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©Simon Bianchetti
19 juillet 2021

👀 La techno de Romane Santarelli dans un clip déroutant façon Midsommar

par Marie Solvignon

C’était à l’occasion du festival Les Authentiks que nous avons rencontré la nouvelle figure de la techno française Romane Santarelli. Aujourd’hui nous reparlons d’elle pour vous partager le clip qu’elle a imaginé pour le titre « Cannes », tiré de son EP Zéro en octobre 2020.

Suite à la sortie de ses deux premiers EPs Zero et Quadri en 2020, l’artiste techno clermontoise s’attaque à la réalisation de clip, et c’est une réussite. Aux allures du film Midsommar d’Ari Aster, Romane Santarelli a imaginé le clip de son morceau « Cannes » de façon à ce que l’on soit plongé dans une histoire sombre au décor très coloré. Le contraste y est relativement saisissant. Après s’être produite la semaine dernière au côté de Worakls et Iam dans le majestueux théâtre antique de Vienne au festival Les Authentiks, elle nous raconte avec plus de détails la genèse de ce clip déconcertant.

Le titre « Cannes » est sorti en octobre 2020, pourquoi avoir attendu autant de temps pour sortir son clip ? 

J’ai composé « Cannes » au tout début du premier confinement, il est sorti sur l’EP Zero le 30 octobre et j’ai un peu regretté de l’avoir sorti dans une saison froide, alors qu’il a un côté solaire, chaud… J’ai toujours su que je voulais le clipper, dans une ambiance estivale, colorée, mais je n’avais pas encore l’idée précise du scénario à ce moment-là, mais je savais qu’il comporterait cette esthétique de soleil, alors je me suis dit que j’allais être patiente et attendre les beaux jours pour tourner tout ça !

Qu’est-ce qui t’a inspiré ici ?

« Cannes » a été créé dans un contexte hyper positif, j’étais dans de bonnes énergies les premiers jours de la crise, optimiste par rapport au contexte, et surtout j’avais beaucoup de temps pour créer. J’ai eu une sorte de transe créative pendant deux semaines, ça ne m’était jamais arrivée de ma vie. Le morceau est parti de l’idée d’utiliser des voix enregistrées au dictaphone lors d’une soirée aux Plages Électroniques à Cannes l’été passé, en 2019. C’était un contexte de vacances, sous le soleil et je trouvais intéressant d’en faire un morceau, de m’amuser avec ça, dans ce moment où on était tous confinés, privés de vacances justement, où l’été allait être incertain.

Quelques mois plus tard, j’ai finalisé l’EP et l’ai sorti, le jour du deuxième confinement d’ailleurs… la malédiction ! Puis un soir de novembre, toute seule devant la TV, où les semaines commençaient à se faire vraiment longues dans mon salon, où l’atmosphère était beaucoup moins drôle qu’au printemps, je suis tombée sur le travail du photographe espagnol Ruben Martin de Lucas sur Arte. C’était tard la nuit, je suis tombée fan de ses photographies au drone, qui mettent en scène des décors colorés, géométriques, dans la nature. Et là ça a fait tilt : devant ces zones colorées soigneusement délimitées, ça a fait miroir : moi j’étais en face, enfermée entre mes quatre murs. C’était un moment carrément ironique, où je me suis sentie bête et piégée.

J’ai repensé à « Cannes » et j’ai réalisé qu’il fallait faire un lien entre le confinement, l’envie de grands espaces, l’ambiance été, des grandes vacances annulées, et le sentiment d’optimisme qui s’effondre. Et l’idée est apparue : j’ai pensé qu’il serait intéressant de traiter de la folie et de tourner l’histoire autour d’un personnage seul au monde, d’imaginer un contexte dystopique où la seule manière de vivre les vacances d’été est de se retrouver parqué dans une zone, seul, au milieu de nulle part. Comme inspiration, j’avais aussi en tête le film Midsommar, à l’esthétique colorée et fleurie, mais avec une histoire très noire.

Romane Santarelli

Capture d’écran du clip

Quelle histoire as-tu voulu raconter à travers ces images ?

Ça me tenait à cœur de raconter une histoire dans laquelle tout commence bien, et qui se dégrade au fur et à mesure, un peu ce qui s’est passé pour ma part au fil des mois pendant la crise… J’ai pensé immédiatement à mon ami Alexandre Boiron pour le rôle, et j’ai présenté toutes ces idées à Vivi What, réalisateur chez Hmwk : j’étais pas très sûre de moi, et sur la faisabilité de tout ça mais il était super emballé et on a écrit la suite à deux. « Cannes » est un morceau plutôt joyeux, optimiste, c’est le mood dans lequel il est né en tout cas, alors je trouvais marrant de le traiter en images dans un sens inverse, avec une connotation un peu plus sombre. Par exemple, les voix du morceau sont personnifiées à travers le gueulard dans le clip, ce haut-parleur qui ne cesse de s’enclencher tout le long. D’un coup, les voix prenaient une dimension plus hostile, symbolisant l’oppression. Je lisais 1984 d’Orwell ces derniers mois aussi, parce que je travaille sur un projet de spectacle de théâtre, avec le Collectif Nightshot, qui verra le jour fin 2022. C’est un oratorio pour lequel je crée la BO et incarne le personnage principal. Donc je baignais pas mal dans les histoires de dystopie (qui n’aident pas trop d’ailleurs en contexte de confinement) !

Romane Santarelli

Capture d’écran du clip

À part ça, que prépares-tu d’autre ?

Côté clip, on travaille avec toute ma bande d’amis sur un projet depuis un an, où tout a été fait homemade. J’ai co-scénarisé et co-réalisé le projet avec mon ami vidéaste Aloïs Rebaud. Mon père a assuré la partie fabrication de décor aussi. L’ambiance est beaucoup plus mystique sur celui-ci, c’est un nouveau morceau qui sortira à la rentrée de septembre. On vient de tourner la dernière séquence, tout est dans la boîte ! Je continue d’écrire des scénarios, des idées, en fait cette année j’ai eu un bon déclic sur cette nouvelle casquette de réal… J’aime bien creuser mon imagination ! En parallèle, le premier album est en cours d’écriture, et la tournée reprend… Je suis très heureuse que tout reprenne !

Romane Santarelli

©Simon Bianchetti

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