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Le photojournaliste Jacob Khrist en garde à vue pour “complicité d’exhibition sexuelle” et “rébellion”

La vidéo mon­trant l’ar­resta­tion plus que mus­clée du pho­to­jour­nal­iste Jacob Khrist — qui cou­vre la nuit parisi­enne et les fes­ti­vals pour de nom­breux médias, dont Tsu­gi — a fait le tour du web hier. Et pour cause : alors qu’il pho­tographi­ait une action des Femens à Henin-Beaumont, le fief de Marine Le Pen, il a été plaqué au sol par deux hommes sans bras­sard, l’écras­ant et menaçant son matériel. Pour­tant, Jacob ne fai­sait que son tra­vail, et c’est ce qu’il répète dans ces trente sec­on­des filmées par la jour­nal­iste espag­nole Car­men Diaz Gon­za­les, qui écrit “voilà com­ment le ser­vice de sécu­rité de Marine Le Pen traite la presse. Dégoût”.

 

Mais depuis cette vidéo, impos­si­ble de savoir ce qu’il advient exacte­ment du reporter. Nous avons con­tac­té Wil­frid Estève, du Stu­dio Hans Lucas qui représente Jacob : “il a été mis en garde à vue à Lens, arrêté pour com­plic­ité d’ex­hi­bi­tion sex­uelle et rébel­lion. Mais quand je vois la vio­lence de cette vidéo, je me demande bien où est la rébel­lion. Ces deux hommes n’ont pas de bras­sard, on ne sait pas qui ils sont, c’est illé­gal d’ar­rêter quelqu’un comme ça”, explique-t-il. “J’ai appelé le com­mis­sari­at, pour expli­quer que Jacob est un pho­tographe pro­fes­sion­nel, qu’il suiv­ait une action des Femen comme d’habi­tude, mais ils ne m’ont don­né aucune infor­ma­tion”. Même les proches et la famille de Jacob n’ont pas pu avoir de con­tact avec le pho­tographe, qui, comme le pré­cise Wil­frid Estève, “a l’habi­tude de cou­vrir ce genre d’événe­ments, c’est un pro­fes­sion­nel… Mais on n’a jamais vu quelque chose comme ça”. Une seule chose est con­fir­mée du côté de Wil­frid Estève pour le moment : sa garde à vue a été pro­longée de 24 heures en fin de mat­inée. Pour rap­pel, une garde à vue peut être pro­longée jusque 48 heures dans un cas comme celui de Jacob (72 pour traf­ic de drogues et même 96 ou 144 heures en cas de risque ter­ror­iste). Mais toute per­son­ne placée en garde à vue a égale­ment le droit à un avo­cat et à être mis en con­tact avec sa famille si cela ne nuit pas à l’enquête.

La rédac­tion de Tsu­gi demande alors la libéra­tion de son col­lab­o­ra­teur Jacob Khrist, qui ne fai­sait que son tra­vail, ain­si que la resti­tu­tion de son matériel.