© Alice Moitié

šŸ—ž Interview : dans les secrets de l’album de Jacques

ApreĢ€s s’eĢ‚tre fait volĀ­er son matériel et avoir pubĀ­lié une antholoĀ­gie de ses boucles étranges pour tournĀ­er la page, Jacques est parĀ­ti enregĀ­istrĀ­er au Maroc. Il revient avec LIMPORTANCEDUVIDE, un album excelĀ­lent, mais pas du tout dansant.

ArtiĀ­cle issu du TsuĀ­gi 147 : Radio ActivĀ­iĀ­ty, La folle hisĀ­toire des radios musiĀ­cales : des pirates aux webraĀ­dios, disponible Ć  la comĀ­mande en ligne.

 

Il y a eu un malenĀ­tenĀ­du lorsque Jacques est apparu sur la sceĢ€ne il y a cinq ans. ApreĢ€s son preĀ­mier EP, Tout est magĀ­nifique, et surtout les conĀ­certs qu’il donĀ­nait en créant des boucles dansantes aĢ€ parĀ­tir de bruits d’objets, on a trop vite voulu en faire un nouĀ­vĀ­el espoir de la french touch alors que la house, le danceĀ­floor, ce n’est vraiĀ­ment pas sa culĀ­ture, comme on l’a comĀ­pris lors d’une renĀ­conĀ­tre organisée avec LauĀ­rent GarĀ­nier pour le centieĢ€me numéro de TsuĀ­gi. Ceux qui ont écouté Ā« Dans la radio Ā» ne seront néanmoins pas surĀ­pris par l’orientation treĢ€s Ā« chanĀ­son Ā» de ce preĀ­mier album réussi. DifĀ­fiĀ­cile de définir ce disque, ni pop anglaise ni chanĀ­son française. AĢ€ 30 ans, Jacques invente une troisieĢ€me voie pleine de fanĀ­taisie avec un album dont l’ambition est de renĀ­conĀ­trĀ­er un large pubĀ­lic. On lui souhaite en tout cas.

Il y a quaĀ­tre ans, tu disĀ­ais vouloir enregĀ­istrĀ­er ton preĀ­mier album aĢ€ la manieĢ€re de tes Ā« lives Ā» improvisés avec des objets. En définitive, tu livres un disque pop plus clasĀ­sique. Que s’est-il passé ?

AĢ€ l’époque je disĀ­ais qu’il falĀ­lait que je fasse mon HomeĀ­work. Je ne sais pas si j’ai réussi, mais en tout cas j’ai le senĀ­tiĀ­ment d’avoir appris aĢ€ faire de la musique durant cette période d’isolement au Maroc. Une véritable métamorphose. Mon délire autour des objets et de l’improvisation, c’était super marĀ­rant, mais j’ai fini par en percevoir les limĀ­ites. J’ai longtemps traĀ­vaillé aĢ€ une organĀ­iĀ­saĀ­tion me perĀ­meĀ­tĀ­tant de limĀ­iter au maxĀ­iĀ­mum le temps entre la naisĀ­sance d’une idée et sa livraiĀ­son au pubĀ­lic. J’étais fasciné par la techĀ­no la plus pointue et la transe du danceĀ­floor. Mais le procesĀ­sus pour faire de la techĀ­no avec des objets est devenu si lourd que j’ai enregĀ­istré des chanĀ­sons paralleĢ€lement, comme une récréation. Jusqu’au moment ouĢ€ j’ai comĀ­pris que ces enregĀ­istrements, plus spontanés, étaient plus intéressants.

Tu as fini par admetĀ­tre que la chanĀ­son te conĀ­vient mieux ?

Jacques et la techĀ­no, cela a touĀ­jours été une fausse piste. AĢ€ l’époque, je n’avais pas assez conĀ­fiĀ­ance en moi et j’essayais de répondre aĢ€ la demande. Je tirais dans tous les sens. J’ai galéré longtemps avant de trouĀ­ver ce truc des conĀ­certs avec des objets. Alors, quand l’accueil a été posiĀ­tif, je me suis volonĀ­tiers engoufĀ­fré dans la breĢ€che, mais rapiĀ­deĀ­ment je me suis vu donĀ­nant touĀ­jours dans vingt ans des conĀ­certs avec mes objets dans des salles des feĢ‚tes. C’est aĢ€ ce moment-laĢ€ que je me suis dit que je devais changĀ­er de scénario. J’avais fait un hold-up suffĀ­isant pour avoir de quoi vivre et traĀ­vailler tranĀ­quilleĀ­ment durant deux ans au Maroc. Sans ce break, je n’aurais pas pu faire cet album, je courais d’un live aĢ€ un autre. Je senĀ­tais que quelque chose clochait, mais je ne savais pas quoi.

Cela dit, apreĢ€s avoir écouté Ā« Dans la radio Ā» on n’est pas forcément surĀ­pris de la forme que prend ton album.

Si la forme a changé, entre Tout est magĀ­nifique, qui m’a fait connaiĢ‚tre, et LIMPORTANCEDUVIDE aujourd’hui, je raconĀ­te la meĢ‚me chose. Ā« Dans la radio Ā» pointait déjaĢ€ dans cette direcĀ­tion. Ce qui est différent c’est que ma musique s’adresse dorénavant aĢ€ beauĀ­coup plus de gens. J’ai fini par admetĀ­tre que j’aimais la pop. J’ai arreĢ‚té de dire Ā« le top 50 c’est de la merde Ā». J’ai réalisé qu’en disĀ­ant ça, je méprisais la pluĀ­part des gens. J’étais snob dans un milieu de snobs. C’était bon pour ma carrieĢ€re, mais pas pour ma musique. ArtisĀ­tiqueĀ­ment c’était stérile. ParĀ­tir au Maroc m’a perĀ­mis de changĀ­er d’univers. J’ai enregĀ­istré d’autres titres plus techĀ­no que je sorĀ­tiĀ­rai un jour, mais je pense qu’il est plus intéressant de les faire exisĀ­ter autrement qu’aĢ€ traĀ­vers un album. Je ne suis pas encore pleineĀ­ment satĀ­isĀ­fait par le mix entre ce que je faiĀ­sais aĢ€ mes débuts et ma musique actuelle. Il y aurait pu y avoir plus d’objets dans ce disque. Je sais que je peux faire mieux, mais c’est comĀ­pliqué de trouĀ­ver le bon équilibre. J’ai été treĢ€s inspiré, je dirais meĢ‚me habité, par Sophie, surtout depuis son déceĢ€s. AĢ€ sa mort, j’ai eu une sorte de révélation Sophie, je l’entendais partout. La séparation des Daft Punk m’a également marĀ­qué. Cela a été deux éveĢ€nements qui m’ont libéré. MeĢ‚me si mon album ne ressemĀ­ble ni aĢ€ l’un ni a l’autre, j’ai longtemps été inhibé par la peur de copiĀ­er des gens que j’aime. Depuis qu’ils ne sont plus laĢ€, je suis habité par l’envie de leur renĀ­dre hommage.

En parĀ­lant des Daft Punk, ton peĢ€re, comme celui de Thomas BanĀ­galĀ­ter, a été musiĀ­cien lui-meĢ‚me. Il t’a aidé ?

Mon peĢ€re s’appelle Étienne AubergĀ­er, il a sorĀ­ti un album en 1987 (on trouĀ­ve ses chanĀ­sons sur YouTube, ndr). C’était de la variété avec un peu d’humour, mais il n’est pas proĀ­ducĀ­teur et n’a pas joué le roĢ‚le du peĢ€re de Thomas. Il m’a influĀ­encé néanmoins. Il a eu une expérience musiĀ­cale un peu malĀ­heureuse. Il était treĢ€s satĀ­isĀ­fait de ses maqueĀ­ttes qui lui avaient perĀ­mis de signĀ­er un beau conĀ­trat, mais lors de l’enregistrement au stuĀ­dio du chaĢ‚teau d’Hérouville, le proĀ­ducĀ­teur et les musiĀ­ciens sont parĀ­tis dans une direcĀ­tion qui ne lui plaiĀ­sait pas. Il s’est senĀ­ti dépossédé de ses chanĀ­sons. DégouĢ‚té par ce milieu, il m’a élevé dans une méfiance énorme, j’ai beauĀ­coup de mal aĢ€ déléguer. C’est sans doute pour lui prouĀ­ver que c’est posĀ­siĀ­ble que j’ai voulu faire ce disque entieĢ€rement seul, meĢ‚me si en définitive je ne suis pas cerĀ­tain que cela soit une bonne chose. J’aurais pu m’entourer de gens d’expérience pour m’aider. D’une cerĀ­taine manieĢ€re, je porte le fardeau de devoir Ā« venger mon peĢ€re Ā». Cette expérience l’a trauĀ­maĀ­tisé, il n’a plus jamais enregĀ­istré. Je crois qu’il a fait de la musique pour de mauĀ­vaisĀ­es raisons. Il devait avoir quelque chose aĢ€ prouĀ­ver, mais quand il s’est retrouĀ­vé aĢ€ la télé, chez Jacques MarĀ­tin, il s’est demandé ce qu’il faiĀ­sait laĢ€.

C’est aĢ€ cause de l’expérience de ton peĢ€re que LIMPORTANCEDUVIDE est un album autoĀ­proĀ­duit, sans deal avec un gros label ? J’imagine que tu as eu des propoĀ­siĀ­tions, pourquoi les avoir refusées ?

L’album sort sur Recherche & Développement, le label d’Étienne PiketĀ­ty, qui faiĀ­sait parĀ­tie du colĀ­lecĀ­tif Pain SurĀ­prisĀ­es avec lequel j’ai débuté. J’aurais pu sorĀ­tir mon disque sur un plus gros label, mais cela ne me conĀ­vient pas. Il y a un coĢ‚té indusĀ­triel dans la musique aujourd’hui, avec des carrieĢ€res express et des gens qui se dépeĢ‚chent d’avoir du succeĢ€s parce qu’apreĢ€s 26 ans, c’est mort. Je n’y crois pas. Je veux partager des valeurs de sagesse plutoĢ‚t que celles de la jeunesse et de la réussite. J’ai la chance de vivre déjaĢ€ de la musique graĢ‚ce au succeĢ€s de mes conĀ­certs, alors je préfeĢ€re eĢ‚tre dans un label qui me laisse le temps de me développer comme je le souhaite. Pas d’urgence + pas de propoĀ­siĀ­tion vraiĀ­ment perĀ­tiĀ­nente = autoproduction.

 

Ā« On valĀ­orise la croisĀ­sance, la richesse, la créativité, le phalĀ­lus, etc. Alors que l’absence, le manque et le rien sont touĀ­jours perçus négativement. Il faut au conĀ­traire se souĀ­venir de ā€œl’importance du videā€. Ā»

 

En revanche, pour la sceĢ€ne, tu traĀ­vailles avec TalĀ­ent BouĀ­tique, un tourneur treĢ€s proĀ­fesĀ­sionĀ­nel. Pourquoi ce choix ?

J’ai renĀ­conĀ­tré AEG, Live Nation et comĀ­pagĀ­nie. AĢ€ l’époque, mon album était loin d’eĢ‚tre achevé et je leur disĀ­ais que je voulais revenir en faisant une tournée des Emmaüs de France. Je pense qu’au fond d’eux-meĢ‚mes, tous les gens que j’ai rencontrés étaient perĀ­plexĀ­es, mais comme ils ont besoin de signĀ­er des jeunes, ils valĀ­idaient le proĀ­jet. FinaleĀ­ment, c’est TalĀ­ent BouĀ­tique qui m’a paru avoir l’équipe la plus rationnelle. Ce ne sont pas les plus gros, mais ils sont sérieux et effiĀ­caces. Je n’ai pas peur d’avoir de l’ambition. Je veux avoir la bonne équipe au cas ouĢ€ la tournée marche comme je l’espeĢ€re. Chez TalĀ­ent BouĀ­tique, ils savent faire les grossĀ­es salles comme les plus petites.

Jacques

© Alice Moitié

De quelle manieĢ€re vas-tu jouer cet album sur sceĢ€ne ?

ApreĢ€s avoir réalisé seul les maqueĀ­ttes de l’album avec la souris de mon ordiĀ­naĀ­teur, j’ai passé quelques journées en stuĀ­dio pour que des musiĀ­ciens rejouent cerĀ­taines parĀ­ties. Arthur VonĀ­felt, le batĀ­teur de mon preĀ­mier groupe devenu un multi-instrumentiste de folie, capaĀ­ble de jouer des perĀ­cusĀ­sions, mais ausĀ­si de la guiĀ­tare et de la basse, est celui qui est le plus interĀ­venu. Pour les conĀ­certs, la quesĀ­tion d’avoir un groupe s’est longtemps posée. Elle est enfin tranchée, meĢ‚me s’il reste aĢ€ déterminer l’équilibre entre le groupe et ce que je vais interpréter seul avec mes objets. J’imagine que cela évoluera en foncĀ­tion du succeĢ€s de l’album. Si je séduis un nouĀ­veau pubĀ­lic qui ne m’a jamais vu sur sceĢ€ne, je vais privilégier le groupe. En tout cas, j’ai mainĀ­tenant un set-up optiĀ­misé pour jouer avec des objets et improĀ­visĀ­er, meĢ‚me si je me méfie de l’improvisation qui ne donne pas touĀ­jours de bons résultats. On sera quaĀ­tre sur sceĢ€ne, ma copine, ma sœur et mon ami Arthur. Je ne voulais pas prenĀ­dre des musiĀ­ciens de sceĢ€ne hyper rodés. Quant aĢ€ moi, mes objets resĀ­teront mes instruĀ­ments. On va pouĀ­voir monĀ­trĀ­er ce que j’en fais avec une caméra. Les répétitions ont débuté.

Tu as pris des leçons de chant pour cet album, dans lequel la voix est centrale ?

Et des cours d’autotune ausĀ­si. (sourire) Miel de MonĀ­tagne m’a conĀ­seillé son prof de chant, avec qui j’ai fait énormément d’exercices de musĀ­cuĀ­laĀ­tion via Skype. J’ai ausĀ­si envie de suivĀ­re des cours de danse avant la tournée.

Tout en étant treĢ€s proĀ­pre, le son de l’album Ā« dérape Ā» régulieĢ€rement. Il y a des petites Ā« folies Ā» ici et laĢ€. Qu’as-tu cherché aĢ€ faire ?

Assez vite, j’ai comĀ­pris que je ne voulais pas faire cohabĀ­iter techĀ­no et pop dans un meĢ‚me album, car le danceĀ­floor et le salon sont deux monĀ­des différents. Mais la pop ausĀ­si s’écoute de deux manieĢ€res. L’inattentive, celle des gens qui tombent sur ta musique par hasard et aĢ€ qui il faut offrir l’expérience la plus plaisante posĀ­siĀ­ble sans qu’ils puisĀ­sent eĢ‚tre déstabilisés. Et celle des fans et des amaĀ­teurs de musique aĢ€ qui on peut glissĀ­er des propoĀ­siĀ­tions plus origĀ­iĀ­nales. J’ai voulu faire un disque pop globĀ­aleĀ­ment norĀ­mal, tout en glisĀ­sant des bizarreries, sans que les deux écoutes ne s’interfeĢ€rent, que l’une ne nuise aĢ€ l’autre. J’espeĢ€re que les non- franĀ­cophĀ­oĀ­nes qui ne vont pas comĀ­prenĀ­dre les paroles se diront que je fais une véritable propoĀ­siĀ­tion musiĀ­cale. Je pense ausĀ­si aĢ€ ceux- laĢ€. Puisque je souhaite aller aĢ€ la renĀ­conĀ­tre du pubĀ­lic, pourquoi limĀ­iter mon ambiĀ­tion aĢ€ la France ?

D’ailleurs, si LIMPORTANCEDUVIDE est un album de pop chanté en français, je ne suis pas cerĀ­tain que la chanĀ­son française fasse réellement parĀ­tie de tes inspirations.

Je dois reconnaiĢ‚tre que j’ai du mal aĢ€ citer des chanteurs français qui m’ont réellement marĀ­qué avant la sceĢ€ne actuelle des Flavien BergĀ­er et autres Polo & Pan. Les noms auxĀ­quels je vais penser sont assez bateaux comme GainsĀ­bourg ou Téléphone, mais c’est plutoĢ‚t un groupe de rock. En traĀ­vailĀ­lant sur l’album, il m’est arrivé de penser aĢ€ StarĀ­maĀ­nia ou au film Les ChoĀ­ristes pour le titre Ā« C’est Ā» avec sa chorale d’enfants, mais étrangement c’est souĀ­vent aĢ€ de la chanĀ­son pour enfants que mon disque me fait penser. Il a un coĢ‚té lunaire aĢ€ la HenĀ­ri DeĢ€s. Mais il y a ausĀ­si des moments ThunĀ­derĀ­cat, Frank ZapĀ­pa, Aphex Twin ou Tame Impala…

D’ouĢ€ vient cette étrange idée de pochette ?

J’ai hésité aĢ€ changĀ­er ma coupe de cheveux pour passĀ­er aĢ€ ce nouĀ­veau chapitre. Et puis, graĢ‚ce aĢ€ la meĢ€re coifĀ­feuse d’une amie est née l’idée de cette une veste en faux cheveux avec laqueĀ­lle on a fait la phoĀ­to et que je garde dans ma cave depuis. J’aime l’idée que j’avais déjaĢ€ des cheveux étranges et que je me radĀ­iĀ­calise encore plus pour mon preĀ­mier album.

Tes textes sont assez origĀ­inĀ­aux, on sent que tu cherchĀ­es aĢ€ dire quelque chose…

Ils sont au cenĀ­tre du disque. Sans les textes, j’ai l’impression que la musique de l’album ne se sufĀ­fit pas totaleĀ­ment aĢ€ elle-meĢ‚me. C’est un tour de passe-passe, je détourne l’attention des audiĀ­teurs avec des paroles origĀ­iĀ­nales, comme ça, ils ne se conĀ­cenĀ­trent pas sur la musique qui est encore en deçaĢ€ de mes ambiĀ­tions. Longtemps, l’album s’est appelé Tout se transĀ­forme. J’ai une vision assez binaire du monde, fait de plein et de vide. On trouĀ­ve cette dualité dans tous les domaines, mais le Ā« plein Ā» est trop souĀ­vent surĀ­valĀ­orisé. On valĀ­orise la croisĀ­sance, la richesse, la créativité, le phalĀ­lus, etc. Alors que l’absence, le manque et le rien sont touĀ­jours perçus négativement. Je pense qu’il faut au conĀ­traire se souĀ­venir de Ā« l’importance du vide Ā». Plus ne peut pas aller sans moins. Mais chaĀ­cun peut interpréter ce titre comme il le souhaite. C’est ausĀ­si ma coupe de cheveux ouĢ€ le vide, l’absence de poil, est cenĀ­tral. C’est ausĀ­si un phénomeĢ€ne de société, avec le Covid et ces gens qui parĀ­tent aĢ€ la camĀ­pagne pour s’isoler dans des endroits déserts.

Dans Ā« Avec les mots Ā», tu chantes ton incaĀ­pacité aĢ€ expliĀ­quer ce que tu fais dans la vie avec des mots. Quels rapĀ­ports entretiens-tu avec eux ?

Je ressens la frusĀ­traĀ­tion de ne pas arrivĀ­er aĢ€ exprimer la totalĀ­ité de ma pensée avec des mots. On n’est pas égaux devant les mots, ils sont source de quiproĀ­quĀ­os. J’ai l’impression que mes actes expliquent mieux ce que je suis.

Tu as eu du mal aĢ€ écrire tes textes ?

(sourire) Ils ont nécessité des efforts surhuĀ­mains. Au mieux, il me falĀ­lait une journée pour une phrase. J’ai une perĀ­sonĀ­nalité un peu moralĀ­isatrice. J’ai tenĀ­dance aĢ€ dire aux gens ce que j’estime qu’ils ont besoin d’entendre. Du coup, ma parĀ­ticĀ­iĀ­paĀ­tion au débat est parĀ­fois désagréable. Alors j’ai tenĀ­dance aĢ€ m’isoler. C’est ausĀ­si sans doute pour ça que je suis parĀ­ti au Maroc. Et puis, je me suis renĀ­du compte que comme je n’avais plus l’occasion de donĀ­ner mon avis, j’avais tenĀ­dance aĢ€ le faire dans mes morceaux. Ce n’est pas une bonne idée d’écrire des chanĀ­sons pour donĀ­ner des leçons. Du coup, je me suis mis aĢ€ écrire un livre, ce qui me semĀ­ble un forĀ­mat plus indiqué pour exprimer des opinĀ­ions. J’ai comĀ­pris que mes chanĀ­sons devaient servir aĢ€ s’amuser avec les mots plutoĢ‚t qu’aĢ€ faire de grandes déclarations.

Et tu lis touĀ­jours autant de livres de développement perĀ­sonĀ­nel comme tu l’avais raconĀ­té dans Tsugi ?

Non. (rires) Quand j’ai du temps libre, je regarde des tutos pour apprenĀ­dre aĢ€ faire de la 3D.

ā

Retrouvez plus d’articles dans le  Tsugi 147 : Radio Activity, La folle histoire des radios musicales : des pirates aux webradios disponible maintenant en kiosque et Ć  la commande en ligne.

Tsugi 147

 

(VisĀ­itĆ© 1 589 fois)