L’album du mois : Isaac Delusion — “Rust & Gold”

Extrait de Tsu­gi 101, disponible jusqu’à demain en kiosque et à la com­mande ici.

Il est très rare que l’on puisse se fier à son pre­mier sin­gle pour juger le con­tenu entier d’un album. Mieux, c’est sou­vent trompeur. Comme ici avec “Isabel­la”, lâché en apéri­tif du deux­ième album des Parisiens d’Isaac Delu­sion. Non pas que le titre soit déce­vant (au con­traire), mais il pou­vait laiss­er augur­er un suc­cesseur bien dans la lignée de leur album homonyme de 2014. C’est-à-dire nour­ri d’une pop aven­tureuse mélancolico-lymphatique. Ce n’est pas le cas. Comme nous aimons les (bonnes) sur­pris­es, on ne peut que s’en réjouir. Dès le deux­ième morceau, on a droit ain­si à ce magis­tral “Black Wid­ow”, qui dévaste tout sur son pas­sage dans un furieux rythm’n’blues futur­iste. Plus loin “Voy­ager” fait un pont improb­a­ble, mais jouis­sif, entre reg­gae et flûtes andines. Mais ceux (et celles surtout…) qui craque­nt pour la voix si par­ti­c­ulière de Loïc, dont les racines pour­raient pren­dre leurs sources aus­si bien dans le bay­ou que dans le Poitou, vont le décou­vrir pour la pre­mière fois ten­ter avec bon­heur de chanter en français. C’est le sur­prenant “Cajun” qui monte comme une cav­al­cade avant de laiss­er place à un break irréel. On pour­rait ain­si détailler longtemps les con­tours d’un disque qui a su, con­traire­ment à leur pre­mier essai, vari­er les plaisirs en allant bien au-delà de leur volon­té d’origine de mélanger pop et musique élec­tron­ique. Même si on pari­erait à coup sûr du pou­voir que pour­rait avoir “Dis­tance” ou le dis­coïsant “How Much (You Want Her)” sur un dance­floor. Les gens de goût apprécieront égale­ment le clin d’œil à Neil Young avec ce titre d’album que l’on com­prend comme une dou­ble référence à Rust Nev­er Sleeps ain­si qu’à la chan­son “Heart Of Gold”, tirée, elle, du fameux Har­vest. Enfin, c’est notre inter­pré­ta­tion que l’on a puisée dans notre numéro d’octobre 2012, où ceux qui étaient alors un trio (ils sont aujourd’hui quin­tette) citaient le Lon­er comme héros. Puisque Rust & Gold con­firme au-delà de nos espérances cette cou­ver­ture anci­enne titrée “Le Futur leur appar­tient” où, par­mi les espoirs sur lesquels nous misions, fig­u­rait en bonne place Isaac Delu­sion. On a le nez fin chez Tsu­gi.

Si vous êtes plutôt Spotify.

Rust & Gold (Microqlima/Idol/Pias), sor­ti le 7 avril.

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