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25 avril 2016

L’album oublié : Shellac – « 1000 Hurts » (2000)

par rédaction Tsugi

Dans les années 90, Steve Albini a tout produit, ou du moins tout ce qu’il fallait, sur la scène rock indépendante : de Nirvana à Patti Smith, en passant par les Breeders et PJ Harvey. Une réussite professionnelle qui ne l’a jamais empêché de se comporter comme le personnage le plus grognon de la scène musicale américaine. Un trait de caractère hautement perceptible sur ce troisième album de Shellac, 1000 Hurts, chef-d’œuvre noise rock paru en 2000, où l’on sent suinter tout du long la colère d’Albini.

Il faut dire qu’intégrité et authenticité sont les principaux carburants de cet homme. Des caractéristiques identifiables, déjà, dans la manière dont se présente l’album : une boîte en carton reprenant les traits d’un coffret d’enregistrement. Malgré la frilosité du groupe concernant les questions de promotion, Shellac parle de 1000 Hurts comme d’un disque “dépourvu de chansons de 12 minutes” et “plus mesquin”. Le jeu est direct, violent, tout comme le batteur, Todd Trainer, qui donne l’impression de frapper ses fûts avec de véritables bûches. Une expérience immédiate, puisque l’album s’ouvre sur le bouillonnant “Prayer To God”, titre de moins de trois minutes où la voix rêche de Steve Albini ne s’encombre d’aucune métaphore. Il en appelle ici au Tout-Puissant pour commettre un double meurtre, celui de son ex-compagne, en douceur, mais par tous les moyens, et de son amant: “Kill him, just fuckin kill him” éructe-t-il. Véritable fil rouge, on retrouve l’influence de son divorce sur “Canaveral”, où il s’en prend une nouvelle fois à l’homme responsable de son cocufiage. Les paroles sont très imagées (“Stick his cock in my wife”), alors qu’il met en doute les intentions de cet homme. Le rock de la fin des années 80 n’est pas très loin, “Mama Gina” est dans la lignée des Pixies période Surfer Rosa (enregistré par Albini), alors que “Watch Song” nous propose un riff de guitare semblable à celui entendu sur “Kool Thing”, de Sonic Youth. Shellac nous offre un album d’une violence inouïe, véritable exutoire pour un Steve Albini plus remonté que jamais.

1000 Hurts (Touch & Go), sorti en 2000.

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