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© Mickaël Liblin
26 octobre 2022

Ouest Park, le rendez-vous toujours immanquable du peuple havrais

par Adèle Chaumette

Ce week-end, une bonne partie de la ville du Havre migrait en direction le Fort de Tourneville pour l’annuel et coutumier Ouest Park. Le festival avait commencé en douceur le mercredi, en dédiant toute sa journée aux enfants avec des ateliers et des surprises à gogo (avec notamment une boite de nuit, le Ouestiti Disco Club, accessible à partir de 1 an) … Le week-end, Tsugi s’est rendu sur place pour assister à une belle farandole de musique, placée entre DJ-sets, grosses têtes d’affiche et scène normande plus qu’affirmée.

 

Une programmation tout terrain

Il est 21H50 lorsque Juliette Armanet s’avance en pantalon « imitation boule disco » sur la scène du grand chapiteau. Tête d’affiche de ce premier soir, elle est celle que tout le monde attend en prouvant une fois de plus qu’elle ne rigole pas avec la scène. On est assez impressionné devant cette performance live menée par une chanteuse survoltée, accompagnée d’une guitare électrique à couper le souffle. Redoublement d’excitation dans le public lorsqu’elle craque un fumi sur premières notes de « Brûler le feu », titre éponyme de son dernier album. Enfin, exaltation totale dans la salle lorsque la chanteuse envoie « Le Dernier Jour du Disco« . LE morceau, avouons-le, qu’on attendait tous impatiemment au fond de nous… Qu’on aime ou non la musique d’Armanet, il serait malhonnête de ne pas reconnaître son sens du spectacle et sa passion sur scène. Concert fini, on part directement à la recherche des toilettes, endroit clé et point de repère infaillible pour tout festivalier, afin d’assurer en toute sérénité la suite des événements. Comme une évidence, ils se trouvent à coté du Village Électrique, une fête foraine itinérante gérée par un collectif loufoque rencontré ce soir-là : les Moutons Électriques. Au-delà des stands farfelus (on y reviendra après), on rencontre surtout  le premier DJ-set de la soirée. Milan et Félix, membres de ces fameux moutons, perchés en haut d’une tour, sont en train d’enflammer les platines, enchaînant techno hard, trance et remixes qui mettent tout le monde d’accord. Comme les versions revisitées de « Day’N’Nite » de Kid Cudi ou de « Shut Up » des Black Eyed Peas. Moment de joie intense lorsque les premières notes de « Désanchantée » se muent en remix techno pour contenter une foule bondissant dans tous les sens.

 

 

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À peine remis de nos émotions, on file en vitesse vers un autre univers musical tout aussi percutant : le rap. Après Juliette Armanet c’est Gazo, boss de la drill française, qui retourne la grande scène du chapiteau à sa manière. Un poil plus violent dans la fosse, on se défoule pendant une heure au son de KMT, dernier album du rappeur qui nous impressionne par sa voix puissante et sa prestance live malgré sa béquille. On a également droit à des incontournables plus anciens, mais qui n’en restent pas moins actuels : « Daddy Chocolat » en feat avec Koba la D et le classique « Drill FR 4 » qui aura toujours le pouvoir de transcender une foule. On croise à la sortie la brigade de prévention gérée par l’association havraise Nautilia, spécialisée dans le combat contre les addictions. Et on repart les poches pleines de capotes, sérum phy’ et autres prospectus de prévention contre tabac et cannabis. Enfin, quoi de mieux que l’ambiance club du Tetris pour accueillir le closing, de 1H40 à 2h40, d’une Miley Serious maniant avec toujours autant de justesse la techno et la drum’n’bass ? En bref, une première soirée qui témoigne de l’éclectisme de ce Ouest Park 2022. Eclectisme confirmé le soir suivant avec l’enchainement du concert, bien sportif, du rappeur Dinos suivi d’un show digne de ce nom du duo Odezenne pour conclure sur le live électronique et onirique d’un N’TO fédérateur. On retiendra aussi le très bon concert de Biga*Ranx qui, dans un chapiteau plein à craquer a mis les points sur le I en nous régalant de sa musique aux influences dub, rap et reggae si bien entremêlées… Et qui, en live, prend tout son sens. De quoi en tout cas, faire chanter à tue-tête une foule entière les textes planants du master Biga.

 

Un festival déjanté et familial 

Un mot pourrait résumer ce Ouest Park : inter-générationnel. Partout dans le festival et durant les deux jours, la mixité d’âge est évidente. Ça n’est pas dans n’importe quel festival qu’on pourrait croiser des enfants de sept ans sur les épaules de leurs parents en face d’un Lewis OfMan , ou encore des grand-mères assistant curieusement, de loin, au concert de Gazo. Le village électrique, lui, devient très vite un grand terrain de jeu avec notamment un morpion version XXL auquel il faut jouer en marquant avec des ballons de basket, le tout commenté par une animatrice endiablée. Plus loin dans cette kermesse itinérante, on assiste à des karaokés enflammés… L’occasion pour nous de chanter à gorge déployée des chansons de toutes générations. On se souviendra d’avoir chanté « L’Homme Pressé » en choeur avec tout le monde, et même si ça sonnait très franchement faux on le gardera en tête comme un beau moment de partage.

 

Ouest Park

De gauche à droite : la brigade de prévention Nautilia, les Moutons Électriques et le fameux baby-foot Ricard @ Mila Darphin

 

Témoin ce baby-foot géant aux couleurs Ricard, une quasi œuvre d’art, stupéfiant.On se retrouve directement en face d’un adversaire de 8 ans plus déterminé que jamais, tandis que des trentenaires sirotent leurs jaunes en zieutant la partie d’un air amusé. Il n’est que 2H40 ce samedi lorsque les Moutons annoncent the last one, la dernière, le son qui clôturera ces deux soirs de folie. Evidemment, tout le monde s’insurge de cette fin beaucoup trop précoce. Soudain, les premières notes du tube de La Boum connu de tous résonnent à travers la nuit. Moment absolument magique d’entendre ce son qui aura bercé tant de générations, joué à la fin d’un set de musique électronique. Encore une fois, on se retrouve tous ensemble  à danser des slows au milieu du village électrique, comme dans un rêve.

Un festival qui correspond -de jolie manière- à un rendez-vous annuel immanquable pour le peuple du Havre et de ses environs. Avec son ouverture musicale, bien dans l’air du temps et son souci d’exposer la scène normande, Ouest Park ouvre grands ses bras à toutes les générations, désireux de n’exclure absolument personne. Au final, n’est-ce pas ce qui fait la force et la beauté d’un festival de musique ?

Pire moment : quand on a failli avoir un accident de balançoire, à cause d’une bonne âme qui a voulu nous donner une frite en plein vol.

Meilleur moment : closing des moutons électriques sur « Reality » de Richard Sanderson, inoubliable.

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