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5 décembre 2018

M pour Montréal, assaut hip-hop

par Patrice Demailly

Désormais incontournable rendez-vous pop pour prendre le pouls des artistes émergents canadiens, le festival M pour Montréal attire toujours autant de professionnels internationaux de l’industrie musicale. Cette treizième édition, qui a mis l’accent sur la belle vitalité de la scène hip-hop, n’a pas oublié d’inclure dans sa programmation la déjantée étoile montante Hubert Lenoir. Zoom sur quatre de nos coups de coeur.

Loud

C’est le rappeur qui a pris le pouvoir dans la Belle-Province. Une année record, titre d’album d’album à l’instinct prophétique. Lors de la cérémonie de l’ADISQ, l’équivalent des Victoires de la musique, il a reçu le trophée de l’artiste québécois qui s’est le plus illustré hors de hors de ses terres ainsi que celui de l’album hip-hop. « Toutes les femmes savent danser »? Première chanson de rap à être numéro un en radio là-bas. Belle récolte pour celui qui s’appelle au civil Simon Cluche Trudeau. Rien d’étonnant alors à ce que la salle mythique du MTelus soit bondée. Rien d’étonnant, toujours, à ce que les lèvres des détenteurs du fameux sésame remuent à l’unisson du flow alerte du gaillard. Ses punchlines se sont déjà recyclées dans tout le pays. Loud crée de l’optique à chaque phrase, décale, met en parallèle, traque la poésie. Pas de masque ni d’armure, encore moins de postures provocatrices. Les mots, leur sens, son charisme, les beats mènent sans relâche la danse. Sur son trône, le DJ Ajust balance des sirènes et des basses dantesques. 56k, tornade estivale à la rythmique dancehall, se taille la part du lion. Il ne s’agira pourtant pas – et on peut déjà l’assurer – d’un enthousiasme de saison.

Richard Reed Parry

Un ajout de dernière minute dans la programmation alors que les hostilités avaient déjà débuté. Richard Reed Parry, espiègle multi-instrumentiste à la chevelure rousse du groupe Arcade Fire qui n’en est pas à son premier projet solo en parallèle (Music for Heart and Breath, disque de morceaux instrumentaux et contemporains en 2014). Immersion ici au coeur de la Satosphère de la Société des arts technologiques pour découvrir quelques titres du premier volume de Quiet River of Death (le second est prévu au printemps). Sous le dôme, le public est invité à s’affaler sur des coussins. Qu’est-ce que nous a offert Richard Reed Parry ? Une allégorie autour du cycle de la vie, une infinité de détails soniques, des constructions toujours mouvantes, des écrins de velours hallucinatoires. Il défroque le folk en songeant à des apocalypses cosmiques et naturels. Des projections 360° de forêts mystérieuses ou en surface d’une rivière accentuent la dimension hypnotique. Une expérience aussi bien métaphysique que psychédélique, planante et happante. On aurait encore joué volontiers les prolongations.

Antoine Corriveau

Il demeure, plus que jamais, un authentique trésor. Trésor qu’on a le privilège de côtoyer de son vivant. Antoine Corriveau était en vitrine – entendre par là show case – à M pour Montréal mais c’est à Coup de coeur de francophone, autre festival de novembre de la ville lumière, qu’on a pris définitivement conscience de sa grâce inouïe. Ce soir-là, Corriveau célébrait le lancement de son majestueux EP Feu de forêt au Club Soda. Dispositif particulier pour cette date unique avec une scène centrale surélevée, de l’ambisonie et les projections-illustrations de Mathilde Corbeil. Le garçon est trop concentré sur son ouvrage pour bomber le torse et porter le front haut. Dans le calme qui suit la tempête, on le trouve réfugié sur les terres calcinées d’un folk introspectif et superbement accidenté. Il offre à chaque chanson un supplément de vie et d’émoi. Voix à fleur de peau. Paroles d’une entêtante noirceur. Antoine Corriveau dresse une toile orageuse à des histoires d’humains déçus. Ses flammèches chancelantes éblouissent, consolent et réchauffent. On risque de s’y brûler longtemps.

Jacobus

A ce membre originel du tandem Radio Radio, la palme de la bonne humeur communicative et de l’énergie tonitruante. Pas besoin de round d’observation chez Jacobus qui ne devrait pas tarder à publier un deuxième album solo. Celui-ci sait mieux que personne faire grimper la température. Ca commence à tambour battant et ça se termine dans la même dynamique. Electro-pop teintée de hip hop à la fois décomplexée, accrocheuse et explosive. Plein de petits tubes à surfer sur les zygomatiques bien crampés. Et charisme assez criant du bonhomme pour nous retenir dans ses filets. « Ma vie c’est un movie » provoque sourire béat et fourmillements des membres inférieurs. Une vraie bombe pour dance-floor.

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