© The Lot Radio - Nia Archives

Portrait : Nia Archives, l’étoile montante de la jungle n’a déjà plus rien à prouver

I came with the name of Nia Archives and I’m play­ing jun­gle for the next hours.” (“Je suis venue en tant que Nia Archives et je vais jouer de la jun­gle pour les prochaines heures”) Clame-t-elle au micro de la radio new-yorkaise The Lot Radio. Du haut de ses 24 ans, cette jeune chanteuse et pro­duc­trice bri­tan­nique est dev­enue, en peu de temps, une fig­ure incon­tourn­able de la jun­gle. Ascen­sion ful­gu­rante ! Tsu­gi a donc décidé de lui tir­er le portrait.

À en croire les nom­breux com­men­taires sous sa Boil­er Room filmée à Lon­dres en octo­bre 2022, Nia Archives met tout le monde d’accord. Ses sets sont capa­bles de nous faire remon­ter le temps. En un instant, on se retrou­ve directe­ment dans les années 1990, en rave, à Man­ches­ter, berceau des musiques élec­tron­iques under­ground. 

 

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Et pour cause, même si elle grandit à Leeds, Nia Archives démé­nage à Man­ches­ter à l’âge de 16 ans et par­ticipe à ses pre­mière raves. La machine est lancée. Et ce n’est pas par hasard. La jeune pro­duc­trice pos­sède la rave cul­ture dans le sang. Ses par­ents eux-mêmes organ­i­saient des fêtes dans leur jardin de Leeds, mélangeant les influ­ences élec­tron­iques bri­tan­niques ain­si que la dub et les sonorités reg­gae issues de leurs racines jamaï­caines. Un bon héritage musi­cal pour Nia. Mais elle ne s’arrête pas là : en plus de son sens du rythme, elle pos­sède une voix sin­gulière, inspirée de la soul d’Amy Wine­house et de la pop de Rihan­na. Voix qu’elle a su dompter grâce aux mess­es Gospel aux­quelles elle assis­tait avec sa famille. Cela m’a vrai­ment ouverte à écouter des har­monies. Cela a été mon intro­duc­tion à la musique” explique-t-elle au mag­a­zine NME. 

 

La jungle qui coule dans les veines

Sum­mum du cool. Pan­talon car­go, chemis­es over­size, pierc­ing au sep­tum, gril­lz, tatouages, ongles de cinq cen­timètres de long… Le style par­fait pour une per­son­ne qui voudrait aller danser des heures devant un sound sys­tem jun­gle. Entre con­fort et hype, Nia Archives représente une nou­velle généra­tion de ravers qu’elle porte au tra­vers de sa musique et son esprit DIY. Seule à Man­ches­ter à l’âge de 16 ans, elle s’est faite la main en prenant le micro dans des soirées house. Mais surtout en ren­con­trant des DJs ain­si que les nou­velles sonorités de la scène locale. Au début, Nia voulait juste chanter, comme sur le morceau “Patience” qu’elle réalise en col­lab­o­ra­tion avec Mall Grab. Mais les pro­duc­teurs avec qui elle tra­vail­lait ne respec­taient pas sa vision de la musique. Alors elle a pris le con­trôle.Fuck This”. C’est ain­si qu’elle s’est mise à appren­dre, d’elle-même, le beat­mak­ing. Son pre­mier morceau “Sober Feels” voit le jour en 2020. 

Si vous ten­dez l’oreille, dans ses pro­duc­tions comme dans ses sets, Nia Archives ne cesse de ren­dre hom­mage aux légen­des de la jun­gle. À l’image de la nou­velle généra­tion, elle va piocher dans le passé pour créer sa pro­pre musique du futur. Par exem­ple, elle com­pose le morceau “Baianá” issu de son dernier EP Sun­rise Bang Ur Head Against Tha Wall, en hom­mage à ses héros brésiliens DJ Pat­ife et DJ Marky, pio­nniers de la samba-jungle. Comme pour le morceau ‑coup de cœur- “That’s Tha Way Life Goes”, aux influ­ences sud-américaines mar­quées. Il n’y a égale­ment qu’elle pour débuter son pas­sage sur les ondes de The Lot Radio avec “Inner City Life” de la légende des années 90, Goldie. 

En ajoutant sa voix typ­ique­ment british au cœur de la jun­gle, Nia Archives la rend acces­si­ble à un plus large pub­lic. C’est la rai­son pour laque­lle on a pu la voir met­tre le feu sur une scène du célèbre fes­ti­val cal­i­fornien Coachel­la. Cepen­dant, l’esprit under­ground et com­mu­nau­taire de sa scène ne la quitte jamais. Lors de sa Boil­er Room à Lon­dres, on la voit se retourn­er vers le pub­lic, danser dans la foule avec un sourire accroché rude­ment à son vis­age. Elle réus­sit à créer une énergie com­mune autour de la jun­gle. Comme cela a pu se faire dans les raves, avant même qu’elle naisse. 

 

Le phénomène Nia Archives 

Et juste­ment, parlons-en, de cette Boil­er Room à Lon­dres. À env­i­ron 38 min­utes de set, Nia Archives décide de dévoil­er son remix jun­gle du track “Burn Dem Bridges” com­posé par le pro­duc­teur Skin On Skin. Un moment qui a lit­térale­ment retourné la salle, on pense que la per­son­ne qui fil­mait le pub­lic n’a pas dû en sor­tir indemne. Un remix d’une justesse remar­quable donc, sor­ti sur le label FFRR, qui a notam­ment signé Goldie aupar­a­vant. La boucle est bouclée. Et ce moment l’a envoyée directe­ment au rang d’étoile mon­tante de la scène jun­gle bri­tan­nique. Fig­ure auda­cieuse, elle n’hésite pas à pren­dre le micro lors de sa Boil­er Room pour chanter ses chan­sons, notam­ment “For­bid­den Feel­ingz” issu de l’EP du même nom sor­ti en 2022. 

Un pro­jet qui sym­bol­ise sa con­sécra­tion, puisqu’il l’aura amenée à recevoir plusieurs prix, dont celui de ‘Meilleure Pro­duc­trice de l’année 2022’ par le mag­a­zine NME, ain­si qu’une nom­i­na­tion en tant que ‘Étoile Mon­tante de l’année 2022’ aux iconiques Brit Awards. Pas éton­nant que son nou­v­el EP, Sun­rise Bang Ur Head Against Tha Wall, ait été très atten­du. Et Nia Archives n’a plus rien à prou­ver, tant ce pro­jet est une vit­rine de ses influ­ences et témoigne de son côté pluridis­ci­plinaire. Elle est défini­tive­ment une jeune artiste à suiv­re de très ‑très- près. Et si un album est en chemin, on signe directe­ment. 

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