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Pongo (Crédit : Sylvain Ternard)
12 avril 2019

Les Noces Félines : le carnaval électronique des chats globe-trotters

par Pier-Paolo Gault

C’est à ne plus savoir où nous sommes ! Lorsque l’association Velours nous convie du 4 au 6 avril à ses Noces Félines dans l’historique Palais du Tau, à Reims, juste au pied de la Cathédrale des rois, et nous coiffe de son mythique masque de chat, nous sommes propulsés dans un intrigant carnaval où les félins deviennent princes, où les mélomanes deviennent voyageurs. La particularité du festival : nous faire découvrir le patrimoine rémois au travers de trois soirées-thématiques qui explorent chacune un recoin du globe, entre aurores boréales, chaleur équatoriale et psychédélisme oriental. Lorsqu’on entre aux Noces Félines, on est surpris par la beauté du lieu, et plus encore par les sublimes animations vidéos de Velours projetées directement sur les murs du monument.

Crédit : Sylvain Ternard

Pour la première noce, donc, décollage immédiat vers le Nord, avec la soirée “Hypnose Boréale”, dédiée aux musiques électroniques – qui sera à nos yeux la plus réussie du festival. Départ haut en psychédélisme lorsque, pour accéder aux festivités, nous devons traverser un long couloir inondé de formes lumineuses qui semble être l’entrée vers une autre dimension. Et c’est le cas. Une fois arrivé au bout, le jazz nocturne du quintette britannique Alfa Mist résonne déjà, gracieux et agile, tandis que les chats commencent à pointer le bout de leurs museaux et à proliférer dans la pièce. Et il y a une drôle d’odeur dans l’air… patchouli et cassis poivré, nous décrira le stand de B.A.S.I.C, parfumeur rémois, qui répandra un nouveau parfum chaque soir dans la salle selon la thématique du jour. Ainsi, règne une atmosphère magique et déconcertante : nous ne sommes plus au Palais du Tau, mais dans un lieu autrement unique, entre le château, la cave jazz et la rave electro… Car Magnetic Ensemble a commencé à jouer. A partir d’instruments acoustiques, le quatuor français balance sa techno à la fois poignante et dansante. Le public se laisse lentement hypnotiser. Et ce n’est que partie remise, avec Ouai Stéphane qui suit. Le jeune producteur encore peu connu, mais fort poli, se présente : “Salut, moi c’est Stéphane et je vais euh… faire de la musique !”. Cette phrase, samplée, se répétera de bout en bout du morceau sur fond de techno lourde et de gros beats. Ouai, ouai, c’est loufoque, absurde, mais tellement bon ! Un peu comme un certain Jacques, en fait.

Magnetic Ensemble (Crédit : Axel Coeuret)

Coup de chaud immédiat le deuxième soir, où l’on navigue vers l’équateur avec “Frénésie Tropicale”. Pamplemousse et bois ambré dans l’air, les cinq Néérlandais de The Mauskovic Dance Band font se trémousser la foule sur leurs rythmes brésiliens forts bien faits, et la très attendue angolaise Pongo (“vite, vite, Pongo a commencé !” entendions-nous un peu partout) livre une electro-RnB aussi poignante que sensuelle. La foule est frénétique jusqu’à la fin de la soirée.

Sofiane Saidi (Crédit : Sylvain Ternard)

“Quand on pense qu’il y avait des rois et des reines qui faisaient la fête ici… Jamais ils n’auraient cru qu’un Algérien comme moi serait là un jour !”, lance Sofiane Saidi le lendemain. Et comment ! Nous sommes désormais dans un palais arabe avec la dernière soirée de clôture, nommée “Transe Orientale”, inédite dans l’histoire des Noces Félines et très réussie. Le duo français Ko Shin Moon, maquillé et en tenue traditionnelle, nous abreuve d’une techno psychédélique saharienne. Le masque devant les yeux, on se prendrait presque pour un Chat du rabbin en train de déambuler dans les rues d’Alger… Quand vient enfin l’une des têtes d’affiche majeures du festival, Guido Minisky, moitié d’Acid Arab, pour un DJ-set de deux heures. Le bouquet final d’un festival voyageur : on passe allègrement d’un funk américain à du Acid Arab, de Peggy Gou à la Mano Negra et même de la musique classique à de la drum and bass ou du hardcore. Finalement, le calme revient sur le Palais du Tau vers trois heures du matin. Nous nous retrouvons dans les rues de Reims. Cette excellente édition des Noces Félines nous l’aurait presque fait oublier.

Meilleur moment : « Ouai ? Ouai ! Ouai, ouai. »

Pire moment : Les gens qui veulent des drops bêtes et méchants pendant Magnetic Ensemble et qui le font un peu trop savoir à leur entourage.

En prime, un magnifique court-métrage sur le festival, réalisé par les producteurs rémois du Cercle Méliès :

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