©Matt Sav

Kevin Parker : “Tame Impala est la musique qui se joue dans mon club ultime”

Quand on par­le de Tame Impala, dif­fi­cile de rester calme. Tout de suite, on a envie de dire que le mec qui y fait tout der­rière est l’un des artistes les plus doués de ces 15 dernières années, qu’il a dépous­siéré le rock psy­ché jusqu’à en incar­n­er seul sa déf­i­ni­tion con­tem­po­raine ou qu’il est la progéni­ture d’une union entre les Bea­t­les, Pink Floyd et peut-être Dieu le Père. Prévu le jour de la Saint-Valentin, ce qua­trième album The Slow Rush (14/02) a été, à la sec­onde qui suiv­it la sor­tie du chef‑d’œuvre qu’est Cur­rents, l’un des dis­ques les plus atten­dus du monde de la musique. Retour en toute décon­trac­tion avec Kevin Park­er sur l’histoire de ce disque, sa con­cep­tion de la pop music et l’influence mécon­nue de la musique élec­tron­ique sur sa vie et son œuvre.

Inter­view pub­liée dans le Tsu­gi #129, en kiosque en février.
À ML.

Tu as une rela­tion un peu spé­ciale avec Paris, non ?

Oui, vrai­ment spé­ciale. J’y ai habité pen­dant un an.

Ce n’est pas trop douloureux par­fois d’y revenir ? [Allu­sion à son ex rela­tion avec la Française Melody Pro­chet de Melody’s Echo Cham­ber, ndr]

Non, ce n’est pas de la douleur mais plutôt de la nos­tal­gie et l’avantage de la nos­tal­gie c’est qu’elle trans­forme tout en sou­venir agréable.

J’imagine que les ques­tions inédites ne doivent plus vrai­ment être légion pour toi aujourd’hui. Mais si tu étais à ma place, qu’est-ce qu’il faudrait que je sache de pri­mor­dial sur Tame Impala ?

Bonne ques­tion ! Je pense que ce qu’il faut savoir est que, dans un sens, Tame Impala est la musique qui se joue dans mon club ultime.

Pour moi, un track comme “Alter Ego” est un track élec­tron­ique. Quand il est sor­ti, je me suis dit que ça allait être le moment où tout le monde allait réalis­er que ce n’était pas du rock psy­ché des années 60 mais du pur Chem­i­cal Brothers.”

Ça vaut aus­si pour tes pre­miers albums ?

Bien sûr ! Ou on peut égale­ment dire que c’est la musique qui se joue quand j’arrive à faire ce que je veux faire. Tame Impala est la bande son de mon envi­ron­nement parfait.

Si chaque album est dif­férent, il y aurait donc plusieurs envi­ron­nements par­faits. À quoi ressem­ble celui de ce qua­trième album The Slow Rush ?

Prob­a­ble­ment à un club. En même temps, j’ai tou­jours écouté de la musique élec­tron­ique en dehors des clubs, comme Chem­i­cal Broth­ers par exem­ple. Et même Inner­s­peak­er, c’était moi qui essayais de faire de la club music sans savoir comment !

N’y aurait-il pas trop de sons de gui­tares pour que cela en soit ?

Pour moi, un track comme “Alter Ego” est un track élec­tron­ique. En tout cas dans mon esprit tor­du. Quand il est sor­ti, je me suis dit que ça allait être le moment où tout le monde allait réalis­er que ce n’est pas du rock psy­ché des années 60 mais du pur Chem­i­cal Broth­ers. De la même manière que je voy­ais Loner­ism comme du Brit­ney Spears, la plus vernie des musiques pop. Quand je l’écoute aujourd’hui, je n’entends qu’un gros bor­del. C’est drôle cette per­cep­tion que j’ai, celle de l’artiste sur son pro­pre tra­vail, telle­ment erronée. Mais mag­nifique­ment erronée. Et c’est comme ça que ça doit être.

Es-tu fier de ton travail ?

Bien sûr. Enfin… Je le suis aujourd’hui. Pen­dant longtemps j’en étais hon­teux. Jusqu’à récem­ment, dès que j’essayais d’écouter Inner­s­peak­er, j’étais genre : “Passe. Passe. Passe aus­si…” Et boum, fin de l’album. Ok, essayons Loner­ism : “Passe. Passe. Passe…” Pareil. Ce n’est que main­tenant que j’en apprécie…

…les erreurs ?

Exacte­ment. Son innocence.

Ça peut s’expliquer par le fait que ton son ait beau­coup évolué en 12 ans, que tu sois passé à autre chose et que ces pre­miers sons ne t’appartiennent plus désormais…

Oui c’est égale­ment vrai, comme si quelqu’un d’autre que moi les avait faits.

Est-ce que t’étais le genre d’adolescent qui savait qu’il avait quelque chose à accom­plir sur scène ou dans un stu­dio de musique ?

Au lycée, finir sur scène était tout ce à quoi je pen­sais parce que c’était la péri­ode où je me sen­tais le plus insignifi­ant. Et pour moi, l’idée d’être sur scène, de met­tre l’ambiance, était ce qui pou­vait me ren­dre le plus impor­tant du monde. Comme si les accla­ma­tions du pub­lic étaient le remède ultime pour se sen­tir bien dans sa peau.

Étais-tu timide à l’époque ?

Je dirais plutôt replié sur moi-même. Autour de mes 11 ans, je démé­nageais beau­coup et donc changeais d’écoles. C’était pas facile. Ce repli provient de ça. Quand je suis arrivé au lycée, j’étais un putain de délin­quant. Puis plus j’avançais, plus je tombais dans la musique et délais­sais ma rébel­lion, jusqu’à ce que la musique me con­sume totalement.

Je ne voudrais pas que le monde entier appré­cie Tame Impala, seule­ment qu’un petit nom­bre d’entre eux l’adore.”

Ton nou­veau disque est prévu pour la Saint-Valentin, qua­si­ment un an pile après ton mariage. Coïncidence ?

Tiens, je n’y avais pas pen­sé… (Rires) Enfin, si ça avait été le jour exact de mon mariage, oui, je l’aurais remar­qué ! Mais là, c’est une coïncidence.

Donc bien sûr ça par­le d’amour mais il n’y a qu’à regarder la pochette de l’album pour com­pren­dre que t’y abor­des le sujet du temps. La pho­to provient du vil­lage fan­tôme de Kol­man­skop en Nami­bie. Qu’y a‑t-il à savoir à pro­pos du temps ?

Bizarrement, beau­coup de per­son­nes y sont allées et per­son­ne n’a eu l’idée d’en faire une pochette d’album. C’est l’intérieur d’une mai­son d’une cité minière de dia­mant aban­don­née où la nature a repris ses droits. Ce que j’ai aimé avec tout ce sable empilé dans cette mai­son, c’est qu’en en prenant la pho­to on ne puisse pas dire si cela est arrivé en cinq min­utes ou en cinquante ans. C’est comme ça que je conçois le temps – tout du moins de la manière dont j’en par­le dans mon album – c’est-à-dire que le temps peut pass­er extrême­ment vite ou lente­ment en fonc­tion de ce que tu ressens, de ce que tu fais.

Est-ce que le temps s’est vite écoulé pen­dant ces cinq ans entre Cur­rents et The Slow Rush ?

Car­ré­ment. Parce que j’ai fait telle­ment de trucs que j’ai pris plaisir à faire ! Essay­er des nou­velles choses, col­la­bor­er avec de nou­velles per­son­nes, être un DJ – ce que j’ai tou­jours voulu essayer…

Ah, ça m’intéresse ! Tu veux dire que tu fais du DJing ou que tu sélec­tionnes les tracks comme un “selec­tor” mais sans les mix­er ensemble ?

Non, non, je fais de vraies tran­si­tions ! Sauf si je mixe du hip-hop, là je fais des gros spin-back. Mais je suis encore assez nul…

Sur cet album, on peut enten­dre un peu de Super­tramp, de dis­co, de funk, d’acid proche du “Da Funk” de Daft Punk, et même une touche de break­beat dans le traite­ment des drums sur “It Might Be Time”. Faut-il y voir un énorme appétit musi­cal der­rière cette envie de touch­er à tout ?

Je suis infin­i­ment curieux de tous les gen­res musi­caux qui exis­tent. Quand j’écoute un morceau et que je ne com­prends pas com­ment il ou elle l’a fait, ça me met en rogne. Il faut que je sache. Il faut que j’essaie. Sur cet album, j’ai voulu être auda­cieux, ne pas me retenir de faire quelque chose que je voudrais faire comme caler un pas­sage d’acid house dans une chan­son, mais à ma façon.

Tu as fait cet album tout seul ?

Hum hum.

De A à Z ?

Hum hum.

De la même manière que Cur­rents ?

Hum hum.

Impres­sion­nant…

Oh mer­ci mec, c’est gen­til ! En réal­ité, c’est plus sim­ple pour moi de tout faire seul parce que je n’ai pas à com­mu­ni­quer ver­bale­ment mes idées, ce qui m’est impos­si­ble à faire. Seul, il n’y a pas de com­pro­mis – bien que les com­pro­mis soient mag­nifiques dans une col­lab­o­ra­tion, qu’on se com­prenne. Mais ça ne pour­ra jamais ressem­bler exacte­ment à ce truc mag­ique dont tu rêves, dont tu en as la nette image dans ta tête.

Par­fois, c’est utile d’être égoïste.”

Si tant est qu’il existe, quel est le but ultime de Tame Impala ? Être écouté par le plus de monde possible ?

C’est de faire bouger autant de monde que pos­si­ble et de les touch­er émo­tion­nelle­ment, pas d’être écouté. Je ne voudrais pas que le monde entier aime Tame Impala, seule­ment qu’un petit nom­bre d’entre eux l’adore. T’imagines, ça serait super chi­ant que tout le monde sur Terre dise : “Tame Impala ? Ouais, c’est pas mal.”

Que je com­prenne bien, c’est cool pour toi que des gens détes­tent ce que tu fais ?

Oui ! C’est presque essen­tiel. Comme Kanye West l’a dit un jour : “Être détesté est la même chose qu’être adoré.” Ça veut dire qu’au moins tu existes à leurs yeux, que tu as une influ­ence sur eux, que tu arrives à les attein­dre. Et tu ne peux pas détester quelque chose dont tu te fous complètement.

Si on reste dans les cita­tions, j’ai lu quelque part qu’une car­rière musi­cale est comme un train et que les albums sont des sta­tions. Dans chaque sta­tion, des gens mon­tent et d’autres descen­dent. Que dirais-tu à ceux qui sont descen­dus à la sta­tion “Cur­rents” parce qu’ils ne l’ont pas trou­vé assez rock psy­ché à leur goût ?

Je dirais : “Au revoir [en français dans le texte, ndr], mer­ci d’avoir fait ce bout de voy­age avec moi !” Sans ran­cune ! Je ne voudrais pas qu’ils restent dans le train s’ils ne veu­lent plus l’être. Je ne veux retenir per­son­ne en otage.

Le truc c’est qu’avec Cur­rents, beau­coup de monde est mon­té dans le train… aug­men­tant aus­si la pres­sion j’imagine. J’ai vu un post sur ton Insta­gram qui dis­ait que, mal­gré l’impatience générale, tu ne voulais pas sor­tir un album dont tu n’aurais pas été par­faite­ment sat­is­fait. Com­ment fait-on pour dire “non” à la plus puis­sante des majors de l’industrie de la musique et a des mil­lions de fans ?

En buvant de l’alcool et en fumant de la weed, j’imagine. (Rires)

Tu ne sur­fes pas ?

J’ai déjà essayé une ou deux fois, mais non, je ne surfe pas – bien que j’aille sou­vent à la plage, j’y habite pas loin, à Perth.

Ah, alors t’es le genre de mec avec un col­lier de coquil­lages et une gui­tare sèche ?

Non, pitié ! Ces mecs sont bidons… Par con­tre, j’avoue, je prends ma gui­tare sur la plage mais je m’assure d’y être seul. Tout le monde déteste ce type, moi en par­ti­c­uli­er parce que si je suis sur la plage et que ce mec arrive, il va me saper mon inspiration !

Bon, tu as l’air de bien gér­er la pres­sion vis­i­ble­ment. Pour­tant, on par­le d’un groupe en tête d’af­fiche du plus gros fes­ti­val du monde, Coachella.

Ça c’est rien com­paré à la pres­sion artis­tique, la pres­sion que je me mets pour faire un bon album. Coachel­la, c’est sim­ple­ment du boulot, c’est de la méth­ode. Ici, la quan­tité de tra­vail va cor­re­spon­dre à la qual­ité de ton live. Mais ça ne s’applique pas à la créa­tion musi­cale. Par­fois, plus tu pass­es de temps sur un track, plus il est mau­vais. C’est pour ça qu’en fin de compte, je fais de la musique pour moi. Par­fois, c’est utile d’être égoïste. Parce que c’est la seule façon d’échapper aux respon­s­abil­ités que j’ai face à tous ceux qui m’entourent. J’ai tou­jours cru qu’il serait plus facile d’être un mec sym­pa et altru­iste mais après ces dernières années où la pres­sion s’est faite tou­jours plus forte, je m’étonne encore de voir à quel point ça a été sim­ple de ne penser qu’à moi et à quel point ça m’a facil­ité la vie. Dans ce sens, j’arrive à com­pren­dre pourquoi cer­taines des plus grandes stars du monde ont un égo sur­di­men­sion­né, parce que c’est peut-être la seule solu­tion pour survivre.

Ce qui expli­querait pourquoi beau­coup d’entre elles se sen­tent seules…

Oui, c’est le risque. C’est un chemin que je n’ai pas encore emprun­té mais je l’apprends.

Dans la musique mod­erne, tu n’as pas besoin de son­ner pop pour être populaire.”

J’allais te dire qu’Inner­s­peak­er et Loner­ism sont moins pop et plus psy­chés que les deux qui ont suiv­is, mais je crois en réal­ité que je me trompe. Quand on y regarde de plus près, ce qui a changé n’est pas le style ou ta façon d’écrire mais tes moyens de pro­duc­tion. Même dans tes deux pre­miers albums, la couleur pop est bien présente. Mais peut-être qu’au fil du temps, cette couleur s’est inten­si­fiée et a pris le dessus sur le rock psy­chédélique et les par­ties instrumentales…

Ce qui est sûr c’est que ça a beau­coup changé, oui. Si on le dit dans un sens uni­versel et intem­porel, pour moi, le pre­mier album de Tame Impala est prob­a­ble­ment le plus pop de tous. Quand j’y pense, toutes ses chan­sons ont cette struc­ture “couplet-refrain”. Dans The Slow Rush, j’ai tout envoyé balad­er. Au lieu d’une struc­ture A, B, A, B, on a peut-être un truc comme A, B, B, C, A, C, B… Dans la musique mod­erne, tu n’as pas besoin de son­ner pop pour être pop­u­laire. Un mec comme Frank Ocean, par exem­ple, ne se soucie pas de structure.

Si nous définis­sions, main­tenant, entre toi et moi, la pop music comme une musique qui cherche à plaire au plus grand nom­bre, que dirais-tu de tes albums ?

Que Cur­rents est prob­a­ble­ment le plus pop, oui.

Dirais-tu que tu deviens un artiste de plus en plus “pop” ?

Non, ça a tou­jours été le cas. J’ai tou­jours adoré la pop. Mais autant que la musique expéri­men­tale, comme tout audi­teur curieux en somme. Par con­tre, pour ce disque, j’ai plutôt rebroussé chemin. J’avais peut-être davan­tage de moyens de pro­duc­tion, j’ai quand même voulu le faire son­ner plus sale, plus noise. Néan­moins, j’espère que c’est le plus pop­u­laire ; j’espère tou­jours que mon prochain album sera plus pop­u­laire que le précé­dent, com­pren­dre qu’il y aura tou­jours plus de monde qui vont les ador­er (plus que sim­ple­ment bien les appréci­er, comme nous en par­lions tout à l’heure).

©Neil Krug

La cor­réla­tion entre l’âge d’un artiste et son goût pour la pop music me fascine. Quand on regarde le par­cours de Daft Punk, on voit un pre­mier album sor­ti de l’underground qui ne ressem­blait à aucun autre, à tel point qu’il a cristallisé sa pro­pre scène. Et l’histoire se ter­mine avec un disque, Ran­dom Access Mem­o­ries, qui avait pour objec­tif de son­ner comme les grands tubes de l’âge d’or du disco.

Je crois qu’on veut tous être pop­u­laire mais qu’on a peur d’être cat­a­logué comme tel. Parce que le suc­cès est quelque chose de tabou.

Peut-être aus­si parce que lorsqu’on est jeune, on trou­ve ça naze ?

Absol­u­ment. Plus tu es jeune, plus la musique définit ton iden­tité. Puis, en gran­dis­sant, tu t’aperçois qu’on s’en tape de tout ça. Mais si c’était le cas hier, j’ai l’impression que les jeunes d’aujourd’hui se fichent des gen­res musi­caux et qu’ils se préoc­cu­pent plus de l’artiste et de la chan­son en elle-même. C’est pour ça qu’en 2020, je n’ai plus peur de faire ce que j’ai tou­jours voulu faire : mélanger les gen­res au sein d’un album. J’en ai enfin le courage, le courage de pren­dre ce risque.

C’est quand tu n’as rien à per­dre que tu es le plus créatif.”

Ce courage peut-il égale­ment s’expliquer par le suc­cès que tu rencontres ?

Oui, un peu. Mais le truc c’est que plus tu as du suc­cès, plus gros tu as à per­dre. Avant de sign­er chez qui que ce soit, je n’avais absol­u­ment rien à per­dre. J’étais nul part. Tout ce que j’avais c’était un chemin devant moi. C’est pour ça que beau­coup d’artistes se figent, devi­en­nent moins créat­ifs ou virent pop, parce qu’ils ne veu­lent pas pren­dre le risque de voir s’effondrer ce qu’ils ont con­stru­it. Or c’est quand tu n’as rien à per­dre que tu es le plus créatif. Donc faire de la pop est un moyen de sauve­g­arder ce que tu pos­sèdes. Tu peux faire une chan­son pop pas vrai­ment inspirée et être sûr qu’elle passera au moins un peu à la radio, alors que si tu prends ce risque créatif, peut-être que ça foire, mais peut-être que tu crées un son nou­veau et fais le buzz. Moi, j’ai tou­jours voulu être cet artiste qui prend ce risque.

Tame Impala en live, c’est aus­si quelque chose ! Mais bien qu’on assiste à un show mon­stre avec de gros moyens tech­niques, tu appa­rais para­doxale­ment très proche de ton pub­lic, le salu­ant quand tu entres sur scène, le remer­ciant d’être venu… Comme si tu n’avais jamais oublié le cir­cuit des bars live.

Oui c’est très vrai ! (Rires) Tu sais, même si tu es la tête d’af­fiche d’un fes­ti­val, il y a tou­jours des gens qui ne te voient que pour la pre­mière fois, donc c’est bien de se présen­ter, non ? J’essaie de penser à eux, mais j’essaie surtout de me con­cen­tr­er sur ceux qui sont en pre­mière ligne. C’est mon nou­v­el exer­ci­ce men­tal sur scène pour ne pas per­dre tous mes moyens, de ne plus penser à tous ceux que je ne vois pas dans le fond !

As-tu peur sur scène, devant tant de monde ?

Plus main­tenant. Tu as cer­taine­ment enten­du cet adage qui dit que plus tu as du monde devant toi, moins tu es nerveux. C’est vrai : si aujourd’hui je devais jouer dans un bar, je serais ter­ri­fié parce que je ver­rais cha­cun de leur vis­age ! Et puis, devant 20 000 per­son­nes, tu peux dire des trucs débiles, ça va tou­jours marcher (il prend une voix de forain) : “Alors, com­ment ça gaze Machin Fes­ti­val ? – Ouai­i­i­i­i­i­i­is”, tout le monde hurle. Dans un bar, ce serait le malaise ! Faire la con­ver­sa­tion, c’est putain d’effrayant ! (Rires)

Pour­tant, mal­gré cette appar­ente acces­si­bil­ité, tu cherch­es quand même à faire un grand show…

Tou­jours, bien sûr, je veux attein­dre le même niveau que mes idol­es, Daft Punk, Kanye West, The Flam­ing Lips…

The Slow Rush de Tame Impala le 14 févri­er sur Car­o­line International

Pochette de “The Slow Rush” de Tame Impala