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2 décembre 2019

Les 25 meilleurs albums de 2019

par Tsugi

La fin de l’année et son lot de marronniers : les gens qui se tapent dessus à Black Friday, les idées de cadeaux de Noël, les bons plans du Nouvel An… Et, bien sûr, les tops. Meilleurs films, meilleures séries, meilleurs coupes de pull-over, meilleures activités de team-building-disruptif-pour-start-up… Bref, on se moque, mais chaque année quand vient décembre, nous aussi nous tombons les pieds joints dans les bonnes vieilles habitudes, et la rédaction se réunit dans une petite pièce sans fenêtre pour s’écharper sur son top de fin d’année le plus ultime : celui du meilleur album. Mais bonne nouvelle, 2019 était plutôt un grand cru, et ces 25 albums risquent fort de se retrouver toujours dans nos playlists une fois la Saint-Sylvestre passée. En attendant l’ensemble de nos tops dans notre numéro de décembre-janvier (en kiosque le 7 décembre), petit tour d’horizon.

Cassius – Dreems [CAROLINE/UNIVERSAL]

Difficile que d’écrire sur cet excellent disque, peut-être le meilleur de l’histoire de Cassius, pour lequel le duo Zdar-Boombass avait travaillé en toute liberté et dont ils étaient très fiers quelques semaines avant sa sortie (voir Tsugi 123). Mais le 19 juin, deux jours avant la naissance de l’album, Philippe Zdar, l’une des figures emblématiques de la French Touch et producteur de génie pour MC Solaar, Phoenix, Sébastien Tellier ou même Kanye West, meurt dans un tragique accident. On continuera de rêver longtemps avec ce Dreems éminemment positif, solaire, spontané, en forme de déclaration d’amour à la house music. A l’image de Zdar, donc.
Le titre : « Fame », le point de départ de ce disque où tous les morceaux s’enchaînent harmonieusement comme dans un DJ-set.

Kompromat – Traum Und Existenz [CLIVAGE MUSIC]

C’est peut-être le disque qu’on aura le plus poncé cette année, ou pour sûr le plus entendu en festival : Traum und Existenz, le premier album de Kompromat, l’alliance magique – sept ans après « La Mort sur le dancefloor » – de Vitalic et Rebeka Warrior. Influences kraut, électro qui déboulonne et paroles en allemand, le tout prend toute sa dimension en live, strobos et catharsis en avant.
Le titre : « Le Goût des cendres », apocalypse poisseuse et incantatoire.

Special Request – Offworld [HOUNDSTOOTH]

« Et si Jam & Lewis avaient signé sur Metroplex ? » s’est demandé le Britannique, qu’on connaît aussi bien sous son nom civil Paul Woolford. Si on le dit d’une autre manière, ce dernier volet d’un triptyque stellaire fait entrer r&b et electro de Detroit en collision – et place définitivement Special Request au panthéon des meilleurs projets anglais de 2019.

Le titre : « Arse End Of The Moon », parce qu’une touche de breakbeat ne fait jamais de mal.

Redrago – Redrago [LIFE AND DEATH]

Un disque à classer au rayon Q »disco falafel avec un quart de sauce spaghetti » : voilà comment les Red Axes, zinzin duo ultra-créatif israélien, décrit sa collaboration avec l’Italien DJ Tennis, boss du label Life and Death ayant, à l’écoute de ce disque italo-disco/psyché/house/baléarique/perché, tout de même réussi à canaliser un poil la folie douce de ces comparses. L’équilibre est bien là entre les trois, et l’album, totalement inclassable, conquiert sans peine. Avec ou sans falafel.
Le titre : « Rave n’ Roll », délicieuse entrée en matière qui part dans tous les sens mais arrive à ne pas se casser la gueule pour autant, grâce à quelques bruitages psyché, un sens inné de la mélodie et une bonne dose de good vibes.

Agoria – Drift [SAPIENS/MERCURY/UNIVERSAL]

Agoria s’est autorisé un dérapage contrôlé en 2019 avec Drift. Le producteur lyonnais a mis un pied dans la pop avec ce cinquième album studio, sans pour autant sauter dedans les pieds joints. En effet, le cofondateur du label Infiné et de Nuits Sonores propose une variété de styles dans les dix titres de l’album avec de la pop donc dans “Remedy”, un peu de techno dans “Dominae” ou encore du rock hybride dans “Call Of The Wild”. Drift, c’est la définition même de l’éclectisme cohérent.

Le titre : “Computer Program Reality”, une balade cosmique au sein d’un programme d’ordinateur.

Little Simz – GREY Area [AGE 101/PIAS]

Si la scène rap anglaise se porte bien ? La question ne se pose pas, et encore moins avec ce troisième album de Little Simz. Le dix titres de la rappeuse londonienne marque sa consécration en tant qu’artiste indépendante, et elle l’assume parfaitement dans son titre “Boss” : “Je suis une boss dans une putain d’robe”. Outre ses punchlines, Little Simz aligne un flow impressionnant et varié au fil de ses morceaux. C’est pas pour rien que Kendrick Lamar et Jay-Z ont reconnu son talent.

Le titre : “Venom” pour l’instru et le flow inquiétants.

Paranoid London – PL [PARANOID LONDON]

Cette année, le duo britannique Paranoid London revenait de plus belle après seulement un an d’absence. Entre dance et minimale, Quinn Whalley et Gerardo Delgado livraient en août dernier un deuxième album, PL. Figurent de belles collaborations, notamment avec Josh Caffe, Arthur Baker, ou encore Mutado Pintado, ancien du groupe post-punk Warmduscher.

Le titre : « Nobody Watching », robotique et corrosif.

Danny Brown – uknowhatimsayin¿ [WARP]

Le 4 octobre dernier, Danny Brown livrait uknowhatimsayin¿, un album aux propos bien plus colorés que les précédents. Côté musique, le rappeur garde sa recette traditionnelle du rap de Detroit. Les onze titres s’inscrivent dans la même veine : un flow old school, des prods boom bap et des featurings de qualité (Blood Orange, JPEGMAFIA, Run The Jewels…). Combo gagnant. Bref, le LP est lumineux, et Danny Brown vit sa « Best Life ».

Le titre : « Savage Nomad », sans hésiter. Entre deux scratchs, Danny Brown livre un rap (comme son nom l’indique) sauvage et rythmé.

French 79 – Joshua [ALTER K]

Pour ce nouvel album, le nom de Joshua apparaissait comme une évidence pour French 79 (alias Simon Henner). Il tient son nom de l’ordinateur doté d’une intelligence artificielle dans le film Wargames (1983), mais aussi du mythique voilier du navigateur Bernard Moitessier. Le Marseillais s’est aussi bien inspiré de navigation que de science fiction, et ça fait son effet. Entre nappes synthétiques calmes sur « Louise and Thelma » et l’agressif « Quartz », c’est un gros coup de coeur.

Le titre : « Hometown », un trip spatial très 80’s.

The Chemical Brothers – No Geography (MERCURY/UNIVERSAL)

Vingt ans après Surrender, la musique de The Chemical Brothers n’a pas pris une ride. Le neuvième album No Geography le prouve, le duo mancunien réussit toujours à nous faire danser sur des titres originaux et psychédéliques comme “We’ve Got To Try”. Les Chemical n’oublient pas la touche mélancolique dans “Catch Me I’m Falling” et nous submergent d’émotions.

Le titre : “Got To Keep On”, ok c’est évident, mais en trois secondes le morceau arrive à nous faire croire que l’on peut danser comme John Travolta dans Saturday Night Fever, c’est dire.

Anna Meredith – Fibs [MOSHI MOSHI]

Nos coeurs s’étaient emballés au rythme effrenné de « Paramour », et avaient été apaisés par de douces voix modulées sur « Divining ». Anna Meredith livrait il y a quelques mois l’album FIBS. Entre rock (« Limpet »), électronique (« Inhale Exhale ») et classique (« moonmoons »), la productrice et compositrice londonienne fait le tour des spectres sonores avec une agilité envoûtante.

Le titre : l’épopée spatiale de « Calion ».

Locked Groove – Sunset Service [HOTFLUSH]

Attention, musique de club ultra-efficace en approche, infusé de sons nineties, références à la rave anglaise et autres influences de techno belge (sur « Eden », le Flamand va jusqu’à sampler un très limpide « I am from Belgium »), qui n’a pas pour autre ambition que de faire danser son monde. L’objectif est rempli, et on prendra même plaisir à écouter ce disque de coucher de soleil à la maison.
Le titre : « Soma », ses breaks, et ses samples de voix qui pourraient ressembler à du Moby si le défenseur des animaux ne passait pas plus de temps à militer qu’à produire – ce qui n’est pas un mal hein.

Jacques Greene – Dawn Chorus [LUCKYME]

Deuxième album pour le producteur canadien Jacques Greene où il explore l’ambiance rêveuse et singulière de l’après soirée. Ce moment aux multiples facettes, en équilibre dans l’espace-temps. Avec ce Dawn Chorus, il voulait faire de la musique « sur le club, plus que pour le club« . C’est chose faîte avec les douze morceaux du disque qui sont des merveilles de musique électronique contemplative. À grands coups de synthés et de percussions saturées, il nous emmène avec lui au crépuscule, là où tout semble possible.

Le titre : « Sibling », et ses boucles exquises qui résonneront un bon moment en vous.

Tyler, The Creator – IGOR [COLUMBIA/SONY MUSIC]

Tyler, The Creator sortait Igor en mai dernier. Depuis, on ne le quitte plus. Au fil du LP, notre rappeur californien se construit une image aussi décalée qu’attachante. Voix écorchée, arrangements volontairement imparfaits : Tyler, The Creator laisse tomber le masque et se montre plus spontané et pur que jamais. Il dévoile douze titres à mi-chemin entre jazz et rap. À l’écoute de cet album, on ne peut ressentir que tendresse et mélancolie. Du génie.

Le titre : Le choix a été (super) difficile, mais c’est « Puppet ».

I Hate Models – L’Âge des métamorphoses [PERC TRAX]

Les passions, la solitude, la violence. C’est ce qu’I Hate Models transmet dans son LP L’Âge Des Métamorphoses paru en juillet dernier sur le label londonien Perc Trax. Le producteur français livre douze titres d’une techno balafrée. Il engage sur « The Beginning Of The End »- qui porte bien son nom. S’en suivent les sonorités acid et industrielles de « Sexual Tension » et une excursion dans une autre dimension sur « Crossing The Mirror ». Brillant.

Le titre : « Romantic Psycho » pour sa techno écorchée et psychédélique.

SebastiAn – Thirst [ED BANGER/BECAUSE]

Ça faisait huit ans qu’on l’attendait et contrairement à un autre « prince noir de l’électro », cet album valu son attente. Parce qu’il concrétisait tout ce qu’on attendait d’un Pur-sang d’Ed Banger et allait même au-delà. Turbine et râpeux côtoyaient délicatesse vocale et talentueux songwriting, l’électro rencontrait la pop sans malaise aucun. Un disque essentiel d’un SebastiAn au sommet de son art et d’une French Touch encore bien vivante.
Le titre : « Thirst », pour une ouverture d’album aussi fracassante qu’une Chevauchée des Walkyries.

Plaid – Polymer [WARP/DIFFER-ANT]

Le duo britannique a marqué 2019 avec Polymer. Ce dixième album plein de contrastes nous plonge dans l’univers expérimental électronique typique de Warp, sans nous perdre pour autant. Le tempo peut parfois être déstabilisant comme dans “Recall”, mais les textures douces de certains titres comme “Dust” viennent calmer le jeu, et donnent envie de s’enrouler dans un plaid, sans mauvais jeu de mot bien sûr.

Le titre : “The Pale Moth”, pour son rythme inattendu et sa capacité à faire frémir le dancefloor.

Sebastian Mullaert – A Place Called • Inkonst [KONTRA MUSIK]

Quand il n’officie pas avec Markus Henriksson au sein du duo Minilogue, le Suédois Sebastian Mullaert laisse sa techno vivre encore plus librement, donnant beaucoup d’espace à l’improvisation, à l’IDM, et à tout plein de genres commençant par « deep », comme ici avec A Place Called – Inkonst. Et c’est réussi.
Le titre : « Embrace Space » et la douceur de ses nappes.

Underworld – Drift Series 1 Sampler [SMITH HYDE PRODUCTIONS/CAROLINE]

Il faut être honnête… C’est un peu compliqué à comprendre cette histoire de Drift Series 1. Essayons de résumer : pendant un an, le duo derrière le culte « Born Slippy » immortalisé par Trainspotting s’est amusé à sortir chaque semaine des morceaux et clips inédits, disponibles dans un premier temps en free download et maintenant réunis dans un copieux coffret CD/Blu-Ray et dans une version « sampler » ramassée sur un seul disque – une sélection de dix morceaux, le haut du panier de cette folie stakhanoviste.
Le titre : « Border Country », featuring de techno-qui-galope et voix fantomatiques avec Ø [Phase].

Denzel Curry – Zuu [LOMA VISTA]

Douze titres suffisent à montrer le talent de Denzel Curry. Le rappeur américain, encore trop sous-côté à notre goût, sait choisir les instrus efficaces correspondant à son flow acéré. Les titres “Ricky” et “Birdz” en témoignent. Ils annoncent de fortes perturbations (entendre pogos) le 9 décembre prochain à la salle Wagram. Le concert est complet. Coïncidence ? Je ne crois pas.

Le titre : “Speedboat” pour la délicatesse du piano qui tranche avec la voix dure de Denzel Curry.

Jas Shaw – Exquisite Cops [DELICACIES]

L’échappée solo de la moitié de Simian Mobile Disco, personnage de l’ombre qui lutte depuis la sortie de Murmurations – le génial album vocal de SMD et une chorale dévoilé l’année dernière – contre une maladie rare. Ça ne l’a pas éloigné pour autant des studios, ni adouci ses velléités techno.
Le titre : « When The Whip Descends », ritournelle tout en crescendo et decrescendo, tendance mentale et acid, où les boucles techno jouent aux montagnes russes avec le tympan.

Bjarki – Happy Earthday [!K7/DIFFER-ANT]

Vous êtes venus chercher un autre banger techno façon « I Wanna Go Bang » ? Ce ne sera pas dans ce « vrai premier album » de l’Islandais Bjarki, propulsé en 2015 par Nina Kraviz et considéré par beaucoup comme une honnête descendance d’Aphex Twin. Non, ici, Bjarki Rúnar Sigurðarson se la joue intime, sentimental et ambient avec un long quinze tracks en forme de « fenêtre sur son âme » et réussit à nous faire chavirer.
Le titre : « ( . )_( . ) », un morceau qui sent à la fois la puissante nature islandaise et le patrimoine musical de l’Angleterre avec son breakbeat impeccablement tordu.

Velvet Negroni – Neon Brown [4AD/BEGGARS]

Un peu de douceur dans ce monde de brutes, c’est tout ce qu’on demande. Velvet Negroni l’a entendu, compris et retranscrit en musique dans Neon Brown, un deuxième album r’n’b qui détonne dans le genre. Le chanteur et musicien de Minneapolis nous a conquis avec sa voix aiguë et sensuelle. Ses productions éthérées tantôt électroniques, tantôt très organiques dans “One One” ou “Wine Green” amènent sans conteste l’auditeur au septième ciel.

Le titre : “Choir Boy” donne des frissons.

Robag Wruhme – Venq Tolep (PAMPA/BIGWAX]

Aussi cliché que ça puisse paraître, Venq Tolep est un voyage musical. Robag Wruhme (alias Gabor Schablitzki) nous balade entre le réel et le fantastique, avec des langages du monde entier sur « Ende #2 » et des morceaux titrés dans un dialecte extra terrestre. Le producteur livre onze titres à mi-chemin entre pop et house nostalgique.

Le titre : « Nata Alma » : morceau planant qui ne quitte pas nos playlists de retour de vacances.

Paula Temple – Edge Of Everything [NOISE MANIFESTO]

L’épique “Berlin” annonce la couleur sombre du premier album de Paula Temple, productrice radicale et engagée. Les sonorités de Edge Of Everything s’en ressentent. La techno est industrielle, les kicks frappent fort, les notes dissonnent, comme si Paula Temple voulait nous dire quelque chose : le monde va mal. On comprend donc mieux les titres apocalyptiques comme “Futures Betrayed” ou encore “Raging Earth”. En espérant que la productrice reste révoltée pour sortir des bombes similaires.

Le titre : “Raging Earth” mêlant mélodies inquiétantes et basses vrombissantes.

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