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28 décembre 2023

Swooh, Noti Rose, La Clara Sofia, Siraba : déjà demain !

par Tsugi

Ouvrez les yeux, on est Déjà Demain ! Chaque mois dans votre nouveau Tsugi, on vous fait une sélection des artistes à suivre de très près. Au programme pour le dernier numéro : Noti Rose, La Clara Sofia, Siraba et Swooh !

 

Article rédigé par Patrice Bardot et Benoît Carretier sur le Tsugi 166 : Irène Drésel, que fleurisse la techno !

 

Noti Rose

Un artiste issu de la moisissure. Au sens propre du terme. Explications : ce jeune homme a composé son premier EP entre ses 18 et 19 ans dans une chambre où les murs étaient attaqués par ces maudits champignons vert-de-gris. Du coup, il a nommé son disque Mirages Moisissures EP. Pourtant, ses compos ne sont pas moisies. Loin de là. On se prend même en pleine tronche le flow lancinant autotuné à mort de ce chanteur/rappeur même si, il faut bien le dire, on ne comprend pas grand-chose à ce qu’il raconte. Une lecture des textes s’impose. La performance vocale très particulière, comme du PNL qui aurait avalé trop de valium, s’accompagne d’une avalanche sonore bruitiste et lyrique, IDM, post-rave. En résumé des beats de fin du monde pour un EP réellement apocalyptique. On le dit subjugué par le trouble des œuvres de David Lynch. L’expression musicale d’une sensibilité à fleur de peau, construite en partie avec ses trois complices aux machines, thirdeye, whatever51 et lowtary, qui se rapproche effectivement de l’univers si particulier du cinéaste où les faux-semblants sont plus nombreux que les vérités banales. Une découverte dont il est difficile de sortir indemne.

 

La Clara Sofia

Du dossier de presse présentant cette artiste franco-brésilienne, on a retenu cette phrase : « Je ne suis pas chanteuse, je suis vivante. » Et c’est tout à fait ce que l’on ressent à l’écoute de son premier EP Desembocá (« déboucher, se jeter dans le fleuve »). La matière sonore organique semble vibrer par tous les pores de la chanteuse dont la voix est justement mise en avant. Que ce soit en anglais ou en portugais (et même plus rarement en français), elle joue avec les mots sur des histoires de fusion, effusion, où les corps comme les langues se mélangent. Une célébration orgiaque à rapprocher des ovnis Camille ou, si on se lâche un peu, Björk. Une pop luxuriante aux arrangements justes, dont le goût du voyage l’emmène vers un trip-hop non fumeux mais bien addictif. Cette autodidacte marquée par la soul et la bossa-nova de son enfance nous entraîne dans un monde bien à elle où l’auditeur est au cœur d’une troublante expérience sensorielle. On se souviendra longtemps du minimalisme irréel du dernier titre, « Odoya », porté par quelques notes de guitare basse qui claquent, un tapis discret de percus et la force sensuelle et persuasive de Clara Sofia. Magique.

 

Siraba

Quand on dit que les voyages sont source d’épanouissement personnel ! En 2003, parti à la découverte du Mali, le bidouilleur Damien Vandesande, moitié des excellents dOP, piliers d’une house minimale à la française garantie 100 % ingénieuse et non conventionnelle, rencontre au détour de ses pérégrinations Boubacar Samake, fils du griot – et légende locale – Sibiri Samake. Vingt ans d’amitié plus tard, Damien et Boubacar accouchent d’un premier album où l’électronique occidentale part à la rencontre des sonorités traditionnelles du Wassoulou – une vallée fluviale d’Afrique de l’Ouest située à la jonction de trois pays, le Mali, la Côté d’Ivoire et la Guinée. Signé sur Secret Teachings, le label « différent » de Damian Lazarus, que l’on connaît surtout pour sa structure très dancefloor Crosstown Rebels, Siraba, le disque, est une rencontre incandescente et organique entre Mali et dancefloor feutré, sans que jamais, dans un respect absolu de l’apport de chacun, l’un ne prenne l’ascendant sur l’autre. Si cette intégration de la science sonore du Français aux instruments ancestraux du Malien (et vice-versa) donne parfois naissance à des envolées plus dancefloor comme « Ngana Fôlly » ou « Nase », le plus souvent, la jonction entre les deux univers est telle qu’ils ne font plus qu’un (« Fô Té Mogobana », « Komô Fôlly » ou « Dianjô »). Unique et fusionnel.

 

Swooh

Puristes, fuyez (même si vous le regretterez). Ce 8 décembre aux Trans Musicales de Rennes, vous risquez la syncope devant le live AV de Swooh. Et pourtant, sous sa casquette perpétuellement vissée sur la tête se cache peut-être l’un des futurs possibles de la techno française. Révélée par Astropolis, la jeune Brestoise écume tout ce que l’underground électronique compte de meilleur en France (et au-delà) avec sa formule ghetto techno, électro et footwork. Un renouveau électronique aux sonorités très actuelles, rapides et sans concessions, mais qui dans le cas de Swooh, ne flirte jamais avec le mauvais goût ni la facilité. Il suffit de réécouter son épatant « Electric Zoo » de 2022, entre footwork et jungle compacte façon Aphrodite, le survitaminé « Me & U » (sorti sur Dôme VA. 04) ou son long EP Hustlers Legacy pour se convaincre de l’avenir radieux promis à cette productrice bien dans son temps, qui s’inspire de la culture pop en échantillonnant des bandes-son de rap, R&B, jeux vidéo ou dessins animés. Rendez-vous donc dans le Hall 9 pour un live AV imaginé par Océane Breton, qui a croisé les esthétiques hyperpop, rave, cyberpunk ou gabber, pour un résultat garanti « épileptique, explosif et coloré, métallique et fluo, d’où surgissent Ryu de Street Fighter et l’ombre de Gwen Stefani. » Tout un programme.

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