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Crédit photo : Julie Michelet
27 septembre 2019

“Techno, disco, planant” : Zimmer explore les contrastes dans son premier album

par Claire Grazini

Zimmer, le petit protégé de l’écurie Roche Musique, sort son premier album ZIMMER ce 27 septembre. À cette occasion, il révèle le clip du titre “Make It Happen”, en collaboration avec Panama. Entre nappes planantes et techno énergique, l’artiste explore de nouvelles pistes musicales sur ce qu’il aime à appeler sa “Tape ultime”.

Tu as sorti une dizaine de tapes, 4 EPs, qu’est-ce qui t’as poussé à faire un album ?

J’avais hyper envie d’un format long pour exprimer plus de choses. Dans ma musique, il y a des sonorités à la fois douces et d’autres plus intenses qui frôlent la techno. Je voulais fouiller ces penchants avec beaucoup plus de radicalité, ce que tu peux moins faire sur un EP. J’aime les contrastes, aller dans les extrêmes et les lier. C’est plus facile à faire sur douze ou treize morceaux et sur une heure de temps. Je souhaitais créer un objet artistique complet, présenter un live, une identité visuelle à travers mes clips pour développer une oeuvre totale. L’album c’est un super format pour faire ça. Puis je me sentais mûr en tant que producteur.

Je trouve qu’il y a plus de sonorités techno dans ton album, notamment dans « Dawn », « Mouvement » ou encore « Thunder », pourquoi ce virage ?

Ça n’a pas été calculé, j’ai fait la musique qui venait à moi plutôt que d’essayer de trop l’intellectualiser. Il y a eu un vrai lâcher-prise, j’en ai fait quand j’en avais envie, je n’avais pas la pression de devoir sortir quelque chose dans les six mois. Finalement, cet album c’est les treize meilleurs morceaux que j’ai composés en 2017 et 2018. Je pense que c’est un poil plus sombre que ce que je faisais avant, il y a un peu plus ce côté techno parce que c’est ce que j’ai envie de jouer à 2h du mat’ quand il fait nuit. Pour moi, c’est un équilibre entre l’ombre et la lumière. Ma musique a évolué.

Zimmer

Crédit photo : Julie Michelet

À l’écoute de ton album, on a l’impression d’un mélange de styles entre Superpoze et Bonobo, est-ce que ces deux artistes t’ont inspiré?

C’est des artistes que j’aime écouter, Superpoze m’avait fait un remix il y a quelques années. J’ai pas vraiment d’influence dans ce que je fais mais évidemment, mes goûts m’inspirent. J’aime beaucoup l’approche de SBTRKT et Jamie XX dans la façon qu’ils ont de concevoir leurs albums. Ils font appel aux mêmes voix, que ce soit Romy ou Sampha. C’est un peu ce que j’essaie de faire avec Panama. On a fait deux morceaux ensemble et ça donne une certaine couleur. Sinon c’est hyper large, ça va de Daniel Avery à Four Tet, puis de Rone à Moderat, tous ces artistes m’influencent.

Quelle serait la collaboration de rêve pour toi ?

Il y a la catégorie un petit peu réaliste et la catégorie complètement irréaliste. Je réfléchis… Diana Ross, c’est la queen. Je crois que j’ai trouvé la nouvelle appellation de ma musique, avant je faisais de l’horizontal disco, maintenant je fais de la techno disco donc un morceau avec Diana Ross ce serait incroyable.

Quel est ton titre préféré dans l’album ?

Tu peux pas me demander ça, c’est mes bébés, je les aime tous! Bon, je les aime tous mais en même temps j’ai plus trop envie de les écouter. S’il fallait en choisir un, ce serait le dernier, “Make it Happen”, qui est également le dernier que j’ai composé. Il y a une structure hyper linéaire, pas de break et il m’emmène assez loin. Émotionnellement j’ai une attache particulière à ce morceau, donc en ce moment ce serait lui.

Peux-tu nous parler du processus de création de ton album ?

Pour mon album, j’ai tout fait tout seul à part les voix. Il y a deux morceaux dans lesquels le guitariste de Chris a joué. Alex Gopher a masterisé l’album. Mais sinon j’ai composé, produit, arrangé et mixé le tout. Quand tu fais de la musique électronique, la façon dont tu mixes est tellement importante que je n’arrive pas à le laisser à quelqu’un d’autre. Je suis un peu control freak. J’aime bien l’art total et avoir le contrôle sur ce que je fais pour que ce soit le plus proche possible de la vision que j’en avais au début et pour la communiquer aux autres. Je crée de la musique pour susciter des moments magiques où les gens connectent.

Une anecdote à raconter sur ton album ?

« Thunder », le morceau le plus intense de l’album, je l’ai fait à 10h du matin dans un coffee shop. On était en vacances à Los Angeles avec ma copine, elle bossait sur son PC, on était au milieu des gens qui buvaient leur café et moi j’étais là avec mon casque à faire un morceau techno. La musique a ce truc magique, il peut être 10h du matin, tu fermes les yeux, tu te sens dans une warehouse dans le noir puis tu vois la machine à fumée et les lights. Je bosse plutôt le matin parce que j’aime bien avoir des horaires normaux pour essayer de maintenir une vie sociale même si c’est pas forcément évident.

Pourquoi est-ce que tu t’es associé avec le studio H5 pour la réalisation de la pochette de l’album ?

J’avais envie de voir ce que ça donnait si je confiais ça à des gens qui savent le faire mieux que moi. Je suis hyper content du résultat qu’on a trouvé, cet hybride un peu futuristique tout en image de synthèse. Je suis hyper content de ce qu’on a trouvé avec eux. Cette pochette elle a mis un an à se faire. On a beaucoup discuté avec Ludovic, le directeur du studio H5. Il m’a présenté plein de concepts et assez vite il m’a parlé de la foule. Ca a été notre point de départ, c’était une belle métaphore de cette connexion par la musique. Sur toutes mes pochettes précédentes, j’étais seul donc ça contraste assez joliment je trouve. D’ailleurs, sur la pochette c’est moi le petit personnage en 3D, scanné x1000. Je suis content de l’univers qu’on a créé et j’aurais jamais pu faire ça tout seul.

Zimmer cover

Pochette de l’album Zimmer

Tu t’occupes de la construction de la scénographie de ton live, peux-tu nous expliquer comment ça se passe ?

Je trouve ça hyper important de pouvoir contrôler l’environnement visuel que les gens ont quand ils écoutent ma musique. C’est ce qui me plait dans les lives et j’avais envie d’expérimenter ça. Sur chaque morceau j’ai une idée assez précise de ce que je veux, je vois des couleurs, des sensations d’éclairages et comme la musique électronique c’est plutôt une musique de sensation physique, c’est hyper important d’avoir ça. Sur chaque morceau, on définit à l’avance ce qui va se passer, on divise par blocs ce qui fait qu’en live, je peux quand même changer ce qui se passe. Je ne suis pas figé dans quelque chose de linéaire, je peux changer l’ordre des morceaux puisque chaque partie a son bloc que j’ai imaginé avec l’ingénieur lumière pour que ce soit exactement ce qu’on avait en tête. À chaque fois que tu construis des choses custom, il faut mettre la main à la pâte. C’est un truc qui m’amuse. À la base je suis designer, donc créer des objets de scénographie c’est quelque chose qui me plait forcément.

Comment s’est passé la collaboration avec Panama, le duo australien qui a travaillé avec Petit Biscuit ?

Tout s’est passé par messages sur Soundcloud. On ne s’est pas rencontrés mais on va peut-être essayer de s’organiser pour tourner ensemble en Asie. Il apparaît dans mon nouveau clip, “Make It Happen”. Je trouve ça assez rigolo qu’on ait fait une collaboration tout en digital et qu’on fasse un clip où on est ensemble virtuellement. C’est assez cohérent finalement.

Quelle relation entretiens-tu avec Roche Musique ?

Je trouve ça assez rigolo de voir comment le label a évolué parce qu’au début on avait un son commun, une esthétique commune. On fait tous de la musique un peu douce. Maintenant, chacun explore quand même des champs différents et je trouve ça hyper intéressant. On a fait pas mal de soirées où on jouait en format label. On a fait une super tournée aux États-Unis avec Kartell, Cézaire et Darius, c’est hyper agréable d’être avec tes potes au bout de la terre, de jouer dans des salles pleines de gens qui veulent écouter ta musique. Roche ça continue fort. On a un studio commun à Paris. Il y a 2 jours, j’y étais pour finir des choses pour le live, j’ai croisé Crayon on est allé boire des verres au bar du coin. On se croise quand même assez régulièrement. On en parlait avec Crayon, on se disait qu’on avait tous commencé à jouer au Wanderlust et au Social Club en 2011, 2012 et de voir qu’on est encore là, toujours potes et que chacun avance bien dans sa carrière, c‘est chanmé quoi.

Vas-tu continuer les Zimmer Tapes à chaque saison ?

Pendant l’album, j’avais un peu de mal à continuer les tapes. J’avais pas trop envie de digger des nouveaux morceaux pour éviter d’être influencé. Finalement l’album c’est un peu ma tape ultime.

L’album est en écoute ici :

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