La croisière s’amuse versus techno BTP : Astropolis, premier jour

On ne va pas se met­tre à faire les vieux rabougris et à digress­er sur le temps, on laisse ça à l’édi­tion brestoise de Ouest-France, mais on s’in­quié­tait de la météo. On n’a jamais pu dire qu’Astrop­o­lis, en 22 édi­tions, ait franche­ment échap­pé à la pluie (mal­gré une étoile plutôt bonne dans le domaine pour un fes­ti­val fin­istérien), mais con­stater l’a­verse qui nous est tombée dessus en pleine mer à 19h45 aura pu nous faire flip­per pour la suite de la soirée. Deux bonnes nou­velles : le dance­floor du bateau était à l’in­térieur, et on n’a jamais plus enten­du par­ler de pluie. De kick, un peu plus.

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© Ninon Rys

Cette croisière, que nous avions déjà eu le plaisir de tester l’an­née dernière, risque bien de devenir notre meilleur moment d’As­tro si ça se passe comme ça chaque année. Cha­peautée par les col­lec­tifs de matelots de la house Br|st et Echap, cette entrée en matière, tou­jours un peu timide au début (le temps de s’habituer au roulis) s’est finie avec une foule qui tape au pla­fond, du hap­py hard­core, de la drum’n’bass bien acide et un paque­ts d’acharnés chan­tant les paroles (d’une insond­able com­plex­ion) du tube “Bolo­lo Haha” de MC Bin Laden. Il y a par­fois des choses qu’il vaut mieux ne pas com­pren­dre. Mais avec cette ambiance d’after pour lémuriens à 20h45, nous voilà bien barrés.

Crêperie de rigeur (on pense à se faire spon­soris­er vu notre fidél­ité quasi-séculaire à un étab­lisse­ment du port de com­merce), et direc­tion la Carène. La SMAC brestoise, sou­vent com­plète le ven­dre­di soir d’As­trop­o­lis, vendait encore des bil­lets sur place à l’en­trée. La faute – grâce ? — à une thé­ma­tique de soirée plutôt pointue et ambitieuse : met­tre le label R&S à l’hon­neur. Con­scients que le cha­land ouestrien serait sans doute moins appâté par un plateau dédié au label belge qu’à un gros line-up Dixon / Tale Of Us / (insér­er DJ trop chan­mé ici), ils ont apparem­ment pris le risque de se faire plaisir. Gildas Rioualen, le co-boss du fes­ti­val, nous con­firmera sa sat­is­fac­tion d’avoir calé Alex Smoke dans la petite salle, sans même s’at­ten­dre à ce que les foules se pré­cip­i­tent sur le live set de slow house men­tale du pro­duc­teur écos­sais. Les gens ? Ils sont là, et le taux de rem­plis­sage fini­ra par être opti­mal. High five à Synkro égale­ment, un type apte à descen­dre le tem­po à 110 et à vari­er les plaisirs, du break men­tal à l’élec­tron­i­ca pour danseurs futés, cas­sant un peu le feel­ing général “de la tech­no sinon rien” qu’on retrou­ve dans la plu­part des fes­ti­vals élec­tro en ce moment. +1, les enfants.

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Alex Smoke © Ninon Rys

Bon, niveau tech­no, on nous en a servi des plats entiers et on n’a pas craché dessus, bien au con­traire : passé le live de Space Dimen­sion Con­troller, Nas­tia, DJ ukraini­enne passée maîtresse des platines dans ses con­trées et respec­tée partout en Europe, ne livre sans doute pas le set le plus orig­i­nal de l’u­nivers, mais déroule avec une appli­ca­tion et une cohérence extrême­ment appré­cia­bles, avec un excel­lent morceau de break glis­sé entre deux briques tech­no bien dark. Passé la presta­tion à l’avenant du dinosaure Renaat (trop de pains pour nous, désolé), on a fait comme tout le monde : on a subi. En l’oc­cur­rence, la pluie de bûch­es d’épicéa pré­parée par Paula Tem­ple pour achev­er le pub­lic de la salle, qui en rede­mande. Implaca­ble, frontal, sans con­ces­sion. Sans groove aus­si, mais per­son­ne n’est venu pour ça ce soir donc ça tombe bien. Rétamés mais ravis d’avoir vu notre prochain check-up chez l’ORL se rap­procher de deux ans d’un coup, on bas­cule tout de même dans le camp d’en face, à l’éter­nel club de la Suite, pour une fois pra­ti­quable. Bon, on retrou­ve l’am­biance sauna, mais ça cir­cule à l’in­térieur, par­faite­ment ce qu’il nous fal­lait pour con­stater de près l’amour que se vouent Roman Flügel et Axel Boman, inven­teurs du “back to back câli­nou”. All is full of love, et le Soleil, vis­i­ble­ment d’ac­cord avec nous, pointe son nez. Mau­vaise ges­tion des points de vie sur le week­end ? Boah, advi­enne que pourra.

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Roman Flügel & Axel Boman © Ninon Rys