© Lucile Lafièvre

Soeurs Malsaines : le collectif qui fait la fête à poil

par Tsugi

Depuis sept ans, le col­lec­tif des Soeurs Mal­saines organ­ise des soirées à Paris, et bien­tôt dans toute la France, dont le maître mot est “lib­erté”. Leur objec­tif sim­ple, affiché dès la page Face­book : “Tétons partout, soutif nulle part”. Un pro­gramme réal­isé dans des soirées aux noms géni­aux comme Club Tétons au Rex, Armage­BOOBS, La Croisière ça m’use au Petit Bain, ou Ni Moule Nichons à Mar­seille. À chaque fois, ces Soeurs appor­tent leur franche touche” : on s’y met à poil, on s’y maquille les tétons, on y fait la fête sans se juger. Mais ne vous arrêtez pas à leur com­mu­ni­ca­tion débridée, ce col­lec­tif aus­si fes­tif que mil­i­tant sait très bien ce qu’il fait. Emi­lie et Lucile, sœurs et fon­da­tri­ces du col­lec­tif, nous expliquent com­ment est-ce qu’elles comptent foutre la France à poil.

 

On porte la shla­gance en éten­dard mais surtout du BOOBS DU BOOBS DU BOOBS, et un peu de cul aussi.”

Racontez-nous un peu l’his­toire de votre collectif ?

Il y a sept ans, on se fai­sait sou­vent chi­er en club et on avait envie d’une autre propo­si­tion ; on a donc créé les teufs qu’on attendait, c’est-à-dire des soirées avec de la vie. À l’époque, il y avait beau­coup moins de col­lec­tifs et donc beau­coup moins d’effervescence créa­tive et inno­vante. Il était néces­saire d’apporter un accom­pa­g­ne­ment et de la sen­si­bil­i­sa­tion, ain­si qu’une touche onirique aux soirées élec­tron­iques tech­no qui sont sou­vent froides et imper­son­nelles. Il y a tou­jours eu des événe­ments under­grounds et illé­gaux qui prô­nent des valeurs de lib­erté proches des nôtres, mais nous avons voulu ouvrir ce monde et le ren­dre plus acces­si­ble sans tran­siger sur notre philoso­phie. Par exem­ple, nous faisons sign­er une charte aux clubs que l’on investit, ce qui nous per­met d’instaurer des espaces plus safes et plus égal­i­taires. Aujourd’hui, on a un nou­veau but : Mar­seille. On voit qu’il y a un très beau pub­lic et une ambiance de folie là-bas. Et on ne s’arrêtera pas à la cité phocéenne. Cette année, on a des pro­jets à Tours, Nantes, Rouen et Lyon. Atten­tion, nos popotins vont débouler, PERSONNE N’EST PRÊT !

Au Rex Club / ©Quentin Belloir

Au Rex Club / ©Quentin Belloir

Qu’est-ce qu’il y a dans vos soirées qu’il n’y a pas ailleurs ?

Une vraie ambiance de fête, à mi-chemin entre la réu­nion de hip­pies, le fes­ti­val de teufeurs et le Paris intel­lol. En fait, ce qui fait la dif­férence, c’est cette mix­ité de créa­tures qu’on arrive à réu­nir. On porte la shla­gance en éten­dard mais surtout du BOOBS DU BOOBS DU BOOBS, et un peu de cul aus­si. Sans for­cé­ment être sex­uel. C’est com­pliqué de faire com­pren­dre à cer­tains teufeurs qu’on peut être nu mais pas for­cé­ment chaud pour un coït. On essaye de faire décou­vrir à notre pub­lic des lib­ertés sim­ples mais qui font la dif­férence, comme pou­voir se met­tre torse nu, se déguis­er, se faire accom­pa­g­n­er en cas d’excès, éviter les juge­ments. Ensuite, ils s’emparent de cette sen­sa­tion de lib­erté et la parta­gent. Ils et elles ren­dent cha­cune de nos soirées incroyables.

C’est com­pliqué de faire com­pren­dre à cer­tains teufeurs qu’on peut être nu mais pas for­cé­ment chaud pour un coït.

Au Rex Club / © Mah­di Aridj

Au Rex Club / © Mah­di Aridj

En effet, vous aimez bien vous foutre à poil dans vos soirées, ça pose des prob­lèmes par­fois, ça rebute certains ?

En fait, on aime se foutre à poil parce qu’il fait chaud, et surtout parce qu’en faisant tomber le haut, on ouvre une autre per­cep­tion de soi et des autres. Si on explique cela aux lieux qui nous accueil­lent et qu’on fait un tra­vail de com­mu­ni­ca­tion adap­té au pub­lic, nor­male­ment il n’y a pas de souci. Même si on a ren­con­tré quelques prob­lèmes avec des équipes de sécu­rité mal briefées ; on a appris de nos erreurs et main­tenant on com­mu­nique en amont avec les équipes des clubs. Il y aura tou­jours des gens bêtes et méchants qui ne com­pren­dront pas nos soirées ou qui s’en fer­ont une idée très par­ti­c­ulière. Notre com­mu­ni­ca­tion libre et décom­plexée doit jouer pour beau­coup. Mais en réal­ité nos fêtes sont très faciles d’accès, c’est juste qu’on aime beau­coup par­ler de cul, de drogue, sur un ton décalé. Parce qu’il faut arrêter avec les tabous. En teuf, il faut se sen­tir libre et en toute sécu­rité, car c’est bien le seul moment de ta semaine où tu ne dois plus te pren­dre la tête ; mais il faut aus­si désex­u­alis­er les corps, et en par­ti­c­uli­er celui des femmes. Nous défendons l’acceptation de soi et des autres dans le cadre de fêtes sans com­plexe et sans jugement.

En faisant tomber le haut, on ouvre une autre per­cep­tion de soi et des autres.”

Au Rex Club / ©Quentin Belloir

©Lucile Lafièvre

Au Rex Club / ©Vin­cent Wyrin’s

Le truc le plus fou que vous ayez vu/vécu dans une de vos soirées ?

Chaque soirée est un peu plus folle que la précé­dente. Con­stater que le gang des tous-nus rassem­ble un peu plus de fidèles à chaque fois, ça nous fait quelque chose dans le bidou, surtout quand c’est au Rex club, putain. Sinon, à la soirée Armage­boobs, voir un mec se dés­aper dès son arrivée au club et pass­er toute la nuit la teub à l’air, sans com­plexe, c’é­tait quelque chose. En plus, il a passé une super soirée et nous a remer­cié pour la bien­veil­lance omniprésente autour de lui. C’é­tait une réelle fierté.

Aus­si, pen­dant l’after du fes­ti­val Coucool, on s’est fou­tus à poil avec des gens ren­con­trés la veille pour aller se baign­er dans l’étang et chiller sur un lit-radeau. On a refait le monde sur un lit au milieu de l’eau dans le plus sim­ple appareil, c’était price­less. Un dimanche soir à 20h, on a passé de la grosse tech­no à Mar­seille et toutes les meufs de la soirée ont fait tomber le haut en me cour­sant pour chop­er des caches-tétons. Et on a tourné un porno en club aus­si (mais c’était y a longtemps)…

Armage­boobs / ©L’Oeil Du Yak II

Armage­boobs / ©L’Oeil Du Yak II

Au Rex Club / © Mah­di Aridj

La prochaine soirée des Soeurs Mal­saines, Il est où l’after, aura lieu le 26 jan­vi­er au 6b, à Saint-Denis. Puis dans un for­mat con­férence et expo sur le thème de la cul­ture porno au Hasard Ludique le 15 février.

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