neuf heures par jour. MĂȘme lors de lâenregistrement de Dreems (le dernier album de CasÂsius, NDR), qui sâest fait trĂšs rapiÂdeÂment, jâai conÂtinÂuĂ© Ă Ă©crire. Je me demande si je revivrai jamais une transe pareille.
âJâai mis beauÂcoup de temps Ă arrivÂer Ă Ă©crire sur Cassius.â
Tu as mis du temps Ă trouÂver lâarchitecture du livre ?
Je me suis longtemps posĂ© la quesÂtion de la fin. Je ne savais oĂč et comÂment terÂminÂer. Puisque je raconÂtais mon chemÂineÂment, il mâest longtemps paru norÂmal de stopÂper le livre au moment de lâenregistrement du preÂmier album de CasÂsius. Mais tous mes preÂmiers lecteurs me disÂaient « tu tâarrĂȘtes au milieu du chemin». Jâai mis beauÂcoup de temps Ă arrivÂer Ă Ă©crire sur Cassius.
En dĂ©finiÂtive, dix ans de ta vie musiÂcale occuÂpent les trois quarts du livre et les vingt derniers Ă peine un quartâŠ
Jâai essayĂ© de reproÂduire le senÂtiÂment dâaccĂ©lĂ©ration que jâai ressenÂti Ă la mort de Philippe. AprĂšs un preÂmier cap de douleur, mon cerveau a Ă©tĂ© envahi par un inconÂtrĂŽlable afflux de penÂsĂ©es dĂ©sarÂticÂulĂ©es. Comme un effet de « fast foward » fou. Je penÂsais que le livre Ă©tait terÂminĂ© au moment de la mort de Philippe. Cela nâa pas Ă©tĂ© simÂple, mais jâai repris le manÂuÂscrit, pour le retailler et y faire des ajouts, modÂiÂfiÂant Ă nouÂveau le rythme. Jâai beauÂcoup enlevĂ©, mais touÂjours au profÂit du rythme du livre. Je voulais quâil avance vite. Le plus difÂfiÂcile a Ă©tĂ© de terÂminÂer dâĂ©crire en pĂ©riÂode de deuil.
Le sous-titre du livre est Une hisÂtoire de la french touch, mais en rĂ©alÂitĂ© câest plutĂŽt «une vie au cĆur de la french touch». Ton proÂjet nâest jamais de raconÂter la french touch, câest un texte bien plus intime.
Comme je le fais quand je comÂpose de la musique, je me suis mis en perÂmaÂnence dans la peau du lecteur. Je ne voulais pas lâennuyer. Je me disÂais : si câest un musiÂcien qui raconÂte, on a envie de savoir ce qui se passe Ă lâintĂ©rieur de sa tĂȘte.
Dâailleurs, tu ne te donnes pas touÂjours le beau rĂŽle.
Câest une quesÂtion de perÂsonÂnalÂitĂ©. Jâai beauÂcoup de mal avec les gens qui se metÂtent conÂstamÂment en valeur, sans recul. Ce nâest pas ça la vie. Jâai fait plein de conÂnerÂies, Philippe ausÂsi, et on en a fait ensemÂble. On apprend de ses erreurs. En rĂ©alÂitĂ©, ce sont leurs faibÂlessÂes qui renÂdent les gens attachants. Si câest pour lire que tout est gĂ©nial, autant rester sur InstaÂgram. Dans ce livre, jâavais surtout envie de dire la vĂ©ritĂ©.
Est-ce quâil tâest arrivĂ© de tâautocensurer ? Comment fait-on le porÂtrait de gens vivants et connus ?
Ăcrire sur mes avenÂtures avec mes potes Ă lâadolescence nâĂ©tait pas difÂfiÂcile. En revanche, arrivĂ© Ă lâĂąge adulte, quand jâai dĂ» parÂler de gens que jâai renÂconÂtrĂ©s dans lâunivers de la musique, PharÂrell, Solaar ou les Daft Punk, cela a Ă©tĂ© bien plus comÂpliquĂ©. Il faut faire attenÂtion Ă ce quâon dit tout en trouÂvant le moyen de dire ce que lâon pense. Les Ă©crits restent, conÂtraireÂment aux conÂverÂsaÂtions de fin de soirĂ©es entre potes durant lesquelles je suis le preÂmier Ă aimer tailler des costards. Câest trĂšs simÂple de dire du mal, mais plus comÂpliquĂ© de faire un porÂtrait juste de quelquâun. Cela a Ă©tĂ© la plus grande difÂfiÂcultĂ© de ce livre. Tout comme lâĂ©criture des scĂšnes diaÂloguĂ©es. IncarÂnÂer une perÂsonÂne par les mots quâil emploie nâa rien de simÂple. Tu dĂ©voiles lâenvers du dĂ©cor, notamÂment durant les annĂ©es Cassius.
On comÂprend que la sorÂtie de votre deuxÂiĂšme album, Au rĂȘve, en 2002, a Ă©tĂ© parÂtiÂcÂuliĂšreÂment difÂfiÂcile. ComÂment avez-vous survĂ©cu Ă la vioÂlence du rejet dont a soufÂfert ce disque ?
Ăa a Ă©tĂ© trĂšs chaud et cela a Ă©tĂ© comÂpliquĂ© de le faire comÂprenÂdre dans le texte, dâautant que ce nâest que mon point de vue, je nâen ai jamais rĂ©elleÂment parÂlĂ© avec Philippe. Dâailleurs, nous avons dĂ» faire une pause aprĂšs cet album. CasÂsius aurait pu sâarrĂȘter lĂ . Il faut reconÂnaĂźtre quâil est surÂproÂduit. On y a passĂ© trop de temps. Au rĂȘve est si riche quâil est indiÂgeste. SorÂtant dâun sucÂcĂšs comme celui quâon a conÂnu avec 1999 (sorÂti en⊠1999, ndr), nous avions perÂdu tout recul. Je crois quâon avait pris la grosse tĂȘte. Et puis ce disque Ă©tait trop difÂfĂ©rent du preÂmier. Il est sorÂti Ă un moment oĂč la musique avait changĂ©, la french touch avait Ă©tĂ© balÂayĂ©e par lâarrivĂ©e de The Strokes. Un groupe norÂmal aurait sorÂti rapiÂdeÂment aprĂšs 1999 un disque trĂšs simÂiÂlaire, plutĂŽt que de passÂer comme nous des mois en stuÂdio pour proÂduire un album qui nâavait rien Ă voir avec le prĂ©cĂ©Âdent. VoilĂ un conÂseil que je donne Ă tout musiÂcien qui comÂmence Ă avoir du sucÂcĂšs, rien ne sert de changÂer trop abrupteÂment de cosÂtume. La seule chose qui aurait pu sauver Au rĂȘve, câest un Ă©norme tube, comme sur les albums des Daft Punk qui nâont jamais eu Ă se prĂ©ocÂcuÂper du conÂtexte, mais il nây avait pas de tube sur ce disque. Cette expĂ©riÂence a Ă©tĂ© une bonne leçon. Il faut parÂfois prenÂdre de grossÂes tartes.
âCasÂsius Ă©tait la verÂsion italo-corse-espagnole des Daft Punk.â
Un autre moment difÂfiÂcile a Ă©tĂ© la tournĂ©e IbiÂforÂnia, durant laqueÂlle vous ne parÂvenez jamais Ă maĂźtrisÂer lâĂ©norme machinerÂie qui a Ă©tĂ© conÂstruÂite pour le live.
Le point comÂmun avec la pĂ©riÂode Au rĂȘve, câest la mĂ©gaÂloÂmanie. ChaÂcun de nous laisÂsait lâautre faire et Philippe et moi nous enfermiÂons dans notre dĂ©lire. Cette machine incroyÂable qui a Ă©tĂ© conÂstruÂite pour la tournĂ©e dâIbifornia Ă©tait bien trop comÂplexe, mais le pire câest quâon y allait Ă recuÂlons. On nâavait pas vraiÂment envie de lâutiliser. Dans ces cas-lĂ , tu fais perÂdre du temps et de lâargent a tout le monde. IbiÂforÂnia, câest lâalbum du trop-plein de tout, le disque est encore une fois trop chargĂ©, on a touchĂ© trop dâargent en avance et lâinfrastructure du live Ă©tait dĂ©liÂrante. Notre manÂagÂer, SĂ©bastien FarÂran (qui fut Ă©galeÂment le dernier manÂagÂer de JohnÂny HalÂlyÂday, ndr) est un excelÂlent nĂ©goÂciÂaÂteur. Il avait rĂ©usÂsi Ă venÂdre IbiÂforÂnia aux AmĂ©riÂcains sur la lancĂ©e du sucÂcĂšs de RanÂdom Access MemÂoÂries des Daft Punk. Les mecs se sont dit: « Cool, on a la suite. » Dâailleurs, toute la carÂriĂšre de CasÂsius est Ă metÂtre en parÂalÂlĂšle avec celle des Daft Punk, comme nous Ă©tions amis et quâon Ă©voluÂait dans les mĂȘmes sphĂšres, les labels imagÂiÂnaient touÂjours quâon allait carÂtonÂner comme eux, mais Ă chaque fois, on a ratĂ© le train. CasÂsius Ă©tait la verÂsion italo-corse-espagnole des Daft Punk, jamais Ă lâheure au rendez-vous.
AprĂšs lâĂ©chec dâIbifornia, vous aviez envoyĂ© des pots de conÂfiÂtures Ă quelques jourÂnalÂistes en annonçant que vous alliez vous reconÂverÂtir dans lâĂ©picerie. Cet humour sur vous-mĂȘme a touÂjours renÂdu CasÂsius attachant.
MĂȘme sâil nous est arrivĂ© de pĂ©ter les plombs, nous Ă©tions parÂfaiteÂment synÂchros avec Philippe sur lâautodĂ©rision. Cela ne sert Ă rien dâavoir une grande gueule. Si tu es moins fort, il faut savoir le reconnaĂźtre.
FinaleÂment, le moment oĂč tu semÂbles le plus heureux musiÂcaleÂment, câest la pĂ©riÂode de tes dĂ©buts et lâenregistrement des preÂmiers albums de MC Solaar.
Heureux, je ne sais pas, câĂ©tait il y a trente ans et on a touÂjours tenÂdance Ă embelÂlir les souÂvenirs, mais câĂ©tait une pĂ©riÂode dâinnocence et de fraĂźcheur incroyÂable. Le genre de moments magÂiques aprĂšs lesquels on court ensuite toute une vie. Celui oĂč les portes sâouvrent.
La dĂ©couÂverte du samÂpling semÂble avoir Ă©tĂ© dĂ©terÂmiÂnante dans ta vie musiÂcale.
Il faut se mĂ©fiÂer de cet outÂil, les gens te disÂent que ton morceau est gĂ©nial, mais en fait ils nâĂ©coutent que le samÂple. (rires) Tu as tout de suite un bon son, mais ce principe de recyÂclage ne peut pas durÂer Ă©terÂnelleÂment. Ce quâon a beauÂcoup fait ensuite avec Philippe, câest de parÂtir dâun samÂple qui disÂparaĂźt ensuite. Mais sans le samÂpling, jâaurais peut-ĂȘtre beauÂcoup plus galĂ©rĂ© Ă faire de la musique.
âNotre renÂconÂtre Ă©tait parÂfaite, Philippe pouÂvait faire des choses qui mâĂ©taient imposÂsiÂbles et inversement.â
Tu raconÂtes avec une grande franÂchise ta relaÂtion avec Philippe Zdar. Vous Ă©tiez comme deux frĂšres dont les perÂsonÂnalÂitĂ©s se comÂplĂšÂtent, mais la dimenÂsion extrĂȘmeÂment solaire de Philippe nâavaitelle pas quelque chose dâĂ©crasant ?
(Il cherche ses mots, comÂmence plusieurs phrasÂes quâil arrĂȘte au volâŠ) Oui⊠Câest comme un couÂple, il faut trouÂver sa place⊠ChaÂcun a son rĂŽle. Cela peut ĂȘtre Ă©puisant. Notre renÂconÂtre Ă©tait parÂfaite, Philippe pouÂvait faire des choses qui mâĂ©taient imposÂsiÂbles et inverseÂment. Câest trĂšs bien jusquâĂ un cerÂtain point⊠Il faut reconÂnaĂźtre quâon nâĂ©tait pas simÂples ni lâun ni lâautre.
En 2005, il est fait chevaÂlier des Arts et LetÂtres, mais pas toi, tu avais refusĂ© ?
Non et je nâai pas comÂpris ce qui sâest passĂ©. Je ne suis pas douĂ© pour ça, je nâai aucun diplĂŽme. (rires) JâĂ©tais heureux pour Philippe. Jâai assistĂ© Ă la remise de sa mĂ©daille, avec le minÂistre de lâĂ©poque, Renaud Donnedieu de Vabres, qui a fait des tonnes dâerreurs durant son disÂcours. CâĂ©tait telleÂment pathĂ©Âtique que je me suis dit que ce nâĂ©tait pas trĂšs grave de ne pas lâavoir eue ausÂsi, mais quand mĂȘme⊠Philippe a pris la mĂ©daille. On ne sâest pas fĂąchĂ©, mais je lui ai dit «on est cenÂsĂ© ĂȘtre un groupe ». Cette mĂ©daille, jâaurais adorĂ© quâon me la proÂpose pour que je la refuse. (rires)
Toi qui as conÂnu la vie de stuÂdio Ă traÂvers ton pĂšre, pourquoi nâas-tu pas voulu reprenÂdre celui de Philippe ?
Avoir un stuÂdio ne mâa jamais intĂ©ressĂ©. Câest un lieu super, un forÂmiÂdaÂble outÂil, mais câest comme les avions, avant dâarriver quelque part, le voyÂage est interÂminable. Je suis passĂ© au digÂiÂtal depuis longtemps. Le principe dâun stuÂdio analogique comme MotorÂbass est en dĂ©calage avec ma vision de la moderÂnitĂ©. Câest un outÂil du passĂ©. Quand tu as une idĂ©e, il y a telleÂment de trucs Ă branchÂer que tu as dix fois le temps de lâoublier. Jâai passĂ© au moins 20% de ma vie dans un stuÂdio, mais aujourdâhui je nâen peux plus, mĂȘme avec BeyÂonÂcĂ© je nây vais pas. Cela ne mâempĂȘche pas de faire de la musique.
Câest drĂŽle, une fois le livre achevĂ©, tu as enregÂistrĂ© des morceaux avec des voix. Dans ta musique mainÂtenant ausÂsi, il y a des mots ?
CâĂ©tait liĂ© Ă tout ce traÂvail sur le livre, mais je ne sais pas si je suis capaÂble de chanter Ă nouÂveau des mots en français. Jâai la matiĂšre pour un album, mais je ne sais pas ce que je vais en faire. En ce moment, je traÂverse un grand « je ne sais pas ». (rires) Mais jâai envie de proÂduire une musique que je ne faiÂsais pas avant.
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