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20 septembre 2015

Néons, Rone et casques fluo : ce qu’il faut retenir de Scopitone

par rédaction Tsugi

On préfère vous prévenir d’entrée : de Scopitone, nous n’avons vécu que le peak time, du vendredi au dimanche, alors que ça guinchait dans Nantes depuis mardi. Pas de Blanck Mass, Yelle ou Daedelus dans nos fines analyses, même si nous sommes persuadés que le démarrage du festival, toujours davantage axé « concerts » dans des salles à jauges raisonnables, est adapté à la temporalité du festival. Bon, à nous.

 

Le patron : Rone

OK, c’est téléphoné, mais même en se persuadant très fort, impossible de se dire qu’Erwan Castex ne mérite pas sa palme. Pourtant, on l’a déjà vu 100 fois, dont plusieurs dans la cité des Ducs de Bretagne (on se rappelle avec émotion de l’un de ses derniers lives « premier album » quelques semaines avant la sortie du suivant, Tohu-Bohu). Rone se rendant de plus en plus efficace sur scène au fur et à mesure de sa carrière, pas sur que le sens de cette évolution nous botte. Malgré cela, la tarte a été totale. Ce type prend son pied et ça se voit, les visuels suivent, le bonheur se distribue par litres via un système son encore allumé (on en reparle juste après), bref, ça envoie et c’est beau à la fois. Le tout, pour les rêveurs que nous sommes, c’est d’accepter qu’on peut planer et se faire dégommer les tympans en même temps. Magistral.

 

Le concept : une nuit au casque

casque

Il fut un temps où le principe des Silent Disco était excitant, car expérimental, mais on se doute bien des raisons pour lesquelles on ne voit pas le concept exploser dans tous les festivals. Bravant pourtant le défi technique, Scopitone s’est lancé dans l’aventure, distribuant ainsi des milliers de casques pour la seule soirée du samedi. Les deux salles du Stereolux (sonorisées « normalement » toute la nuit) ont chacun leur canal (vert et bleu) mais la mise en place du système est surtout faite pour permettre d’utiliser la scène des Nefs, espace ouvert et potentiellement générateur de nuisances pour le voisinage, sans justement agacer les bonnets de nuit. Nous voilà prêts à nous coller du Josh Wink avec un casque parmi une foule de clubbers multicolores 90’s-futuristes.

boston bun

Boston Bun dans sa cage

Premier effet : OK, c’est rigolo, les lumières des casques mettent une ambiance sympa et ça permet aussi de jauger ce qui se passe dans les autres salles avant d’y mettre les pieds. Secundo : une fois le casque mis, la notion de sociabilité festivalière en prend un coup. Les enceintes, c’est démocratique, tout le monde prend sa tarte, même ceux qui veulent piquer un roupillon. Là, c’est un peu chacun son kif. Le line-up « nuit » des Nefs jouera dans un DJ booth hermétique sur scène, on n’entendra même pas leurs retours scène. Mettons-nous un instant à la place de l’artiste : quel effet cela peut-il faire lorsqu’un tiers des festivaliers « change de couleur » après un enchaînement foiré ou une track un peu en retrait ? Nous avons tout de même joué le jeu jusqu’à la fin, prenant même un malin plaisir à danser avec des voisins branchés sur une fréquence différente. Why not, donc, même si on écoute déjà pas mal de podcasts pendant les heures de bureau.

 

Le trésor caché : Torb

C’était vendredi soir, la salle maxi du Stereolux était blindée à craquer, et pendant ce temps-là, les deux hurluberlus de Torb faisaient honneur à nos tympans fatigués devant un public heureux, quoique trop clairsemé par rapport au niveau de la prestation. Si la techno analogique pouvait toujours nous être servie assaisonnée comme ça, on en reprendrait tous les matins.

 

Le champion techno : Sam Paganini

Et on en a eu, de la techno pendant tout le week-end. Le fortiche Madben, qui se sent de plus en plus à l’aise avec son nouveau live A/V, a gardé sa couronne de nouveau Garnier. Boris Brejcha, dernier à passer le vendredi soir, a envoyé du rondin par paquets de douze à un public amateur de bûcheronnage, mais c’est son prédécesseur, le moins médiatique Sam Paganini, auteur d’un set froid, frontal et mixé au cordeau, qui nous a conquis. Mention spéciale à Mödern, trio qui a porté les couleurs de la TB-303 bien haut pour un set techno moins immersif, mais qui roulait au top.

 

L’OVNI : Matias Aguayo

On savait, hein. Mais bon, ça fait toujours bizarre de voir ce type chanter sur ses morceaux, se déhancher lascivement devant son public, et enchaîner ses pistes avec une approximation presque enthousiasmante. De « pourquoi pas », on finit par se dire « ouais, c’est cool ». Ce qu’on se dit de Matias Aguayo depuis des lustres, en fait.

 

La meilleure œuvre composée de néons qui se reflètent sur des miroirs motorisés activés par le BPM de la musique d’ambiance (avec fumigènes) : Light Leaks

light leaks

Scopitone, c’est aussi des trentenaires cultureux qui se baladent dans les travées du bâti historique nantais, du château des Ducs de Bretagne aux anciennes cales des chantiers navals, pour admirer du « digital art » qui clignote. À ce petit jeu, c’est l’œuvre installée au Jardin des Plantes qui gagne, peut-être parce que ça a parlé à notre petit cœur house nation : « Light Leaks » de Kyle McDonald et Jonas Jongjean utilise un amas de boules à facettes placées par terre au centre d’une pièce pour projeter une constellation sur ses murs. Poétique, perturbant, pas alambiqué pour deux sous : l’art numérique tel qu’il doit être.

 

Meilleur truc qui ne rentre nulle part ailleurs : Reflections

Allez, parce qu’on aime un peu les néons quand même : impressionnant live du projet Reflections, mené par un duo dont fait partie l’artiste numérique Takami Nakamoto. Le résultat se consomme autant par les yeux que par les oreilles, et à défaut d’avoir pu filmer nous-mêmes, un extrait de leur boulot s’impose pour espérer approcher les sensations ressenties ce samedi au Stereolux.

Allez, avec ou sans casque, on a bien décollé quand même.

Meilleur moment : « vas-y mec, mets-toi en bleu, tu vas voir, ça défonce ».

Pire moment : la chaleur intenable d’une des scènes du samedi soir. De l’eau, maintenant, tout de suite !

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