đșđ Ma premiĂšre fois en club : les artistes racontent (ep. 1)
Tous les Ă©tabÂlisseÂments ont rouÂverts. Tous ? Non, les clubs et disÂcothĂšques de France patienÂtent encore et touÂjours Ă cause du Covid-19 et le temps se fait long, trĂšs long. Alors quoi nous metÂtre sous la dent en attenÂdant cette rĂ©ouÂverÂture en juilÂlet ? Bien sĂ»r les open airs, heureuseÂment, et les fesÂtiÂvals ! Mais ausÂsi les souÂvenirs des meilleurs moments que lâon a passĂ©s dans ces salles somÂbres. ParÂmi ces souÂvenirs, il y en a un plus mĂ©morable que les autres, câest celui de sa preÂmiĂšre fois. Quâelle soit au PanoraÂma Bar pour ThĂ©o Muller ou au Trendy de TourÂnai pour Le Vrai Michel, la preÂmiĂšre fois est touÂjours une sacrĂ©e hisÂtoire, quâartistes ou perÂsonÂnalÂitĂ©s ont bien voulu nous raconter.
Vitalic, lâAn-Fer de Dijon et lâarrĂȘt du trombone
La preÂmiĂšre fois que je suis renÂtrĂ© dans un club câĂ©tait au tout dĂ©but des annĂ©es 90 Ă lâAn-Fer de Dijon, club mythique qui a créé de nomÂbreuses vocaÂtions. JâĂ©tais au lycĂ©e en secÂonde et notre petit groupe techÂnoĂŻde a mis du temps avant de poussÂer la porte du club, entre crainte et exciÂtaÂtion, tant la rĂ©puÂtaÂtion du lieu Ă©tait sulÂfureuse. Une fois le danceÂfloor remÂpli, câĂ©tait strob et fumĂ©e Ă fond, sans disÂconÂtinÂuer jusquâĂ la ferÂmeÂture. Nous sommes vite renÂtrĂ©s dans une sorte dâivresse due aux flashs du stroÂboÂscope et aux BPMs. CâĂ©tait comÂplĂšteÂment fou, le pubÂlic Ă©tait trĂšs mĂ©langĂ©, bienÂveilÂlant et festif.
âJâai eu la senÂsaÂtion de vivre quelque chose dâincroyable, que le monde nâexistait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre.â
CĂŽtĂ© musique, câĂ©Âtait essenÂtielleÂment de la trance et de lâacid. Jâai eu la senÂsaÂtion de vivre quelque chose dâincroyable, que le monde nâexistait plus et que nous Ă©tions les 500 derniers humains sur Terre, Ă sauter et hurler dans nos vĂȘteÂments tremÂpĂ©s de sueur. Ă la ferÂmeÂture, jâai su que câĂ©tait ça que je voulais faire â Ă©crire cette musique. Le lendeÂmain, comme tous les samedis matins, ma mĂšre a poussĂ© la porte de ma chamÂbre pour me rĂ©veiller et mâemmener Ă mes cours de musique. Je lui ai dit en deux phrasÂes lapÂidaires : âJâarrĂȘte le tromÂbone. Câest fini !â Jâai dĂ» ĂȘtre conÂvaÂinÂcant car elle a referÂmĂ© la porte en silence et nous nâen avons plus jamais reparÂlĂ©. Plus tard, elle mâoffrait un Roland Alpha Junoâ1 et le tromÂbone, lui, est restĂ© pour touÂjours dans son Ă©tui.
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Le vrai Michel, les boĂźtes câest pas son truc, jusquâau bar/club Le Trendy de Tournai
Jâhabite CondĂ©-sur-lâEscaut, une petite comÂmune du Nord de la France, ville fleurie avec trois fleurs sur le panÂneau, ce qui est dĂ©jĂ pas mal. Jâai 16 ans, jâaime le foot, lâItalie, les jeux vidĂ©os et voir mes potes, comme tout ado qui se respecte. Dans mon imagÂiÂnaire, je dĂ©teste les clubs, un lieu pubÂlic qui pue la fumĂ©e et la tranÂspi, qui tamÂbourine du gros son que je dĂ©teste, des gens alcoolisĂ©s Ă la mort⊠Pour un Ă©mĂ©ÂtoÂphobe comme moi, câest pas si simÂple, et câest pas les recomÂmanÂdaÂtions de ma grande sĆur LauÂra qui vont me faire flanchÂer, je dĂ©teste les boites de nuits. Du moins, jusquâĂ ce que ma curiositĂ© de CapriÂcorne deuxÂiĂšme dĂ©can pointe le bout de son nezâŠ
âMa preÂmiĂšre impresÂsion : quâest-ce que jâfous lĂ ? La deuxÂiĂšme : les filles sont magÂnifiques, rien Ă voir avec le lycĂ©e wtfff elles sorÂtent dâoĂč ? La troisiĂšme : jâai vraiÂment un style de merde.â
On est en juin, ce genre de soirĂ©e chaude quâon aime tant, elles se font rares Ă CondĂ©. Mon cousin SĂ©bastien a eu le perÂmis et roule en Alpha Romeo 157 bleue ciel avec la toiÂture teinte en noire, il est Lion, comÂprenez lâexcentricité⊠Comme tous les week-ends, on passe du temps ensemÂble, on fait les magÂaÂsins mais jâachĂšte rien, parce que de toute façon jâai pas dâargent, mais au moins on sort de chez nous et on se sent adultes. SĂ©bastien a dĂ©jĂ expĂ©riÂmenÂtĂ© les clubs, il sort beauÂcoup en BelÂgique, il y fait ses Ă©tudes dâarchitecture. SĂ©bastien, câest un peu mon grand frĂšre, mon modÂĂšle, alors quand il me proÂpose de mâemmener pour la preÂmiĂšre fois en club, jâhĂ©site lâespace de 25 secÂonÂdes et jâme retrouÂve dans la voiture bleue excenÂtrique. Jâai pas vraiÂment de goĂ»t pour les fringues, alors je mets une veste quadrillĂ©e bleue achetĂ©e chez CoolÂCat quelques jours auparÂaÂvant, jâme sens frais, mais pas trop, faut pas abuser. Il est 23h et il dĂ©cide de mâemmener au « Trendy ». Le Trendy, câest le bar/club branchĂ© de TourÂnai (jolie ville en WalÂlonie oĂč jâirai Ă©tudiÂer quelques annĂ©es plus tard (comme SĂ©bastien). Je suis un peu tenÂdu sur la route, jâai francheÂment peur de me faire recaler, dâaprĂšs ce quâon mâa dit, câest trĂšs sĂ©lecÂtif⊠Mais le desÂtin a dĂ©cidĂ© que je tomberais en amour pour les clubs parce que ce soir-lĂ , on croise Pietro, un ami de la famille qui a toutes les entrĂ©es de tous les clubs du secteur, le gros bg avec qui toutes les filles veuÂlent reparÂtir, câest lui, et lui il touche quaÂtre mots au videur et on se retrouÂve Ă lâintĂ©rieur. Vous voulez conÂnaĂźtre ces quaÂtre mots ? « Ils-sont-avec-moi ».
Ma preÂmiĂšre impresÂsion : quâest-ce que jâfous lĂ ? La deuxÂiĂšme : les filles sont magÂnifiques, rien Ă voir avec le lycĂ©e wtfff elles sorÂtent dâoĂč ? La troisiĂšme : jâai vraiÂment un style de merde. Jâalterne entre Ă©merÂveilleÂment, gĂȘne, euphorie et senÂsaÂtion de pas ĂȘtre Ă ma place. Je me sens puisÂsant dâĂȘtre dans le club le plus stylĂ© de la ville, et horÂriÂfiĂ© en penÂsant Ă comÂment ces gens me voient : est-ce que je parais ĂȘtre un Ă©norme ksos ? Câest touÂjours parÂtiÂcÂuliÂer, la preÂmiĂšre fois. La soirĂ©e se passe, je me dis que finaleÂment la musique que je dĂ©teste, et bien je la dĂ©teste pas tant que ça. Souvenez-vous, je suis CapriÂcorne, donc je suis introÂverÂti et obserÂvaÂteur, alors forÂcĂ©Âment je nâaborde aucune fille, je me conÂtente de regarder. Mon cousin Lion danse sur le podiÂum et moi je fais le piquet, pour soutenir le podiÂum afin dâĂ©viter quâil ne sâeffondre, peut ĂȘtre ? MalÂgrĂ© tout, on sâamuse, on reste jusquâĂ la ferÂmeÂture, on refait la soirĂ©e sur le chemin du retour, on renÂtre au levĂ© du soleil et on se quitte, en attenÂdant impatiemÂment le week-end prochain. Aucune doute, jâsuis amoureux des clubs. MainÂtenant, il nous reste plus quâĂ espĂ©rÂer que Pietro, tel un ange sur lâĂ©paule, sera touÂjours lĂ , prĂšs de nous â€.
u.r.trax, la techno comme habitat naturel
LâĂ©tĂ© 2017 est Ă©minemÂment mĂ©morable pour moi. Jâavais 14 ans, je venais de passÂer mes Ă©preuves du bac de preÂmiĂšre et jâĂ©Âtais conÂtÂaÂmÂinĂ©e par le merÂveilleux virus de la techÂno depuis une bonne annĂ©e. Jâen parÂlais Ă tous mes ami.e.s du lycĂ©e qui me preÂnaient un peu pour une tarĂ©e. Les rares amaÂteurs de musique Ă©lecÂtronÂique dans mon entourage Ă©taient plutĂŽt branchĂ©s house ou tech house que gros kicks (avant que je ne les conÂverÂtisse). Avant mon preÂmier conÂtact avec le club, je me fauÂfiÂlais dĂ©jĂ dans quelques open airs. Mais ce nâĂ©Âtait pas assez. Alors, le jeuÂdi 6 juilÂlet 2017, avec deux de mes trĂšs proches amis, nous nous renÂdons dâabord au WanÂderÂlust. On profÂite avec insouÂciance dâun doux crĂ©ÂpusÂcule sur fond de house music. La soirĂ©e sâapÂpelait JeuÂdi OK, queer, super cool. La nuit tombĂ©e, je mâapÂproche des marchÂes qui mĂšnent Ă lâĂ©Âtage infĂ©rieur, celui des Nuits Fauves. ChangeÂment dâamÂbiance : câest le âJeuÂdi TechÂnoâ. PenÂdant que mes amis parÂtent sâaÂcheter un bilÂlet, je descends seule les marches.
âSans le savoir, jâavais enfin renÂconÂtrĂ© mon habiÂtat naturel.â
Je dĂ©couÂvre les lieux avec beauÂcoup dâexÂciÂtaÂtion. Je suis un peu impresÂsionÂnĂ©e, mais je dois dire que mon preÂmier senÂtiÂment est de me senÂtir âTRĂS COOLâ (rire). Jâai du danser sans relĂąche penÂdant au moins cinq heures. Ce soir-lĂ , je me suis directeÂment senÂtie Ă lâaise malÂgrĂ© mon Ăąge. De nature trĂšs timide, je me suis dĂ©couÂverte extrĂȘmeÂment sociaÂble et conÂfiÂante. Peut-ĂȘtre car, sans le savoir, jâavais enfin renÂconÂtrĂ© mon habiÂtat naturel : un lieu, loin de tous les clichĂ©s moralÂisaÂteurs de boomer, oĂč rĂšgne simÂpleÂment Ă©changes, fun, fusions, dĂ©couÂvertes. Un lieu qui mâa forÂmĂ©e, qui mâa libĂ©rĂ©e, qui mâa aidĂ©e Ă mâacÂcepter comme je suis et que je nâai plus quitÂtĂ©. Lâironie de lâhisÂtoire, câest que je me suis retrouÂvĂ©e Ă y traÂvailler deux ans plus tard en tant quâacÂcueil artiste au sein de lâĂ©quipe de JeuÂdi Banco/Jeudi OK. La boucle est bouclĂ©e.
Felixita, beach clubbing à la niçoise, introduction en scred et bain de mer
Câest le dernier Ă©tĂ© avant dâentrer au lycĂ©e. Jâai 15 ans et je fais du secrĂ©ÂtariÂat comme job dâĂ©tĂ© dans une entreÂprise de maçonÂnerÂie au coin de la rue. Les copains du tierÂchan se chaufÂfent pour une soirĂ©e genre boĂźte sur la plage. Il faut absolÂuÂment que jây aille, ça a lâair trop stylĂ©. Tout le monde me dit de venir super bien habilÂlĂ©e, donc je croyÂais que ça voulait dire metÂtre mes plus belles Tn, comme dans mon colÂlĂšge Jules ValĂ©ri Ă Nice Nord quoi. Rendez-vous devant le FloriÂda Beach. Dans la file, les BG devant nous pariÂent 50⏠que je renÂtrÂerai jamais. Lol, imposÂsiÂble, on est au max avec la team. On arrive et on se fait tej, bien sĂ»r. Mon grand frĂšre passe et me monÂtre un petit pasÂsage secret. Il faut se fauÂfilÂer et escaladÂer en soum. HeureuseÂment que jâavais mes Tn !
âDans la file, les BG devant nous pariÂent 50⏠que je renÂtrÂerai jamais. Lol, imposÂsiÂble, on est au max avec la team.â
Ă lâintĂ©rieur, je retrouÂve les BG, rĂ©cupĂšre le pactole, mais la vĂ©ritĂ© câest que je mâennuie Ă mourir sans mes frĂ©rots. Donc je pioche la preÂmiĂšre bouteille derÂriĂšre le bar et la glisse dans mon jogg. On se retrouÂve dehors, ils sont tout moiÂsis les pauÂvres. Je dĂ©gaine la bouteille comme un trĂ©Âsor mais câest de la tequiÂla au piment. Alors, affamĂ©s comme des loups-garous, avec les peseÂtas des BG on sâoffre une tournĂ©e de kebabs hisÂtorique (et pas besoin dâalgĂ©rienne du coup). On a fini dans la mer au lever du soleil, avec un baisÂer avec le carÂreleur mĂȘme. CâĂ©tait le dĂ©but.
IrĂšne Dresel, James Holden et lâĂ©criture dâune destinĂ©e
Un sameÂdi soir de juilÂlet, mes copains mâont emmenĂ©e Ă une soirĂ©e Ă laqueÂlle je ne mâattendais pas. Nous sommes parÂtis de chez moi dĂ©guisĂ©s. PerÂruques pour eux, latex rouge et couronne pour moi. Nous voilĂ en voiture direcÂtion le Parc FloÂral de Paris dans le 12Ăšme arrondisseÂment pour la soirĂ©e « We Love BorÂder ComÂmuÂniÂty ». Ă lâĂ©poque, jâĂ©coutais plutĂŽt de la musique expĂ©riÂmenÂtale islandaise. Nous nous fauÂfilons dans la queue. Mon ami annonce au physio les noms quâil a sur sa liste et voilĂ que nous atterÂrisÂsons dans un univers comÂplĂšteÂment surÂrĂ©alÂiste avec du son telleÂment lourd, telleÂment puisÂsant que jâen ai dĂ©jĂ les entrailles soulevĂ©es. Il est minuÂit, des guirÂlanÂdes de lumiĂšre inonÂdent tout le parc, il y a un monde fou, câest magÂnifique et lâexcitation est granÂdisÂsante. Je croise parÂmi la foule un ancien chaÂgrin dâamour. Le face Ă face est terÂriÂfiÂant, mon petit cĆur bonÂdit et le choc me fait presque regretÂter dâĂȘtre venue.
On conÂtinÂue notre avancĂ©e dans ce parÂadis Ă©veilÂlĂ©, les yeux de plus en plus Ă©carÂquilÂlĂ©s. Les heures filent Ă toute vitesse. Câest alors que je vis le moment le plus fort de cette soirĂ©e. Les deux bras en arriĂšre accrochĂ©s Ă la ramÂbarde de sĂ©cuÂritĂ©, Ă cĂŽtĂ© du vigÂile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouÂet le set de James HoldÂen. Son rythme et ses notes me transperÂcent litÂtĂ©raleÂment. Jâai perÂdu mes amis Ă©parpilÂlĂ©s dans la masse de gens mais je vis pleineÂment mon expĂ©riÂence seule au milieu du son. Plus rien nâexiste. Mon corps ne pĂšse plus rien. Mon ĂȘtre tout entier accueille ces mĂ©lodies qui me tranÂscenÂdent. Ma tĂȘte balÂance. Je ferme les yeux. Les minÂutes passent. Le set mâemmĂšne penÂdant un temps indĂ©terÂminĂ© et se terÂmine en beautĂ©. Je sors, les oreilles bourÂdonÂnantes, chamÂboulĂ©e. Lâherbe pleine de rosĂ©e, le jour est en train de se lever. Jâerre dans le parc et retrouÂve mes amis comme par magie. La soirĂ©e nâest pas finie.
âLes deux bras en arriĂšre accrochĂ©s Ă la ramÂbarde de sĂ©cuÂritĂ©, Ă cĂŽtĂ© du vigÂile qui me jette des regards alertes, mon corps tout entier reçoit de plein fouÂet le set de James Holden.â
DirecÂtion le Marais Ă Paris oĂč nous dĂ©barÂquons dans un after. Quelquâun mixe dans le salon de ce grand apparteÂment tout en longueur et je reconÂnais les notes du morceau qui mâavait bouleverÂsĂ©e quelques heures plus tĂŽt. Je demande quel est le nom de ce track et une petite nana qui danÂsait rĂ©pond, hysÂtĂ©rique dâadrĂ©naline : « Câest âThe Sky Was Pinkâ de Nathan Fake ! » Relent de souÂvenirs et dâĂ©motions. Je danse, les heures passent et il est mainÂtenant midi. Je comÂmence Ă sĂ©rieuseÂment ressenÂtir la fatigue, je me pose un peu dans ce que les habiÂtants de cette colÂloÂcaÂtion gĂ©ante appelÂlent « le jardin dâhiver ». Assis en face de moi, je fais la conÂnaisÂsance de Gilles (Sizo Del Givry). On disÂcute, on parÂle du set magisÂtral de James HoldÂen, il me demande comÂment je suis arrivĂ©e ici et si je peux lui prĂȘter ma couronne⊠Les prĂ©mices dâun nouÂveau chapitre de ma vie.
Cinq ans plus tard Ă©mergea un dĂ©sir latent, nĂ© de cette nuit-lĂ . Je veux me lancer. Je veux comÂposÂer de la musique Ă©lecÂtronÂique pour pouÂvoir faire vivre un jour aux gens ce que James HoldÂen nous a fait vivre cette nuit-lĂ . Ma motiÂvaÂtion est sans limÂite. Je quitte Paris et ses stimÂuÂlaÂtions incesÂsantes pour mâisoler Ă la camÂpagne et me metÂtre Ă la comÂpoÂsiÂtion et je ne lĂąche rien. Il y a un peu plus dâun an, jâai conÂtacÂtĂ© le proÂducÂteur briÂtanÂnique Nathan Fake, qui faiÂsait lui ausÂsi parÂtie de ce label BorÂder ComÂmuÂniÂty. Il est lâauteur de « The Sky Was Pink » (titre ensuite remixĂ© par son comÂparse James HoldÂen). Nathan a accepÂtĂ© de remixÂer mon morceau âChamÂbre 2â issu de mon preÂmier album. La boucle Ă©tait bouclĂ©e, le rĂȘve devenu rĂ©alitĂ©.
TDJ (alias Ryan Playground), la part du clubbing dont on parle moins
Ceux qui me conÂnaisÂsent en surÂface pourÂraient vite sâĂ©tonner du fait que jâai tardĂ© Ă vivre ma preÂmiĂšre sorÂtie en club. Jâavais 19 ans. Je nâavais pas non plus vraiÂment bu dâalcool avant ça. JâĂ©tais une enfant de chĆur ! Jâose croire que je le suis encore un peu, mĂȘme si mon temps en boĂźte sâest dĂ©cuÂplĂ© depuis. Cette preÂmiĂšre soirĂ©e, câĂ©tait au Blue Dog de MonÂtrĂ©al. Câest ausÂsi Ă ce mĂȘme endroit que jâai jouĂ© mon preÂmier DJ set en club. Câest un petit endroit somÂbre sur le bouleÂvard Saint-Laurent oĂč on sây sent vite entassĂ©. Ce sont mes deux meilleures amies dâalors qui mây ont amenĂ©e. Lâune dâelles nâen Ă©tait pas Ă son preÂmier rodĂ©o, ce qui me gĂȘnait un peu.
âCe qui mâa marÂquĂ©e ce soir-lĂ , câest lâenÂnui que jâai ressenti.â
Mais ce qui mâa marÂquĂ©e ce soir-lĂ , câest lâenÂnui que jâai ressenÂti. Comme si je ne savais pas trop quoi faire, oĂč me placÂer, Ă qui et de quoi parÂler. ComÂment faire pour oubliÂer le jugeÂment des regards ? ComÂment faire pour me perÂdre dans la musique ? Nâest-ce pas ça le but de sorÂtir ? Jâai touÂjours Ă©tĂ© Ă lâaise dans lâintimitĂ©, surtout pour Ă©couter et partager de la musique. Jâai mis un moment Ă dĂ©velopÂper un cerÂtain conÂfort dans les clubs. Cette mĂȘme amie fesÂtive a conÂtinÂuĂ© de mâintroduire aux monÂtagnes russÂes de la vie nocÂturne qui ont fini par forgÂer une cerÂtaine conÂfiÂance en moi et en lâinconnu. Ă un moment donÂnĂ©, jâai rĂ©alÂisĂ© que malÂgrĂ© la pĂ©nomÂbre des petits endroits bruyants, il y a une lumiĂšre que jâarÂrive Ă trouÂver en moi et ceux qui mâaccompagnent. En fait, je crois que câest la quĂȘte de cette petite Ă©tinÂcelle qui me plaie dans lâidĂ©e de « sortir ».
Théo Muller, le choc du Panorama Bar
Ma preÂmiĂšre et plus forte expĂ©riÂence de clubÂbing â hors du clubÂbing de province au New Beach Ă St Cast â fut au PanoraÂma Bar en fĂ©vriÂer 2010. Avec des potes, on reveÂnait du club Raw TemÂpel quand, Ă lâaube, jâai voulu rĂ©alisÂer mon rĂȘve et aller au Berghain. Eux Ă©taient fatiguĂ©s, mais mon ami WolfÂgang mây a conÂduit en me laisÂsant faire la queue, dubiÂtatif sur ma capacÂitĂ© Ă y entrÂer. Il y avait une soirĂ©e Rekids, au PanoraÂma Bar seuleÂment. PreÂmiĂšre tenÂtaÂtive Ă la porte : ratĂ©, je ressemÂblais Ă un ado, les yeux rouges et un bonÂnet sur la tĂȘte. Du coup, jâatÂtends devant lâenÂtrĂ©e puis retente ma chance. Encore raté⊠Jâai attenÂdu de 5h Ă 7h du matin devant le club avant de retournÂer me frotÂter au vigÂile et de lui lĂąchÂer : « Please, I just want to see Spencer ParkÂer ». Et lĂ , par magie, son visÂage se desserre, je renÂtre et avance tout droit dans le club, on me fait signe que la bilÂletÂterie est Ă gauche. JâatÂtends dans cette nouÂvelle queue avec la peur que Sven MarÂquardt ne repĂšre mon jeune Ăąge, un autre vigÂile mâayant fait renÂtrÂer. Câest bon, jâai le tampon.
« Please, I just want to see Spencer Parker. »
Je lĂąche mes affaires au vesÂtiÂaire et jâarÂrive dans la zone. Câest Nina KravÂiz qui est aux platines du PanoraÂma Bar. Je me balade, je divague et me laisse draÂguer par un AlleÂmand au bar qui me paie des verÂres. Je teste un peu ma sexÂuÂalÂitĂ© ce matin-lĂ , puis mets un frein Ă cette avenÂture quand il devient trop explicite sur lâisÂsue de notre Ă©change. Il respecte comÂplĂšteÂment mon choix et je comÂmence une autre avenÂture avec une femme, bien plus vieille que moi, en me faisant passÂer â devinez quoi â pour un jourÂnalÂiste de TsuÂgi en reportage ! Câest surÂrĂ©alÂiste, je flirte avec quelquâun de 30 ans et je prends une claque monÂuÂmenÂtale en terme de son avec Spencer ParkÂer. Les heures passent et vers midi il faut que je renÂtre Ă lâapÂparteÂment car notre vol retour est lâaprĂšs-midi. Je sors comÂplĂšteÂment hagard de cette expĂ©riÂence. Wow, alors câest ça la techÂno⊠Bon, câĂ©Âtait plutĂŽt de la minÂiÂmale Ă lâĂ©poque. Bref, jâarÂrive Ă lâapÂparteÂment, je prends un bain, pĂ©tard au bec. Mes potes se rĂ©veilÂlent : « Ăa va ThĂ©o ? Tâas rĂ©usÂsi Ă renÂtrÂer ? » Oh la la, jâai des choses Ă vous raconÂter ! JâinÂauÂguÂrais le label Midi Deux quelques semaines aprĂšs.
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