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18 décembre 2019

C’était pas simple mais voilà nos 10 meilleurs albums de la décennie

par Clémence Meunier

Alors qu’on s’apprête à entamer une nouvelle décennie (oui, certains comptent différemment, arguant que la fin des années 10 aura lieu dans douze mois seulement, mais zut), la rédaction de Tsugi s’est penché sur les albums qui ont le plus marqué depuis 2010. Dix choix, forcément subjectifs, forcément non exhaustifs, qui continuent à tourner sur nos platines et qui à leur époque étaient défendus dans les pages du magazine. Instant nostalgie, c’est parti :

Caribou – Our Love (2014)

C’est l’album qui a été le plus plébiscité (avec american dream de LCD Soundsystem, on y reviendra) par la rédaction quand a été lancée la question fatidique « c’est quoi vos albums préférés de ces dix dernières années ? »Our Love de Caribou, explosion de l’année 2014 pour le producteur canadien. Porté par ses hits extraits de Swim (« Sun », « Odessa »), son deuxième long-format sorti en 2010, Dan Snaith de son vrai nom explore un peu plus dans Our Love ses talents de songwriter mêlant pop et électronique. Et en cerises sur le gâteau une couv’ de Tsugi (avant une deuxième ce mois-ci) et une date magique au Pitchfork Music Festival parisien fin 2014, avec confettis, public conquis et tubes en pagaille.

Le titre : L’entêtant « Can’t Do Without You », un titre qui colle au crâne sans jamais être putassier.

Charlotte Gainsbourg – Rest (2017)

Révolution : après avoir plané avec Air ou folké avec Beck, le plus souvent en anglais, Charlotte Gainsbourg se dédie (presque) exclusivement à la langue française et s’accompagne de SebastiAn à la production pour Rest, son dernier album en date. Deux excellentes idées, chaque morceau de ce journal intime piochant ouvertement dans l’héritage musical paternel sans tomber ni dans le mélo, ni dans la naphtaline, avec en cadeau un titre éponyme produit par Guy-Man de Daft Punk.

Le titre : « Lying With You », qui évoque sans pudeur la vue du père sur son lit de mort. A la fois intime et universel.

Jeanne Added – Radiate (2018)

Trois après un premier album sépulcral (Be Sensational), Jeanne Added irradie dans ce disque de musique électronique toujours aussi bien chantée. Déjà en recevant l’album, ça a été un coup de coeur. Mais sont arrivés les lives, et là, coup de foudre : Jeanne danse en battant l’air comme à la boxe (qu’elle pratique), chante avec force et puissance, se met à nu dans la version « Both Sides » de la fin de sa tournée, au plus près d’un public toujours plus présent. L’une des plus belles tournées de ces dernières années.

Le titre : « Radiate » et sa tension palpable, où on est « en danger d’être le danger » (coucou Walter White !), à prendre en pleine face en live.

Jon Hopkins – Immunity (2013)

Vous rentrez de soirée, il fait encore nuit, peut-être qu’il pleut un peu. L’énergie est encore là, mais s’échappe par vos semelles à chaque pas sur le bitume, pour complètement s’éteindre une fois enfin sous la couette. Ce chemin, cette longue descente vers le calme retrouvé, a une bande-son : Immunity de Jon Hopkins. La première partie de l’album sent encore bon la fête, avant qu’un deuxième volet plus ambient ne prenne le relais. Dans les deux cas, une production d’horloger, entre cliquetis, basslines vrombissantes et inspirations classiques.

Le titre : « We Disappear » où l’on entend, avant une cascade de glitchs, la porte du studio de Jon Hopkins s’ouvrir : bienvenue dans l’un des meilleurs albums de l’histoire des musiques électroniques (oui oui).

Kaytranada – 99,9% (2016)

Sans prévenir, Kaytranada a frappé fort avec 99,9%. Ce premier album studio a prouvé à l’échelle mondiale à quel point le producteur montréalais savait manier et mêler le hip-hop, le disco et la soul sans difficulté. Un album de beatmaker, où se côtoient boucles de synthés entêtantes, basses rondes et rebondissantes ainsi que plusieurs collaborations – sans piocher dans les têtes d’affiches de l’industrie musicale américaine, Kaytranada a choisi d’y mettre en avant de jeunes talents comme Shay Lia, ainsi qu’Anderson .Paak, AlunaGeorge ou encore Syd, la chanteuse du groupe The Internet.

Le titre : « TRACK UNO », pour plonger directement dans l’univers dansant de Kaytranada. Pas besoin de la voix de qui que ce soit, c’est simple et efficace.

Lana Del Rey – Born To Die (2012)

Pour Billboard, « Born To Die » est la chanson qui a défini le son des années 2010, rien que ça. Mais à vrai dire, on n’est pas loin de penser la même chose, tant ce premier album de Lana Del Rey a imposé un style (le spleen d’une westcoast dopée aux vieilles vidéos hollywoodiennes, aux tatouages de bad boys, au skate et au hip-hop) et un son (chant maniéré, orchestrations riches avec cordes et grosses basses, paroles d’amoureuse transie quoiqu’un peu déprimée). En 2012, Lana était sur toutes les lèvres, qu’elle soit siliconées ou pas. Un vrai conte de fée : tout a commencé fin 2011 pour Lizzy Grant, chanteuse qui n’arrive pas à rencontrer le succès, avec le clip de « Video Games », collage fait maison sur une des plus jolies ballades et chansons d’amour de cette décennie. Et là c’est l’explosion, à tel point que les premiers lives de la chanteuse, pas encore tout à fait prête, frôlaient le catastrophique. On vous rassure, tout est rentré dans l’ordre depuis.

Le titre : « Video Games », parce que c’est par là que tout a commencé et parce qu’on est d’éternels romantiques.

LCD Soundsystem – american dream (2017)

Avec Our Love de Caribou, c’était la deuxième évidence de cette sélection : american dream, la charge anti-Trump (mais pas que) de LCD Soundsystem, exhumé par un James Murphy qui ose maintenant chanter plutôt que parler sur ses compos new-yorkaises. En 2011, on y avait pourtant cru à ces adieux en grande pompe des LCD, qui pour fêter leur séparation avaient organisé un massif concert au Madison Square Garden immortalisé dans le DVD Shut Up And Play The Hits. Ce n’était qu’un au revoir, tant mieux, le groupe de DFA alignant dix titres pour danser avec la larme à l’oeil, et pas un à jeter.

Le titre : « how do you sleep? », plus de neuf minutes de progression insomniaque où les claviers oscillent entre frappes synthétiques et sonorités organiques, une vraie montagne russe dans les oreilles.

Paradis – Recto Verso (2016)

Le pari était très risqué. Les (faux) frères ennemis Simon Meny et Pierre Rousseau ont réussi à conjuguer chanson française élégante et house musique classieuse. Leur premier et unique (ils se sont séparés à force de s’engueuler) album est un bijou qui comblera autant un.e passionné.e des Masters At Work que de…Vincent Delerm. Fou non ? C’est ça l’effet bonheur d’un duo atypique dont on a aussi pu observer la montée en puissance en concert au fil d’une tournée triomphale. Fumez le calumet de la paix les gars.

Le titre : « De semaine en semaine », parce qu’on tous eu « de semaine en semaine, les dents serrées sur le BPM ».

Tame Impala – Currents (2015)

Ce troisième album marque un tournant dans la carrière de Kevin Parker, le mastermind derrière Tame Impala. D’un rock où les guitares étaient omniprésentes, il s’en est allé explorer des contrées plus pop, là où les synthés font leur loi. Et il n’y a pas à dire, ça lui réussit merveilleusement bien. Plus simple, plus directe, moins trituré : un vrai petit chef d’oeuvre.

Le titre : « Let It Happen » et ses quasi huit minutes de rythmes psychotiques, synthétiseurs exaltés et chant léger et nostalgique.

Woodkid – The Golden Age (2013)

On le connaissait déjà vaguement pour ses clips pour Yelle, Moby, Katy Perry ou Taylor Swift, mais c’est en 2011 que Yoann Lemoine a réellement débarqué sur nos petits écrans d’ordi : non seulement il est derrière les vidéos de « Born To Die » et « Blue Jeans » de Lana Del Rey (voir plus haut), mais c’est également cette année-là qu’il sort « Iron », son premier morceau-clip sous le nom de Woodkid – une impressionnante épopée en noir et blanc avec chiens, chevaux, chouette, mannequins, slow-motion et tambours, sur fond de cuivres, de voix suave et en gros de tout ce qu’un orchestre peut offrir. Woodkid n’est pas branché minimalisme, et quand arrive l’album deux ans plus tard, la recette reste la même : on balance tout dans la marmite et, une fois que c’est cuit (et, tant qu’à faire, clippé), on se reçoit tout ça en pleine figure. Heureusement qu’on a bon appétit : The Golden Age continue encore aujourd’hui à squatter nos playlists. Et bonne nouvelle, il prépare son retour pour 2020 !

Le titre : « I Love You » et son clip à baleines, son amour contrarié et sa grandiloquence toute woodkidienne.

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