Le Mystère de La Femme

Chat sans poil ou créa­ture mal­faisante de la mytholo­gie grecque, le “Sph­ynx” de La Femme reste un Mys­tère. Le deux­ième album du groupe sort le 2 sep­tem­bre prochain et s’an­nonce aus­si riche que son préde­cesseur. Des tubes, de la cold wave et une mélodie six­ties plus tard, nous ren­con­tri­ons La Femme dans un café de la place des Vos­ges lors d’un bel après-midi ensoleil­lé. Affublé de cos­tumes et de maquil­lage loufoque, le sex­tet devait entamer le tour­nage du clip de “S.s.d” quelques heures plus tard, juste le temps pour nous de lui pos­er quelques qestions. 

On peut sen­tir une évo­lu­tion dans votre son, qu’est-ce qui a changé par rap­port à Psy­cho Trop­i­cal Berlin ?

Sur le pre­mier album, on a util­isé des boites à rythmes élec­tron­iques dans presque tous les morceaux, cou­plées à de la bat­terie. Pour Mys­tère, on a lais­sé la bat­terie pure. “Exor­ciseur”, “La Vague”… On a réus­si à obtenir de meilleurs sons de bat­terie alors plus besoin de les dou­bler. Ce qui a aus­si changé, c’est qu’on a mixé l’al­bum à Los Ange­les. Il y a le soleil, la fête, mais c’est finale­ment plutôt reposant. 

On retrou­ve tou­jours une thé­ma­tique pré­cise sur cha­cune des chan­sons, qu’est ce qui inspire vos textes ? 

Tous les textes décrivent ce qu’on a pu vivre ou ressen­tir à un moment don­né. Ce sont des his­toires ou des thèmes actuels mais qui pour­raient fonc­tion­ner à toutes les épo­ques finale­ment. Il y a quelques sujets tout de même plus récents comme dans “Sep­tem­bre” : de plus en plus de jeunes ne savent pas quoi faire de leur vie et la chan­son est un peu une réponse à ce phénomène. Ce sont par exem­ple des choses qu’on a nous-même pu enten­dre comme quand tes pro­fesseurs t’af­fir­ment que tu n’es pas au niveau, tu crois alors que tu idiot. Quand on te dit qu’un méti­er artis­tique n’est pas un vrai méti­er. C’est ce genre de paroles qui peu­vent vrai­ment remet­tre en ques­tion ta vision de ta vie.

Dans la track­list, on décou­vre “Mycose” : sens pro­pre ou fig­uré ?

Les deux. Enfin, plutôt sens pro­pre, puis ça dérive vers le sur­réal­isme. C’est ça qui est amu­sant, on peut com­pren­dre le morceau au sens fig­uré alors qu’on l’a ini­tiale­ment écrit au sens pro­pre. Quoi qu’il en soit, éloignez-vous des parasites.

La forme des cheveux de la femme sur la pochette du disque est plutôt imagée, c’é­tait fait exprès ? 

Non, pas du tout (rires). Le visuel du pre­mier disque, c’était une par­o­die de l’Origine du Monde de Courbet, on était déjà dans le thème. Mais pour Mys­tère, c’était une sur­prise parce qu’à l’o­rig­ine, la fille devait être de face sur la pochette mais l’artiste, Lib­er­a­tor, a pro­posé d’y voir la fille de dos, avec des choses dans les cheveux. Il nous a envoyé celle-ci et on a vrai­ment adoré, ça nous a par­lé finalement. 

Un des morceaux s’in­ti­t­ule “Tatiana”. Qui est-elle ?

C‘est une fille, qui était sexy dans un club. Elle existe dans la vraie vie.

Deux clips sont déjà sor­tis, “Sph­ynx” et “Où va le monde”, et ils sont très dif­férents visuelle­ment. Ca pour­rait porter à confusion. 

Si on devait dévoil­er des titres avant la sor­tie de l’al­bum, c’était intéres­sant pour nous de ne pas rester dans une con­ti­nu­ité. C’est un peu comme une bande-annonce du disque alors on voudrait mon­tr­er sa richesse musi­cale. “Sph­ynx” a quelque peu trompé les gens au niveau du style mais avec “Où va le monde”, on les a remis dans la bonne direc­tion. L’un des prochains clips sera “Le vide est ton nou­veau prénom” car c’est pour nous le titre le plus opposé à “Sph­ynx”.

Qui s’oc­cupe de la réal­i­sa­tion ?

On a co-réalisé ‘Sph­ynx” avec Aymer­ic Berga­da du Cadet. C’est lui qui s’occupait de tous nos cos­tumes aupar­a­vant. Etant don­né qu’on a dépen­sé tout notre argent pour ce clip, on avait plus telle­ment de bud­get pour les autres alors on a voulu exploiter d’autres fron­tières et aller vers des choses plus min­i­males, plus frontales. “Où va le monde” par exem­ple : la chan­son est un peu sérieuse alors c’était mieux d’il­lus­tr­er l’inverse en image, de faire quelque chose de sim­ple et nor­mal. On pré­pare d’autres clips pour “Mycose”, “Tatiana”, “S.s.d”, pas pour tous les titres mais le plus pos­si­ble en tout cas. 

Vous chantez en arabe sur le pre­mier titre du disque, “Al War­da”. Pourquoi chang­er du français ?

Clé­mence chante en arabe surtout parce que c’était joli et puis une de nos copines chante dans cette langue, ça nous a intrigué et on a voulu essay­er. Les paroles sont quasi-identiques à celles chan­tées en français, c’est plutôt de la tra­duc­tion. Ce morceau ne veut finale­ment pas dire grand-chose, c’est à toi d’imaginer ce que tu veux. 

Trois ans se sont écoulés depuis Psy­cho Trop­i­cal Berlin. Vous avez mis plus de temps à com­pos­er Mys­tère

Non, si on pou­vait sor­tir le troisième dans six mois, on le ferait. Mais si on prend notre temps c’est surtout pour que le disque soit de bonne fac­ture, qu’on en soit fier. On a mis autant de temps à le com­pos­er que Psy­cho Trop­i­cal Berlin mais c’est tout ce qu’il y a autour qui a demandé plus de temps.

Quel est votre rap­port à la scène ? 

L’idéal, c’est d’al­tern­er entre la scène et le stu­dio. La scène te per­met de voy­ager, de ren­con­tr­er plein de gens, de faire des con­nex­ions avec le pub­lic. Pour nous, les deux facettes sont impor­tantes, au même niveau. 

Expliquez-nous le titre de l’al­bum. Mystère ? 

On s’était fait appel­er comme ça pour la bande-son du défilé de St Lau­rent qu’on avait com­posé, alors dis­ons que tout se rejoint. “Mys­tère”, c’est un mot valise et surtout un nom qu’on a tou­jours util­isé pour des side-projects ou des pre­mières par­ties, quand on ne pou­vait pas annon­cer La Femme. 

Après cette expéri­ence, vous aimeriez com­pos­er des bandes-son de films. Quel serait votre rêve ? 

On aimerait vrai­ment pou­voir réalis­er un jour une BO de ciné­ma. Nos rêves : Taran­ti­no, Tim Bur­ton, Robert Zemeck­is ou un nou­veau genre comme Gas­pard Noë, avec des images fortes. 

Et la suite ? 

Un troisième album, des EPs, des BO, faire un film sur l’histoire d’un gars et d’une fille où il se passe plein de choses… Faire un Paris-Biarritz à pied et de la musique en Papouasie.

Décou­vrez les morceaux extraits du disque dans le dernier live de La Femme à la Route du Rock 2016

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