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Crédit photo : Julie Montel
2 octobre 2019

Paris Electronic Week : une édition qui sent le renouveau

par Manon Michel

Du 25 au 29 septembre, la Paris Electronic Week revenait investir la capitale avec sa septième édition. Au programme : cinq jours et cinq nuits dédiés aux musiques électroniques. Et la douce impression d’une envie de faire bouger les choses.

15 conférences, 40 intervenants, 10 workshops, 1 défilé, la Techno Parade et beaucoup (beaucoup) de soirées. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : la semaine allait être chargée.

Santé mentale, diversité et safe-space

Les trois premiers jours, réservés au salon professionnel, proposaient une cohorte de conférences, d’ateliers et de workshops au sein de la Gaîté Lyrique. Enfoncés dans les fauteuils jaunes de l’auditorium (fort confortables, il faut l’avouer), les professionnels du milieu ont débattu de thématiques aussi variées que la santé mentale des artistes, l’avenir de la scénographie, la fête immersive, les influenceurs ou encore les safe-space. L’un des sujets les plus marquants de cette édition reste sans conteste la diversité et l’inclusion.  Le jeudi, une conférence dédiée faisaient débattre DJs et associations sur le sujet. Pour Mariana Sanchotene, du festival professionnel Amsterdam Dance Event, l’inclusion serait le moment où le vivre-ensemble sera naturel et où la diversité ne sera plus à penser en amont. Mais en attendant ce jour béni, que faire ?

Ébauche de réponse le vendredi, dernier jour des conférences, avec la discussion lancée autour des safe-space, ces espaces où la sécurité doit être effective à 100% pour les personnes habituellement marginalisées (comme partout, nous direz-vous). Elodie Vitalis, la journaliste qui animait la conférence, introduisait d’ailleurs le sujet de la sorte : “Pourquoi sommes-nous obligés de parler de ça aujourd’hui?”. De leur côté, les haters pourraient être tentés de critiquer : la Paris Electronic Week se contente-t-elle de surfer sur les sujets “in” ? Au contraire. Les débats étaient autant de sujets sociétaux prégnants alors que “plus d’une femme sur deux a déjà été victime de violences dans un espace festif” d’après Domitille Reveau de Consentis, l’association du savoir-être en club. 

Crédit photo : Julie Montel

« Chaque événement consacré aux musiques et cultures électroniques a son importance »

Et la fête dans tout ça ? Au-delà des talks, la PEW s’attache à organiser divers événements pointus tout au long de l’événement. Tout d’abord avec les soirées du “in” (Darzack, u.r.trax, Claude Murder et Spiel au Sacré le mercredi, Dj Deep, Ben Vedren et Lowris au Yayoku le samedi…) mais aussi celles du “out” (Beat Grafters w/ Sikdope au Rex Club le jeudi, Roman Flügel et Elena Colombi au Badaboum le vendredi, Open Air de Make It Deep à la Prairie du Canal le samedi…). Sans oublier l’un des piliers de l’événement : la Techno Parade. Pour marquer cette 21ème édition, plusieurs dizaines de milliers de participants étaient réunis pour danser au rythme des différents chars, mais également pour rendre hommage à Steve Caniço, le festivalier nantais décédé le soir de la fête de la musique. Le mot d’ordre, « Dansons pour Steve », a été respecté à la lettre. Dix chars et leurs sound-systems ont battu le pavé. Avec une première : celui de l’Institut du Monde Arabe. Et une belle danse de Jack Lang sur celui de la SACEM en bonus. 

Moins flagrant en termes de nombre de participants mais peut-être plus intriguant, un défilé avait lieu au premier étage de la Gaîté Lyrique le vendredi en fin d’après-midi. Fashion Week oblige ! Co-organisé par les collectifs MYST et Nouvelle Vogue, il rendait hommage au mouvement Club Kids et rassemblait « toutes les plus envoûtantes des créatures nocturnes ». Le public était au rendez-vous, sagement réparti tout au long de la salle de travail de la Gaîté, entre les étudiants ou free-lance concentrés sur leurs ordinateurs. Les mannequins, apparu(e)s depuis les marches et marchant tout autour de l’étage, reprenaient les looks du monde de la nuit new-yorkaise des années 80 : long drapé de nymphe, muselière à carreaux, peintures sur le visage, corset vert…  Mauvais Genre, du collectif MYST, nous racontait après le show : « Chaque événement consacré aux musiques et cultures électroniques a, à son échelle, son importance. C’est toujours trop peu représenté positivement et intelligemment ! ». Peinture bleue sur le visage pendant le défilé, il rajoute : « Les Club Kids font partie de l’histoire culturelle des clubs et du milieu queer, qui a grandement participé à l’évolution de ce milieu. C’était autant absurde que politique. » Le signe que le monde de la nuit dépasse les frontières, et que la PEW l’a bien compris.

Crédit photo: Julie Montel

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