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St Germain / ©Charlotte Vasseneix
29 janvier 2021

St Germain : l’histoire derrière “Tourist”, œuvre fondamentale de la French Touch (2/2)

par Patrice BARDOT

Avec son second album Tourist, sorti en 2000, Ludovic Navarre a connu un carton mondial comme jamais aucun artiste français avant lui. Vingt ans plus tard, St Germain ne réalise toujours pas. Il nous raconte.

L’article intégral est à retrouver dans le Tsugi 137 : Bicep, la house prend feu, disponible en kiosque et à la commande en ligne le 5 février.

À quoi reconnaît-on un « classic album » ? À ses ventes, certes, mais surtout à sa manière de traverser les époques, les pays et les vies de chacun. À ce compte-là, la jazz-house du Tourist de St Germain, que l’on entend encore plus de vingt ans après sa sortie en fond sonore dans un bar de Rio, un magasin de Los Angeles, un restaurant de Tokyo, ou en bande-son avant un concert à Paris, figure parmi ces œuvres dont l’universalité ne fait pas débat. En 2000, cinq ans après Boulevard – déjà une réussite –, mais toujours en prise avec l’underground, Ludovic Navarre, bien malgré lui, accède au rang de meilleur exportateur de la musique française. Alors qu’un album de remixes (signés Ron Trent, DJ Deep ou Traumer) honore les 20 ans de la version originale, St Germain nous raconte les hauts, mais aussi les bas, d’une aventure dont il a mis longtemps à se remettre.

« Ensuite, j’ai tout coupé, je n’ai plus fait de musique, et cela a été une période un peu longue pour retrouver la flamme. »

Qu’est-ce qui te vient immédiatement à l’esprit lorsque tu penses à Tourist ?

Je pense à l’aboutissement d’une période d’essais pour arriver à ce résultat. On peut me comparer à un coureur de fond, car la conception de cet album ne s’est pas réalisée sur une seule année. Je croyais que Boulevard ne marcherait pas du tout, parce que c’était à contre-courant de ce qu’il se faisait à l’époque : de la techno rapide de plus en plus dure. Donc je comptais vraiment soit arrêter, soit ralentir ma production. Mais surprise, cela a fonctionné et je me suis dit qu’il fallait continuer et même aller plus loin.

Quel est le point de départ de Tourist ?

Comme toujours chez moi, c’est un long cheminement qui a démarré en 1993 avec Motherland EP, mon deuxième maxi sur Fnac Music. J’avais déjà trouvé mon petit mélange que j’ai développé par la suite avec Boulevard puis Tourist. Mais le maxi que je préfère c’est Mezzotinto EP, avec notamment “My Mama Said”. J’étais très content de ce morceau qui sonnait super bien, j’avais accentué le jazz et le blues, il marque un peu le début de tout ce que je vais sortir par la suite.

St Germain en 2000 / ©Philippe Levy

Tu es difficile dans ton choix des musiciens ?

Je déteste ceux qui sont trop techniques. Je cherche avant tout quelqu’un qui a un feeling. Il faut que ça vive, qu’il y ait de l’impro. Un jour, on répétait dans le grand studio de chez EMI, en vue d’un live en Chine. Il y avait Tony Allen notamment. Et là un bassiste se pointe, il veut jammer avec nous. Pourquoi pas ? Eh bien on a tous regretté ! C’était un massacre, il en mettait partout ! C’est ce que je disais toujours aux musiciens : les mecs qui parlent pour ne rien dire, je ne supporte pas. (rires)

« J’adorais quand on me disait : « Ben faut sourire quand même ! » C’est ça, vous m’emmerdez tous ! (rires) »

Après Tourist, tu aurais imaginé qu’il te faudrait quinze ans pour sortir un nouvel album ?

Très honnêtement, non. Mais je savais qu’après la tournée, il fallait vraiment que je fasse une pause parce que j’étais très fatigué. On avait dû faire pas loin de 300 concerts. C’était compliqué de gérer les musiciens, la technique. Mes journées étaient bien chargées. On arrivait sur une date, je posais le sac à l’entrée de l’hôtel. On m’emmenait tout de suite pour des interviews, puis je partais à la balance, je revenais dans ma chambre pour une douche… Mais il y avait toujours quelqu’un à voir ou quelque chose à faire. On ne se rend pas compte, mais c’est vraiment épuisant. Sans compter que les concerts et les interviews, à la base ce n’était pas mon truc, et là je baignais en plein dedans. J’adorais quand on me disait : « Ben faut sourire quand même ! » C’est ça, vous m’emmerdez tous ! (rires) Heureusement, bien sûr il y a eu des super moments, mais quand on a arrêté, je n’étais pas mécontent. Et ensuite, j’ai tout coupé, je n’ai plus fait de musique, et cela a été une période un peu longue pour retrouver la flamme. Aujourd’hui, de m’être occupé de ce disque de remixes m’a redonné envie de repartir dans ce mélange house-jazz à la Tourist. J’avoue que ça me manque et j’aimerais bien sortir quelque chose d’ici la fin d’année si la Covid nous laisse faire.

Retrouvez l’intégralité de cet article dans le Tsugi 137 : Bicep, la house prend feu, disponible en kiosque et à la commande en ligne le 5 février

 

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