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24 octobre 2017

MANIK, surdoué du Queens, vient de sortir un album hybride house incroyable

par Antoine Tombini

Si vous ne connaissez pas encore MANIK, il va falloir envisager une sérieuse session de rattrapage. Christopher, de son vrai nom, débarque dans la musique électronique en 2011 avec plusieurs EPs sortis sur des labels tels que Ovum Recordings, dirigé par Josh Wink, Poker Flat, fondé par Steve Bug ou encore Culprit (sur lequel on retrouve Jozif, Audiojack ou encore Benoît & Sergio). Né et ayant grandi dans le Queens à New York, MANIK est rapidement devenu un artiste complet, croisant les genres avec brio sur ses productions, et diggant des heures à la recherche de pépites oubliées aussi bien disco, funk, house, techno ou encore hip-hop.

Après un premier album en 2011 sur Ovum Recordings, et des dates dans le monde entier, le producteur décide de quitter le Queens pour la chaleur de la West Coast et de Los Angeles, il y a maintenant trois ans. C’est cette distance avec sa ville natale qui le pousse à commencer l’écriture de son deuxième album, Undergroundknowledge, sorti la semaine dernière sur Ovum Recordings. Comme un hommage au Queens et à son quotidien de l’époque, on retrouve dans ce long-format un pan entier de vie de l’artiste, aussi bien dans les styles musicaux variant entre house, deep house, hip-hop, jazz ou encore breakbeat, que dans les noms de ses morceaux ou encore dans les samples utilisés tout au long de l’album.

Et si vous êtes plutôt Spotify :

Depuis Paris, on a eu l’occasion de discuter avec MANIK de son nouvel album, de son enfance et de ses inspirations, le temps d’une interview avec onze heures de décalage horaire :

Tu expliques que ton dernier album, Undergroundknowledge, est un voyage à travers le Queens. Depuis que tu as déménagé à L.A il y a trois ans, est-ce que New-York te manque ?

C’est chez moi, là où j’ai grandi, donc évidemment que ça me manque. Mais ce n’est qu’une fois après avoir bougé que j’ai pu me rendre de ce que j’aimais, et de ce qui me manquait le plus. Quand tu vis quelque part, tu ne te rends pas vraiment compte de ce que tu as autour de toi, cela fait partie de ton quotidien. Et c’est ce quotidien que je montre dans ce nouvel album. C’est un voyage au coeur de mon quartier. Tu embarques dans le train pour le Queens dans le premier morceau, et sur le dernier c’est un autre train qui repart vers Manhattan. Je n’aurais jamais eu l’idée de faire un tel album sans avoir déménagé.

C’est donc ton deuxième album après Armies Of The Night, en quoi ton approche a été différente cette fois-ci ?

J’ai fait cet album quand j’avais 23 ans, j’étais encore très jeune. Il y a 7 ans d’écart quand même aujourd’hui. Quand je l’ai produit, je n’avais pas encore autant voyagé et joué que ces dernières années, où je me suis déplacé dans plus de 40 pays. Et tout ces voyages et ces rencontres ont définitivement influencé cet album. La production est plus mature.

Dans Undergroundknowledge, on entend aussi bien de la deep, de la house bien 90’s, de l’acid, du hip-hop, du jazz ou encore du breakbeat. Quelles ont été tes inspirations quand tu as commencé à produire ?

De tout ces genres que tu viens d’évoquer, c’est un peu le mélange qu’il y a dans ma tête. J’aime et j’écoute de tout, et je peux autant apprécier un bon disque de hip-hop ou de jazz. J’adore les grands comme Miles Davis ou encore Chick Korea. Tout comme de la bonne techno ou de la bonne house. J’adore Kevin Saunderson, Underground Resistance, Mad Mike et évidemment tout ce qui vient de Chicago comme Larry Heard et Ron Hardy. Sans oublier les trucs hip-hop oldschool que j’écoute, surtout provenant d’artistes du Queens comme Mobb Deep. Et c’est justement ce mélange qui a donné Undergroundknowledge.

Dans les titres de tes morceaux et également dans les samples utilisés on retrouve en vrac : de l’agitation, la gentrification, des bruits de spray, du basket-ball, des trains et des métros… C’était ton quotidien à l’époque ?

Quand tu vis à New York, tu ne remarques pas forcément tout ce qu’il se passe autour de toi. Et oui, quand j’étais jeune, je me levais, je marchais jusqu’à la station de métro pour aller à l’école. J’allais jouer au basket ball, je passais du temps avec mes potes qui graffaient. Ensuite je rentrais chez moi, si j’avais des devoirs je les faisais, et sinon je bossais ma musique. Au début, je faisais des cassettes et des mixtapes. J’ai commencé à produire au lycée, surtout des beats hip-hop à cette époque. Et c’est comme ça que je suis arrivé dans le monde de la musique. Tout ce que tu entends dans cet album vient de cette époque-là, les samples proviennent de vieux enregistrements que j’avais sur mon ordinateur.

J’ai pu voir aussi que tu étais un digger invétéré, est-ce que tu te rappelles du premier disque que tu as acheté ?

Je dirais Aleem – Release Yourself, qui est un mélange de freestyle et de funk et de disco up-tempo, sorti en 84-85. En fait, j’avais fait des recherches pour connaître les noms des morceaux que passait Larry Levan au Paradise Garage et ce les premiers disques que j’ai acheté.

Et maintenant tu parcours le monde pour jouer dans les meilleurs clubs, est-ce que tu penses qu’il y a eu un moment clé dans ta réussite ? 

C’est difficile de définir un moment en particulier, mais je pense que cela vient du fait de produire continuellement toutes ces années, et d’avoir toutes ces personnes derrière moi pour m’encourager. Aussi bien des amis que des DJs, des labels qui voulaient sortir mes morceaux, ou des artistes qui m’appelaient pour faire des remixes. C’est un peu l’effet boule de neige.

Parlons aussi de cette relation avec le label Ovum Recordings. Comment as-tu rencontré Josh Wink et King Britt en premier lieu ?

Je n’ai pas rencontré King Britt directement. Quand j’ai sorti mon premier disque sur Ovum j’étais seulement en relation avec Josh et son partenaire Matthew. Je devais avoir 24 ans, quand j’ai sorti l’EP Park To The Slope. Et depuis, ils m’ont toujours soutenu. Je les aime vraiment beaucoup, ils sont très ouverts d’esprit. Tout le monde les connaît majoritairement pour la techno, mais ils font aussi de la house et des trucs un peu plus deep. Ils n’ont pas peur de prendre des risques en explorant de nouveaux genres et ils respectent ma vision et ma créativité. Si par exemple je sortais un album avec du hip-hop dessus, ils ne le rejetteraient pas simplement parce que ce n’est pas leur style.

Ça doit être génial d’avoir un tel soutien, comment a t’il influencé ta musique ? 

Quand on parle de quelqu’un comme Josh Wink, qui pour moi de loin, l’un des artistes les plus complets et innovants en terme de house et de techno américaine. Il a vraiment participé à son expansion dans les années 90 et c’est un peu le leader de ce mouvement. En tant qu’artiste tu respectes forcément quelqu’un de son envergure. Et le fait qu’il me soutienne m’a beaucoup aidé. J’ai beaucoup appris de la manière dont il construit ses morceaux, simples et très efficaces. J’essaye aussi d’insuffler un peu de son style dans mes productions.

Et pour finir quels sont tes prochains projets ?

J’ai un nouvel EP qui arrive mi-novembre sur le label de Kim Ann Foxman, Firehouse, qui est plus club ambiance 90’s. Puis une sortie en vinyle exclusivement, sur le label Fresh Meat Chicago qui arrive fin janvier, un quatre pistes très deep et jazzy, et il n’y aura seulement que 200 copies de disponibles. Voilà pour l’instant.

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