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🔎 On vous explique pourquoi Laylow plaĂźt autant aux fans de rap que d’électro

Alors qu’il vient de dĂ©crocher le disque de pla­tine pour son deux­iĂšme album L’É­trange His­toire de Mr. Ander­son (sor­ti Ă  l’étĂ© 2021), Lay­low a rĂ©us­si Ă  sĂ©duire bien au-delĂ  de la sphĂšre du rap, jusque dans le monde de l’élec­tron­ique. On vous explique pourquoi Lay­low fait l’u­na­nim­itĂ© en trois points.

Deman­dez Ă  vos ami.es de citer un artiste rap et Ă©lec­tron­ique actuel, la plu­part vous rĂ©pon­dront Lay­low. Il fait par­tie des rappeurs les plus bril­lants du moment, mais son suc­cĂšs n’est pas dĂ» qu’à son flow. Depuis le dĂ©but de sa car­riĂšre solo en 2016, l’artiste a tou­jours Ă©tĂ© Ă  part, la faute Ă  ses sonoritĂ©s Ă  la fron­tiĂšre du cloud rap, de la trap et de l’élec­tron­ique, mais surtout avec ses clips Ă  l’u­nivers futur­iste Ă  la Matrix, plein d’ef­fets tech­niques et de grandes ambi­tions ciné­matographiques. RajoutĂ© Ă  cela ses col­lab­o­ra­tions avec des artistes de scĂšnes plus Ă©loignĂ©es comme Vladimir Cauchemar ou encore le pape du dis­co Cer­rone, Lay­low est l’un des rares de sa gĂ©nĂ©ra­tion Ă  ten­ter ce grand Ă©cart et Ă  ĂȘtre accep­tĂ© en tant que tel. Mais cela n’au­rait pas Ă©tĂ© pos­si­ble sans tous les autres rappeurs avant lui qui avaient, eux aus­si, osĂ© dĂ©chir­er l’é­ti­quette qu’on leur avait apposĂ©e.

  • Parce que, plus qu’un rappeur, c’est un artiste digital, familier des technologies de production et de l’électronique

Lay­low aime la crĂ©a­tion sous toutes ses formes. Cela a mĂȘme tou­jours Ă©tĂ© un moyen pour lui de se dĂ©mar­quer des autres rappeurs. D’ailleurs, l’al­bum Trin­i­ty sor­ti en 2020 puis L’É­trange His­toire de Mr. Ander­son en 2021, Ă©taient large­ment inspirĂ©s de l’am­biance Ă  la fois tech­nologique, futur­iste et dystopique du film Matrix (1999), film – on s’en sou­vient – Ă  la BO qui mĂ©langeait nu-metal et tech­no. Le rappeur assume claire­ment cette pĂ©ri­ode dig­i­tal dans son proces­sus de crĂ©a­tion : “Toute la par­tie dig­i­tale que j’avais dĂ©velop­pĂ©e Ă  tra­vers les qua­tre EPs – dans lesquels on retrou­vait une folie crĂ©a­tive en lien avec les ordi­na­teurs, parce que c’est une pĂ©ri­ode oĂč toute notre Ă©quipe pas­sait beau­coup de temps dessus – a Ă©tĂ© cristallisĂ©e avec Trin­i­ty”, raconte-t-il dans une inter­view pour Anti­doteAvant mĂȘme de percer dans le rap game, Lay­low avait dĂ©jĂ  une pas­sion pour le mon­tage, la pro­duc­tion audio­vi­suelle et les logi­ciels. Son pre­mier sup­port : Garage Band, fameux logi­ciel de crĂ©a­tion musi­cale dĂ©velop­pĂ© par Apple. Par la suite, le rappeur se pro­fes­sion­nalise, passe Ă  Log­ic Pro puis Ă  Pro Tools. Il s’in­tĂ©resse et peaufine aus­si de plus en plus le visuel de ses clips avec Final Cut, Pre­miere Pro, Pho­to­shop
 Pour la sor­tie de son dernier album, le rappeur avait mĂȘme pro­duit un court-mĂ©trage truf­fĂ© de rĂ©fĂ©rences au ciné­ma de Tim Bur­ton, comme sa typogra­phie qui rap­pelle L’É­trange NoĂ«l de mon­sieur Jack, ou la mai­son qu’on aperçoit Ă  3min09, sim­i­laire Ă  celle de Char­lie et la Choco­la­terie. Plus glob­ale­ment, Lay­low passe beau­coup de temps sur son ordi­na­teur. Son activ­itĂ© prin­ci­pale : regarder des tutos YouTube pour le mon­tage, la pro­duc­tion
 et pour d’autres domaines (la cui­sine par exem­ple). En sep­tem­bre dernier, l’artiste a mĂȘme signĂ© le teas­er du jeu vidĂ©o futur­iste Val­o­rant avec sa chan­son “Mega­tron” tirĂ©e de son album Trin­i­ty.

 

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  • Parce que c’est un rappeur ouvert sur beaucoup de genres musicaux

Élec­tron­ique, dis­co
 Lay­low n’est claire­ment pas un rappeur fer­mĂ© sur son pro­pre style, au con­traire. En 2020, il s’est asso­ciĂ© Ă  Cer­rone pour pos­er sa voix sur le titre “Expe­ri­ence”. Un rappeur français de la nou­velle gĂ©nĂ©ra­tion, col­la­bor­er avec le pape du dis­co ? Pour Lay­low, c’est pos­si­ble. Dans son album Dig­i­talo­va sor­ti en 2017, Lay­low mĂ©lange la trap et l’élec­tron­ique sur plusieurs sons. Pour le titre “Wavy” (oĂč cer­tains auront recon­nu l’une des boucles ryth­mique de Garage Band presque sans aucun traite­ment sup­plé­men­taire), le rappeur reprend les pre­miĂšres notes du titre “Night­call” de Kavin­sky. L’artiste est Ă©gale­ment repris rĂ©guliĂšre­ment par Vladimir Cauchemar dans ses sets. MĂȘme si le pro­duc­teur est habituĂ© Ă  repren­dre ce type de sons, la col­lab­o­ra­tion entre les deux hommes est allĂ©e plus loin avec un fea­tur­ing sur l’EP Brrr du mys­tĂ©rieux DJ, sor­ti en 2021. De mĂȘme, au moment de quit­ter sa ville natale (Toulouse) pour Paris, Lay­low s’est for­cĂ© Ă  l’ou­ver­ture : “J’ai vrai­ment essayĂ© de me cul­tiv­er, en matant des films ou en réé­coutant des albums qui n’étaient pas nĂ©ces­saire­ment mis en avant par les mĂ©dias”, explique-t-il.

  • Parce que d’autres rappeurs sont allĂ©s fouler les terres de l’électronique avant lui

His­torique­ment, cela fait dĂ©jĂ  une petite ving­taine d’an­nĂ©es que le rap croise le chemin de l’élec­tron­ique. On peut en par­ler dĂšs la fin des annĂ©es 90, avec notam­ment la sor­tie de l’al­bum Les Princes de la ville de 113. DJ Meh­di est aux com­man­des et intÚ­gre dans les tracks des sonoritĂ©s Ă©lec­tron­iques jamais vues aupar­a­vant dans un album de rap français. Il utilise par exem­ple des sam­ples des Alle­mands de Kraftwerk ou de la chanteuse dis­co Claud­ja Bar­ry. Des ajouts qui restent timides sur l’ensem­ble de l’al­bum, mais la dynamique est lancĂ©e. C’est sans oubli­er cette fameuse annĂ©e 2007, oĂč le rap et l’élec­tro se sont ren­con­trĂ©s pour crĂ©er un titre qui n’avait jamais con­nu autant de suc­cĂšs. Vous l’avez ? “Stronger”, de Kanye West et Daft Punk, Ă©videm­ment. Lay­low, dont Kanye West reste l’une de ses plus Ă©vi­dentes influ­ences, n’est sĂ»re­ment pas passĂ© Ă  cĂŽtĂ© de cette pĂ©pite. Aujour­d’hui en France, le rap­proche­ment entre ces deux mon­des est de plus en plus net. De Vald et son titre “Euro­trap” Ă  Michel et ses instrus d’electro-deep d’Eu­rope de l’Est. D’ailleurs, l’artiste dĂ©clarait dans un inter­view pour Maze : “On a de plus en plus de rappeurs qui com­men­cent Ă  utilis­er l’électronique, Heuss L’EnfoirĂ© par exem­ple. Mais ce n’est pas tout Ă  fait la mĂȘme couleur que moi. Il y avait quelque chose Ă  exploiter”. Sans oubli­er Boo­ba et “Bar­bie Girl” d’Aqua ou tout sim­ple­ment l’Ɠu­vre de Brodin­s­ki ou Vladimir Cauchemar, tous deux Ă  cheval entre les deux genres.

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