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Bambino Paris / ©The Social Food
15 juin 2021

🍾 Tendance : les listening bars, lĂ  oĂč la musique importe autant que le verre ou l’assiette

par Arnaud Rollet

Pour peu que vous possĂ©diez une paire d’oreilles fonctionnelles, vous avez forcĂ©ment dĂ©jĂ  remarquĂ© que la musique faisait trop souvent office de parent pauvre pour bon nombre de cafĂ©s, restaurants et bistrots qui, pour s’assurer une ambiance Ă  moindre frais, laissent crachoter des morceaux un brin tendance sur des enceintes bon marchĂ© entre deux remplissages de godets. Heureusement, peu avant le confinement, une nouvelle vague de lieux audiophiles commençait Ă  se dĂ©ployer sur la France pour tenter d’inverser la tendance et respecter davantage l’ouĂŻe des badauds en s’inspirant des fameux listening bars amĂ©ricains, londoniens et japonais. Aujourd’hui, ces bars ont rouvert et la vague retrouve sa puissance. Un pari audacieux menĂ© par de fringants trentenaires qui, bien que se dĂ©clinant de diffĂ©rentes façons, traduit Ă  chaque fois un amour immodĂ©rĂ© pour le bon son
 et les bons produits. L’occasion d’y faire un ou mĂȘme 33 tours.

Café Montezuma à Paris, avec ses magnifiques enceintes Klipschorn

« C’est bien d’avoir un super systĂšme son d’un point de vue technique comme une super machine expresso, mais si tu n’as pas un super barista qui adore ça, un type qui va sourcer son cafĂ© et une communautĂ© d’amateurs qui vient, cela ne sert pas Ă  grand-chose. » InstallĂ© Ă  l’une des tables en bois du CafĂ© Montezuma, non loin du Palais Brongniart Ă  Paris, Louis Mesana est un type franc, mais surtout un grand passionnĂ© de vins et de musique, capable de disserter un long moment sur ses coteaux favoris comme ses albums fĂ©tiches. C’est cette passion qui l’a poussĂ©, en novembre 2019, Ă  ouvrir le « Zuma » avec son ami, le caviste ThĂ©ophile de Penanster : un cafĂ© audiophile oĂč l’on dĂ©guste des vins natures autant que des vinyles d’exception (ainsi qu’une cuisine signĂ©e Julie Della Faille, ancienne du Dauphin). « Un lieu d’écoute, pas un lieu de danse », dont la crĂ©ation a Ă©tĂ© nourrie par plusieurs voyages et de dĂ©couvertes.

 

Chineurs de bars, de musique et de vins

« L’idĂ©e ne vient pas de nous, Ă©videmment. Avec ThĂ©o, on est notamment allĂ©s Ă  Brilliant Corners Ă  Londres, dont le nom provient d’un album de jazz de Thelonious Monk. Le lieu est Ă©quipĂ© de quatre enceintes Klipschorn – comme les deux que nous avons en bas – et propose aussi des vins natures, dans une ambiance un peu japonisante, raconte l’ancien sommelier du Verre VolĂ©, Ă©galement guitariste Ă  ses heures. Nous avons Ă©tĂ© trĂšs marquĂ©s par cette expĂ©rience. » Une approche que Louis a aussi pu cultiver lorsqu’il travaillait aux États-Unis, en visitant In Sheep’s Clothing Ă  Los Angeles, le Shiru Ă  Oakland ou encore le Mezcaleria la Milagrosa et The Four Hoursmen Ă  New York. Le premier est un petit speakeasy de Mescal et le second se trouve ĂȘtre le coffee shop cofondĂ© par James Murphy de LCD Soundsystem.

« La dĂ©marche de quelqu’un qui va chercher des vieux groupes des annĂ©es 1970 ayant enregistrĂ© avec tel batteur, sur telle pĂ©riode, dans tel studio et avec tel producteur, c’est exactement la mĂȘme que celle de celui qui va chercher des vins natures chez machin qui, lui-mĂȘme, se fournit en raisins chez truc et a vinifiĂ© ça en 2017 de telle façon pour faire 200 bouteilles comme l’autre qui aurait pu sortir seulement 200 vinyles. »

Pour rĂ©ussir Ă  se lancer dans l’aventure, Louis et ThĂ©o ont clairement pu compter sur leur talent de dĂ©nicheurs afin de construire un systĂšme son Ă  la hauteur de leurs ambitions. C’est en cherchant sans relĂąche que le duo a pu mettre la main sur ses fameuses enceintes Klipschorn, dĂ©nichĂ©es chez un ancien imprimeur de Saint-Etienne avec un prĂ©-ampli Ă  lampes trois voies, un modĂšle qui n’existe que chez Montezuma. Un talent pour trouver les bonnes choses, bien aiguisĂ© par des annĂ©es de pratique jusque-lĂ  mises au service de la recherche de vignerons talentueux comme des disques prĂ©cieux. Un parallĂšle que ne renie d’ailleurs par l’intĂ©ressĂ© : « La dĂ©marche de quelqu’un qui va chercher des vieux groupes des annĂ©es 1970 ayant enregistrĂ© avec tel batteur, sur telle pĂ©riode, dans tel studio et avec tel producteur, c’est exactement la mĂȘme que celle de celui qui va chercher des vins natures chez machin qui, lui-mĂȘme, se fournit en raisins chez truc et a vinifiĂ© ça en 2017 de telle façon pour faire 200 bouteilles comme l’autre qui aurait pu sortir seulement 200 vinyles. Il y a beaucoup de points communs sur ce cĂŽtĂ© trĂšs nerd, trĂšs digger, amateur de choses trĂšs clivantes, sans concession, qui peuvent avoir beaucoup de dĂ©fauts tout en ayant l’avantage de leur originalitĂ©, de l’indĂ©pendance et de l’authenticitĂ©. »

Café Mancuso à Bordeaux

 

La liberté en dehors du mix

L’appĂ©tence pour le digging, c’est aussi ce qui avait motivĂ© Guillaume Taillieu, cofondateur du label Discobar (dont il ne s’occupe plus aujourd’hui), passĂ© par « toutes les formes de restaurants ou de bars, des soirĂ©es warehouse aux cocktail bars ». C’était du cĂŽtĂ© de Bordeaux, Ă  l’automne 2017. Devenu depuis une rĂ©fĂ©rence bien au-delĂ  des frontiĂšres de l’Hexagone et dotĂ© d’enceintes Tannoy Glenair 15, le CafĂ© Mancuso, nommĂ© en hommage Ă  la mythique figure de la nuit new-yorkaise, transpire une sincĂ©ritĂ© touchante et un rĂ©el besoin de casser les codes jusque-lĂ  plĂ©biscitĂ©s par les rades diffusant de la musique. Au moment d’expliquer le pourquoi d’une telle entreprise, Guillaume remonte le temps : « Je collectionne des disques depuis l’ñge de 15-16 ans. En 2012, je suis allĂ© vivre Ă  Londres oĂč, en parallĂšle au monde de la restauration, j’ai montĂ© Discobar avec mon pote Lamache. LĂ -bas, je sortais toujours en club ou dans les bars, mais Ă  un moment donnĂ©, j’en ai eu marre. Pour moi, c’était toujours la mĂȘme chose : cela faisait dix ans que je sortais quasiment tous les week-ends en club et c’était le mĂȘme « film » Ă  chaque fois. Au mĂȘme moment, juste avant de quitter Londres, j’ai dĂ©couvert une autre expĂ©rience, avec ces lieux comme Brillant Corners et le Spiritland qui, lui, venait tout juste d’ouvrir. J’ai tout de suite adhĂ©rĂ© Ă  ce concept oĂč les personnes prenaient vraiment Ă  cƓur la qualitĂ© du son et la sĂ©lection musicale, en choisissant les selectors venant y passer des disques, dans des registres totalement diffĂ©rents. LĂ -bas, on pouvait Ă©couter un trĂšs large spectre de musiques, du jazz, de la funk, de la soul, de l’ambient, de l’expĂ©rimental
 Cela allait dans tous les recoins et c’est ça qui m’intĂ©ressait. »

« C’est de la selecta pure, il n’y a pas de mix. En fait, on a surtout de la musique « no club »… »

Au CafĂ© Mancuso, les passeurs de disques invitĂ©s tous les jeudis, vendredis et samedis sont libres d’agir Ă  leur guise. « C’est de la selecta pure, il n’y a pas de mix. En fait, on a surtout de la musique « no club » qui peut aller de l’ambient Ă  l’experimental en passant par le downtempo, trip-hop, hip-hop, funk, soul, disco, afro, folk, tribal, psychĂ©dĂ©lique, prog rock… C’est trĂšs large et on essaye de diversifier toujours plus. » Une ouverture d’esprit qui a dĂ©jĂ  sĂ©duit plus d’un collectionneur Ă  travers le monde. « On a pas mal de français, mais on a aussi eu des gens de Londres, de Madrid, de Rome, de Berlin… et mĂȘme un Australien ! C’est selon le feeling : les personnes nous contactent, nous parlent de leur sĂ©lection, de ce qu’ils Ă©coutent. On Ă©change et si l’on voit que ça colle bien, on essaye de trouver une date pour les faire venir. »

Le lieu tend mĂȘme Ă  diversifier de plus en plus ses Ă©vĂ©nements, pour proposer de nouveaux rapports Ă  la musique comme quand, au mois de fĂ©vrier, un invitĂ© est venu proposer une sĂ©lection jazz et raconter une histoire autour de ces morceaux, interagissant avec le public pour discuter des influences. Une cĂ©rĂ©monie qui pourrait bientĂŽt se dĂ©rouler en dehors du cafĂ©, le duo ayant acquis une petite Onken, un nouveau sound system nomade « trĂšs prĂŽnĂ© des audiophiles car d’une trĂšs grande musicalitĂ© et prĂ©cision : il va nous servir pour faire des Ă©coutes approfondies d’albums ou l’organisation de soirĂ©es audiophiles intimistes, dans notre sous-sol ou ailleurs. »

Le bar à cocktails Fréquence, à Paris

Envie d’un nouveau cocktail et inspiration nippone

Si le CafĂ© Mancuso fait dans l’éclectisme et tend vers une approche de la musique plus « spirituelle », d’autres spots plus ou moins rĂ©cents font eux le choix d’une ligne directrice bien plus restreinte. C’est notamment le cas de FrĂ©quence. Difficile de ne pas s’arrĂȘter devant ce bar Ă  cocktails en se baladant rue Keller, dans le 11e arrondissement de Paris, tant sa collection de vinyles installĂ©e en Ă©vidence derriĂšre le zinc attire l’Ɠil des amateurs de wax. DerriĂšre le comptoir justement se trouve un autre Guillaume, nommĂ© Quenza cette fois. C’est lui qui, avec ses associĂ©s Matthieu Biron (Ă©galement DJ sous le chouette nom de Matt Ma Moustache) et Baptiste Radufe, a voulu se lancer dans l’aventure. Tous ont bossĂ© dans la restauration ou l’hĂŽtellerie. Un background professionnel qui a lentement, mais sĂ»rement, fait murir l’idĂ©e du projet. « À force de bosser et aussi de sortir sur Paris, on faisait tous le mĂȘme constat : la musique Ă©tait trop souvent le moins important pour les bars. C’était ce qui Ă©tait relayĂ© au dernier rang, le truc dont personne ne s’occupait. Une fois les travaux finis, on accrochait deux enceintes et c’était terminĂ©. Peu de bars mettaient rĂ©ellement le son en avant, de par la qualitĂ© du systĂšme son et de la programmation. Les seuls qui le faisaient Ă©taient surtout des lieux plutĂŽt club ou de grosses machines. Et nous, on trouvait qu’il manquait justement un endroit intimiste, de la taille d’un bar quoi, oĂč le son serait mis au premier plan. L’idĂ©e a commencĂ© comme ça. Il fallait rĂ©pondre Ă  ce manque en trouvant un lieu oĂč l’on pourrait mettre de la musique sans pour autant dĂ©ranger les voisins et oĂč ce soit aussi important de venir pour la musique que pour les cocktails. »

« À force de bosser et aussi de sortir sur Paris, on faisait tous le mĂȘme constat : la musique Ă©tait trop souvent le moins important pour les bars. »

Trois ans se sont alors Ă©coulĂ©s entre la premiĂšre discussion du trio sur le sujet et la recherche du local. Une pĂ©riode de rĂ©flexion renforcĂ©e par un sĂ©jour dĂ©cisif au pays du Soleil Levant et des jazz kissa. « Pendant ces trois annĂ©es, nous avons puisĂ© de l’inspiration un peu de partout, notamment au Japon, oĂč Matthieu et Baptiste s’Ă©taient rendus en vacances : ils en Ă©taient revenus avec des Ă©toiles plein les yeux et des tas d’idĂ©es, confie Guillaume. Au Japon, notre coup de cƓur majeur, c’est le Little Soul CafĂ©, Ă  Tokyo. C’est un bar tenu par un mec passionnĂ© : le type ouvre chaque jour et n’a jamais fermĂ© depuis le lancement ! Il se lĂšve le matin pour acheter des disques et les passe le soir dans son petit Ă©tablissement. Il est en plus ouvert aux recommandations et on peut lui demander ce qu’on veut. C’est assez impressionnant car il sait parfaitement oĂč trouver tel ou tel disque dans son immense collection en quelques secondes seulement. Il pose le doigt prĂ©cisĂ©ment Ă  l’endroit oĂč se trouve le vinyle demandĂ©. C’est un type honnĂȘte, droit et passionnĂ© et cela ressemblait Ă  ce qu’on voulait faire plutĂŽt que de crĂ©er un lieu d’abord photogĂ©nique.  »

 

Du son, mais pas de tapage

Le bar à cocktails Fréquence, à Paris

Chez FrĂ©quence, on est bien plus attirĂ© par la musique noire que par la note bleue. « Le plus gros focus, c’est vraiment la black music de la fin des annĂ©es 1970 / dĂ©but des annĂ©es 1980, dĂ©taille Guillaume. C’est disco, modern soul, boogie, un peu funk… Matthieu est aussi trĂšs calĂ© dans tout ce qui est disco-gospel et a aussi pas mal de disques africains et antillais. On a aussi un petit peu de reggae et de hip-hop. Mais le cƓur de la collection, c’est cette black music. » Des pĂ©pites diffusĂ©es sur un systĂšme son flambant neuf de la marque française Nexo. « Si l’on y ajoute les platines et la table de mixage, on s’approche rapidement des 15 000 euros. AprĂšs, il faut aussi ajouter l’isolation phonique ainsi que la correction avec les diffĂ©rents panneaux acoustiques permettant l’absorption du son… » Selon lui, un lieu audiophile ne peut pas se rĂ©sumer Ă  l’obtention d’un bon systĂšme son : cela implique aussi une prise en compte des environs. « Si l’on voulait mettre du son, on devait ĂȘtre bien isolĂ© et faire ça sĂ©rieusement. Pas mal de lieux ont nĂ©gligĂ© ça par le passĂ© et, ces derniĂšres annĂ©es, ils ont pris en pleine face cette espĂšce de vague anti-bar oĂč la moindre personne qui se plaignait obtenait quasiment toujours gain de cause
 Effectivement, c’est une dĂ©pense importante, mais on la savait nĂ©cessaire et indispensable. »

Une volontĂ© de ne pas se mettre le voisinage Ă  dos qui se traduit aussi chez Cadence, nichĂ© quant Ă  lui dans une autre zone apprĂ©ciĂ©e du 11e arrondissement, celle de l’avenue Parmentier, un coin dĂ©jĂ  habituĂ© Ă  une vie nocturne animĂ©e. NĂ© en septembre 2019, ce restaurant intimiste contraste avec la vieille table franchouillarde et surannĂ©e qui occupait l’emplacement avant lui. SĂ©rigraphies aux murs, dĂ©co moderne, boisĂ©e, lumineuse et vĂ©gĂ©tale
 Le lieu est agrĂ©able aux yeux comme aux oreilles, grĂące Ă  l’implication totale de son Ă©quipe. Une formation composĂ©e de trois personnes : JĂ©rĂ©mie Zeltner et Paul Auger en salle et l’Anglais Joshua Gibbons aux fourneaux. Loin d’ĂȘtre nĂ©ophytes dans le milieu de la nuit (ils sont dĂ©jĂ  connus dans le Paris by night pour leur collectif Sixoclock), JĂ©rĂ©mie et Paul sont, par contre, des nouveaux venus dans le petit monde de la restauration. Pour eux, Cadence est avant tout l’opportunitĂ© de changer de vie. « Nous sommes tous les deux en reconversion, raconte JĂ©rĂ©mie, petite barbe bien taillĂ©e et lunettes rondes sur le nez, entre deux cafĂ©s serrĂ©s. Moi, en l’occurrence, j’ai d’abord travaillĂ© pendant cinq ans en tant qu’ingĂ©nieur-Ă©lectronicien dans l’industrie. Paul, lui, est sorti d’Ă©cole de commerce et a d’abord travaillĂ© dans la grande distribution. Ensemble, nous nous occupions de Sixoclock en parallĂšle de nos activitĂ©s professionnelles de l’Ă©poque. On le faisait pour le plaisir de partager notre passion pour la musique et le fait de rĂ©unir les gens. Jusqu’Ă  une vraie remise en question de nos expĂ©riences dans le monde du travail plus conventionnel. C’Ă©tait devenu pour nous vraiment compliquĂ© : certes, on avait des bons salaires, mais on se levait le matin sans trop savoir pourquoi. Je n’arrivais pas Ă  expliquer ce que je faisais et je le faisais sans aucune fiertĂ©. Vraiment. Alors qu’aujourd’hui, quand je parle de Cadence, je le vis, j’en suis fier. C’est un vrai plaisir. Cela montre que j’ai trouvĂ© un sens Ă  ma vie, malgrĂ© un rythme beaucoup plus dur en termes de plages horaires et une rĂ©munĂ©ration aujourd’hui inexistante, qui sera bien lĂ  un jour mais ne sera pas non plus incroyable. Ce qu’on gagne avec ça, c’est du sens. »

« J’ai trouvĂ© un sens Ă  ma vie, malgrĂ© un rythme beaucoup plus dur en termes de plages horaires et une rĂ©munĂ©ration aujourd’hui inexistante. »

 

Menu disco

L’Ă©quipe de Cadence

Se dĂ©finissant avant tout comme un restaurant, Cadence attache autant d’importance Ă  ses assiettes qu’aux galettes diffusĂ©es dans ses huit enceintes conçues avec l’aide de la boutique voisine, La Maison du Haut-Parleur. « Nous ne sommes pas un bar qui sert des frites ou des finger foods : on est vraiment un lieu de dĂ©couvertes musicales et culinaires. Josh, en cuisine, n’est pas un chef venu pour simplement cuire des steaks et toucher sa paye. Comme nous avec la musique, il est passionnĂ© avec la cuisine. Il est donc lĂ  pour partager son art, faire dĂ©couvrir des choses, apprendre et Ă©changer. La musique et la cuisine ont en commun ! Ce sont des vecteurs qui rassemblent, deux arts qui font l’unanimitĂ© en France et partout dans le monde. Et en gĂ©nĂ©ral, les gens qui aiment la bonne musique aiment aussi bien manger et vice-versa. »

« La musique et la cuisine ont en commun ! Et en général, les gens qui aiment la bonne musique aiment aussi bien manger et vice-versa. »

 

Un mélange entre Tel Aviv et le Japon

À quelques enclavures de Cadence, une autre taniĂšre mĂȘlant bouffe, vins et vinyles a aussi ouvert ses portes dans le 11e arrondissement, en novembre 2019. SituĂ© rue Saint SĂ©bastien, Bambino fait d’abord le bonheur des instagrameurs avec son mur de disques, son bar/DJ-Booth classieux et ses enceintes immenses. Une adresse idĂ©ale pour faire un selfie, oui, mais aussi pour satisfaire l’ouĂŻe et le goĂ»t, deux sens cruciaux pour Fabien Lombardi dit Fabio, son crĂ©ateur Ă  qui l’on doit dĂ©jĂ  une ribambelle de restaurants et bars dans la capitale, dont les pizzĂ©rias Faggio ou L’EntrĂ©e des Artistes. Cette derniĂšre, ouverte avec Edouard Vermynck non loin du Cirque d’Hiver avant de migrer Ă  Pigalle, dĂ©montrait dĂ©jĂ  l’ambition du bonhomme de concilier fringale Ă  combler et envie de danser. « Avec Edouard, on bossait ensemble Ă  l’hĂŽtel Murano et on sortait souvent, raconte celui qui a quittĂ© le Sud de la France au dĂ©but des annĂ©es 2000 pour faire des cocktails Ă  Paris. Cela a Ă©tĂ© une rencontre super cool et c’est toujours mon pote aujourd’hui. Il m’avait mis Ă  l’époque dans son mood soul, funk, disco, avec les soirĂ©es qui pouvaient y avoir au Djoon et au Rex, les Moodymann, Sadar Bahar, Marcellus Pittman, Omar S
 C’est lĂ  que je me suis vraiment intĂ©ressĂ© Ă  la Black Music. » Un intĂ©rĂȘt qui va, au fil des annĂ©es, se transformer en passion dĂ©bordante, reprĂ©sentĂ© par l’impressionnante collection de vinyles installĂ©e dans son fief. « Avant, tous mes vinyles Ă©taient dans mon salon, mais maintenant, 80% d’entre eux sont Ă  Bambino, soit entre 3 000 et 3 500 disques
 Ce qui fait une heureuse : ma copine ! », se marre le taulier.

 

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Avec Bambino, nommĂ© en rĂ©fĂ©rence au surnom qu’on lui donnait durant son enfance Ă  Cassis, Fabio a d’abord voulu se faire plaisir. « J’avais toujours en tĂȘte cet endroit Ă  Paris que je ne trouvais pas forcĂ©ment, un restaurant oĂč tu bois bien, un bar oĂč tu manges bien, avec de la musique uniquement sur vinyle, un son un peu fort, du vin, de la bouffe sĂ©rieuse, des produits de qualité  Bref, un lieu oĂč je pouvais avoir envie d’y passer toute la soirĂ©e. » Et pour façonner ce kiff, le grand voyageur va s’inspirer des dĂ©cors et de la passion qui se dĂ©gagent des jazz kissas (« je vais au Japon quasiment deux fois par an, Ă  chaque fois pour trois semaines ») en les associant Ă  l’esprit bien plus festif du Romano, qui l’a totalement happĂ© lors d’une escale en IsraĂ«l. « C’est un lieu un peu cachĂ© Ă  Tel Aviv, dans l’équivalent de ce qu’est le quartier du Sentier Ă  Paris. Tu passes une porte cochĂšre et, au rez-de-chaussĂ©e, tu trouves plein de boutiques de grossistes en textiles et, au­-dessus, des balcons avec plein de bars et restaurants dont le Romano, tenu par le mĂȘme chef que Miznon Ă  Paris, Eyal Shani. C’est trĂšs festif et l’on ne s’y prend pas la tĂȘte, avec du son jouĂ© sur un sound system vintage. CĂŽtĂ© boissons et assiettes, c’est pareil : cela reste simple, avec de la biĂšre, de l’ouzo, de l’anisĂ©e, une cuisine fraĂźche, mĂ©diterranĂ©enne et moyen-orientale. Au fil de la soirĂ©e, l’ambiance monte, les gens commencent Ă  ĂȘtre un peu chauds, à se lever et Ă  danser
 J’avais envie de rĂ©crĂ©er ça ici. »

« J’avais toujours en tĂȘte cet endroit Ă  Paris que je ne trouvais pas forcĂ©ment, un restaurant oĂč tu bois bien, un bar oĂč tu manges bien, avec de la musique uniquement sur vinyle, un son un peu fort, du vin, de la bouffe sĂ©rieuse, des produits de qualité  Bref, un lieu oĂč je pouvais avoir envie d’y passer toute la soirĂ©e. »

Pour faire monter la sauce, Fabio a pensĂ© au moindre dĂ©tail. Le mobilier ? Des « mange-debouts » avec des tabourets (« tu vas plus facilement t’ambiancer comme ça que si tu es sur installĂ© dans un fauteuil avec accoudoir »). Les plats ? Des petites assiettes d’une cuisine du sud, Ă  la braise, Ă  partager pour crĂ©er de la convivialitĂ© et picorer avant de se chauffer. Les boissons ? Des vins natures et des cocktails Ă©tonnants. « Dimension festive oblige, les gens veulent ĂȘtre servis assez vite. Du coup, on a mis en place un systĂšme de cocktail en pression dans des futs, poussĂ©s par de l’azote, que tu tires comme si tu tirais une biĂšre. » Bien entendu, tout cela ne pourrait pas fonctionner sans un systĂšme son puissant et une sĂ©lection musicale aux petits oignons. Et quand ce n’est pas Fabien qui s’amuse Ă  jouer les selectors, d’autres passeurs de sons prennent le relais. « Maintenant qu’on a peaufinĂ© le systĂšme d’insonorisation pour envoyer du DB, on est en train de booker des gars dont c’est le mĂ©tier. On a dĂ©jĂ  eu Paulo de Superfly Records qui est un pote, Jovonn de la scĂšne deep house new-yorkaise, Betino du disquaire juste en face, qui va venir mixer tous les mois
 » Fabio espĂšre aussi ramener bientĂŽt des artistes comme Rich Medina ou Antal pour permettre Ă  Bambino de passer un cap
 et ainsi inciter d’autres lieux Ă  Paris et en France Ă  se tourner vers cette tendance ? Cela ne serait pas pour dĂ©plaire Ă  l’intĂ©ressĂ© qui confie ĂȘtre pote de longue date avec Louis du Montezuma et Mathieu de FrĂ©quence, ancien barman de l’EntrĂ©e des Artistes. « Si on aime la musique, c’est que du bonheur ce genre de lieux ! Il faudrait qu’il y en ait encore plus ! »

Café Mancuso à Bordeaux

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D’autres lieux audiophiles ou proches de l’esprit, à suivre de prùs en France et ailleurs :

  • Jean Louis La Nuit (Paris 1er)
  • StĂ©rĂ©o (Paris 9e)
  • Facettes (Paris 11e)
  • Terrain Vague (Paris 11e)
  • L’EntrĂ©e des Artistes (Paris 9e)
  • Discobar (Paris 19e)
  • le Discobar du SacrĂ© (Paris 2e)
  • Le Mellotron (Paris 10e)
  • Shelter (Tokyo)
  • Phonobar (San Francisco)
  • Stereobar (Montreal)
  • Hidden Sounds (Londres)
  • Vinyl Dream (San Francisco)
  • Dynamic Range Music Bar (Zaandam)
  • Hosoi (Stockholm)
  • Rhinoçéros (Berlin)
  • The Big Romance (Dublin)
  • Curtis (Barcelone)
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