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Crédit photo : Nicolas Bresson
25 octobre 2017

Techno de hangar et trance psyché pour l’anniversaire de La Quarantaine

par Nicolas Bresson

Les soirées warehouse, héritières revendiquées des raves des années 90, ne se sont jamais aussi bien portées, en particulier en région parisienne. Après seulement une année d’existence, le collectif La Quarantaine a réussi l’exploit de réunir samedi plus de 3000 fêtards sur fond de techno et de trance dans un hangar d’Ivry-sur-Seine. On n’a pas résisté à l’envie d’aller y faire un tour.

Prévenus dans l’après-midi du lieu de la fête, c’est un peu après deux heures du matin que l’on débarque devant ce qui s’avère être l’ancienne imprimerie du journal Le Monde à Ivry-sur-Seine. Arrivant après le gros des troupes, l’entrée s’avère rapide et fluide. On croise l’un des organisateurs qui nous confesse qu’il ne s’attendait pas à voir débouler autant de monde. Déjà, il y a une autre grosse soirée hors club ce soir-là, « Possession » du côté de la Plaine-Saint-Denis, qui s’adresse sensiblement au même public. Ensuite, le collectif fête seulement sa première année d’existence et ne possède pas la même notoriété que d’autres organisations. Et puis il n’y a pas vraiment de têtes d’affiches au line-up même si La Quarantaine a eu la bonne idée d’inviter trois DJs du sound-system Heretik. A la fois un hommage aux valeureux conquérants de la piscine Molitor et une forme de passation de pouvoir entre deux générations de « raveurs ». Mais eux, contrairement à leurs aînés, ne proposent pas de free party. Ici l’entrée est payante, le lieu occupé en bonne et due forme, un service de sécurité est présent, des issues de secours sont bien signalées et des toilettes chimiques ont même été installées. C’est de la rave 2.0, insolite par l’espace investit, musclée dans sa techno sans concession jouée 14 heures durant, mais organisée de manière très professionnelle tout en usant des codes de sa génération. Les sets, par exemple, ont été diffusés en direct toute la nuit sur les réseaux sociaux tandis que l’on pouvait payer au bar via son smartphone et une application cashless dédiée.

Crédit : Nicolas Bresson

Malgré l’affluence – plus de 3000 personnes – le lieu est suffisamment grand pour que tout se passe bien et que les déplacements se déroulent sans accros. Deux salles ont été sonorisées. La première a été investie par le collectif Nataraja qui propose de la trance psychédélique. La déco y est sympathique, l’ambiance bon enfant et le son propre, mais la trance n’étant pas vraiment notre tasse de thé nous n’y faisons que de brèves incursions. Le deuxième espace, plus grand, est lui dédié à de la techno pure et dure. On commence à se laisser porter par le set énergique de l’Allemand Introversion quand patatras, le groupe électrogène lâche. Plus de son, plus de lumières et un public qui crie sa frustration. Renseignement pris, c’est la première coupure de la soirée et on peut espérer que ce sera la dernière – ce sera effectivement le cas. Après une bonne quinzaine de minutes de patience, c’est Aness des Heretik qui reprend la main avec de la techno lourde dans laquelle on reconnait « Machine » d’Andrea ou le plus old-school « Pontapé » de Renato Cohen. Il laisse ensuite sa place à son comparse Limka qui va monter doucement mais surement dans les BPMs. Démarrant avec une électro-tech énervée il bifurque ensuite vers des classiques hardtek notamment issus des différents labels Heretik. Des vieux Popof, du Noisebuilder, histoire de ne pas relâcher la pression.

Crédit : Nicolas Bresson

Il est déjà plus de 6 heures du matin et c’est une fille que l’on voit débarquer derrière les platines. On ne connaissait pas EKLPX, son nom de scène, et celle qui est résidente des soirées La Quarantaine va peut-être faire le meilleur set de la soirée. En tout cas de ce qu’on en a vu, étant partis avant la fin annoncée pour le début d’après-midi. EKLPX joue de la grosse techno frontale à 140 BPM, du genre de celle qu’on peut entendre dans la salle du bas du Tresor de Berlin. Le public commence a franchement se lâcher et on apprécie la diversité de ceux qui nous entourent. Entre le tranceux à dreadlocks et sarouel égaré mais qui kiffe quand même la techno, le « Berghain man » en short et harnais de cuir, le quadra nostalgique de ses premières raves et la petite nana qui semble avoir la révélation de sa vie. Alors que KRS, le dernier DJ des Heretik programmé, entame sa performance hardtek, nous quittons finalement les lieux, étant concrètement plus proches de la « quarantaine » que les jeunes organisateurs du même nom. Heureux de voir qu’une nouvelle génération a pris les choses en main, choisi de ne pas se cantonner au conformisme des clubs – qu’on apprécie quand même hein ! – empruntant les chemins de traverses que sont les hangars désaffectés et les espaces extérieurs. Un retour aux sources inespéré pour la techno qui attire un public de plus en plus nombreux. Pourvu que ça dure !

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