On a posé quelques questions à Justice avant leur passage à Coachella

par Tsugi

Dimanche de Pâques, rendez-vous est don­né avec Jus­tice à Palm Springs, quelques heures avant la messe don­née en clô­ture de Coachel­la. Située dans la val­lée déser­tique de Sono­ra, cette bour­gade de 46 000 habi­tants con­nue pour ses sources d’eau chaude et ses ter­rains de golf (mais aus­si pour sa plus grosse con­som­ma­tion d’eau par habi­tant) nous laisse une impres­sion de sur­réal­isme. Apres avoir tra­ver­sé un champ d’éoli­ennes au pied d’une chaîne de mon­tagne dont le som­met est cou­vert de neige, puis avoir longé l’aéro­port blindé de jet-privés, nous arrivons dans un quarti­er où les voitures de luxe en dis­ent long sur le type de vil­las bâties der­rière les façades du le coin. Jus­tice y a loué une mai­son pour répéter quelques jours avant leur show ; l’oc­ca­sion pour nous pour pren­dre des nou­velles sur leur tournée en cours, autour de la piscine.

Tsu­gi : Com­ment se passe la tournée ?

Xavier de Ros­nay : Ce n’est que le début, nous n’avons fait que 4 dates, c’est un peu comme un tour de chauffe, nous avons été à Mex­i­co, Bogo­ta et Mia­mi. C’est une tournée par­ti­c­ulière car nous allons jouer unique­ment dans des fes­ti­vals jusqu’à octo­bre. C’est un très bon exer­ci­ce car un seul fes­ti­val équiv­aut à 20 dates dans une salle de con­cert. Autant pour notre équipe qui doit s’adapter très vite pour mon­ter et démon­ter, autant pour nous qui devons jouer devant un pub­lic de fes­ti­va­liers qui ne vient pas force­ment pour nous. C’est une bonne façon de détecter briève­ment ce qui marche de ce qui ne marche pas et alors nous amélior­er plus rapi­de­ment. Lorsque les gens vien­nent nous voir dans des salles en mode “con­cert” ils sont force­ment plus indulgent.

Gas­pard Augé : Ça fait 8 mois qu’on répète mais tu as beau le faire en cir­cuit fer­mé, et surtout pour ce genre de musique, tant que tu n’as pas les gens devant toi pour voir leurs réac­tions tu ne sais pas ce qui peut se pass­er. Même si cer­tains pas­sages sont plutôt prévis­i­bles, d’autres ne le sont pas du tout. Alors pour la pre­mière date à Mex­i­co on y est allé avec la peur au ventre.

Tsu­gi — Quels sont les retours du public ?

Xavier de Ros­nay : Dif­fi­cile de com­par­er les dates vu que les con­textes étaient si dif­férents. Mex­i­co était la pre­mière date, même avec 5 jours de répéti­tions avant nous avons passé toute notre heure de con­cert à nous deman­der ce qu’il fal­lait qu’on fasse, donc nous étions pas super à l’aise, ni vrai­ment à l’é­coute des gens. Nous avons été oblig­és d’aller ensuite à Bogo­ta avec un set-up réduit, parce que le matos a dû par­tir directe­ment de Mex­i­co à Mia­mi. Grâce à cette con­fig­u­ra­tion min­i­male il y a eu une énergie mortelle et il faut dire que les Colom­bi­ens sont sûre­ment moins blasés que les gens de Mex­i­co ou Mia­mi, car moins habitués à recevoir autant de groupes. On y ressent claire­ment plus d’ex­ci­ta­tion de la part du pub­lic. Mais Mia­mi c’é­tait cool. Nous avons joué sur le live Stage en clô­ture de l’Ul­tra Music Fes­ti­val face à DJ Snake qui jouait sur le main stage et à domi­cile, pas facile, on était un peu stressé, mais le live a fini par prendre.

Tsu­gi — Com­ment est-ce que le nou­v­el album est-il reçu aux US ?

Xavier de Ros­nay : C’est un peu partout la même chose, la moitié des gens aime, l’autre moitié déteste. Et on avance comme ça.

Crédit : Toni François

Tsu­gi — Vous revenez à Coachel­la dix ans après votre pre­mière venue, y a‑t-il des attentes particulières ?

Xavier de Ros­nay : Il y a dix ans c’é­tait car­ré­ment le pre­mier con­cert de nos vies ! J’en ai un super sou­venir : nous venions de sor­tir notre pre­mier album, nous finis­sions la tournée et nous savions que nous allions être en vacances après ce con­cert d’apres-midi dans la tente Sahara. Nous y avons joué l’an­née d’après sur un slot for­mi­da­ble, à nou­veau à Sahara, la seule scène qui fer­mait le fes­ti­val après Roger Waters qui jouait sur la main Stage. Gas­pard est revenu en 2010 avec Club 75 (Cas­sius, Meh­di et Busy P).

Gas­pard Augé : On s’é­tait tous habil­lés en blanc, on jouait tous ensem­ble avec ce Club 75. Nous avons rejoué à Coachel­la en 2012, en main stage (capac­ité 65 000 per­son­nes, ndlr) c’é­tait très stres­sant mais très cool. Et ce soir et la semaine prochaine (ce dimanche, ndlr) nous jouons au Out­door The­atre devant 25 000 per­son­nes et face à Kendrick Lamar qui joue sur la moitié de notre live.

Tsu­gi — Avez-vous l’in­ten­tion de miser d’a­van­tage sur le marché US ?

Xavier de Ros­nay : Le ter­ri­toire améri­cain est impor­tant, d’un point de vue cul­turel mais aus­si parce qu’il est grand. Mais il n’est pas plus essen­tiel que l’Eu­rope, nous voyons vrai­ment les choses de manière glob­ale. L’Amérique du nord est aus­si con­sid­érable que l’Eu­rope de l’ouest. Et le fait de faire des fea­tur­ings avec des Améri­cains ne nous fait pas plus rêver que ça.

Tsu­gi — Quel est votre sen­ti­ment vis-à-vis de la scène élec­tron­ique américaine ?

Gas­pard Augé : On ne l’a con­nait pas vrai­ment et on s’en tape un peu pour être honnête.

Xavier de Ros­nay : La musique élec­tron­ique c’est comme toutes les musiques, on en écoute autant qu’on écoute du rock. Il va y avoir un groupe sur 1000 qui va nous plaire et même par­fois dans la musique pop­u­laire majeure mais on ne suit pas force­ment ce qu’il se passe dans chaque scène.

Gen­e­sis” filmé à Coachella :

Gabrielle de Villoutreys

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