© Aurélien Chavaud

The Supermen Lovers : “une génération décomplexée est en train de pousser”

Après Arnaud Rebo­ti­ni en 2019, Vital­ic l’an­née suiv­ante et Chloé en 2021, c’est Guil­laume Atlan alias The Super­men Lovers qui sera le par­rain du désor­mais fameux BPM Con­test. 12 pro­jets final­istes joueront cha­cun 30 min­utes de live ses­sion, pour une dif­fu­sion tous les soirs à 21h, du 20 au 31 mars, via Club­bing Tv et sur les réseaux soci­aux du trem­plin. Qui suc­cèdera à Mila Diet­rich et Woolen ? On a posé quelques ques­tions au nou­veau par­rain du BPM

 

supermen lovers bpm contest

Pourquoi avoir accep­té d’être par­rain du BPM Con­test ? Com­ment ça s’est fait ? 

J’en avais déjà enten­du par­ler, mais sans vrai­ment me pencher sur le sujet. J’ai vu que Chloé avait été mar­raine avant (lors l’édi­tion 2021, ndlr). Et puis j’ai con­nu Sébastien* via un ami en com­mun, Bertrand Maire (qui a offi­cié sur Tsu­gi Radio). Donc j’ai été présen­té à Bertrand Maire, on s’est bien enten­dus et on se par­lait de temps en temps… Il m’a par­lé du BPM Con­test, il est mem­bre du jury : je trou­ve ça intéres­sant, qu’il m’ait pro­posé de par­rain­er cet événement.

*Sébastien Roch ‑alias Cricri d’Amour dans Hélène et les Garçons‑, à l’ini­tia­tive du BPM Contest

 

Qu’est ce qui t’a attiré dans le tremplin ? 

Déjà, le fait que j’ai beau­coup de mal à trou­ver quelque chose de nou­veau et d’ex­ci­tant en ce moment. Dans n’im­porte quel style de musique, pas qu’en musiques élec­tron­iques. Du coup c’é­tait l’oc­ca­sion de met­tre le nez dedans, de voir ce qu’il y a de neuf dans le paysage des musiques élec­tron­iques ! C’est dur d’être motivé par les artistes, mais c’est peut-être dû à l’âge* (rires)

(non Guil­laume, tu as 48 ans)

 

C’est impor­tant pour toi, le rôle de transmission ? 

Oui, évidem­ment ! Puis je pense que ce n’est pas facile pour les nou­velles généra­tions, de pass­er après celles qui ont créé. Il faut un peu “tuer le père”, l’opéra­tion n’est pas sim­ple. Ça a l’air assez com­pliqué, quand tu es un‑e jeune artiste de musique élec­tron­ique, de t’im­pos­er et d’ex­is­ter avec ce passé très lourd… Qu’en plus, on te rap­pelle tout le temps ! (rires)

 

Tu pens­es que c’est plus facile de se faire remar­quer et de réus­sir, aujour­d’hui ou quand tu as commencé ?

Je pense qu’il n’y a pas de règle. Que les moyens changent avec le temps, ça a tou­jours existé. Les don­nées ne sont pas les mêmes, il faut con­coc­ter avec. Quand j’é­tais minot, il fal­lait faire avec un show-business qui tenait tout. On ne pou­vait que pass­er par les maisons de dis­ques et les labels à l’époque… c’é­tait très com­pliqué. Surtout si on n’avait per­son­ne de sa famille dans la musique. C’est vrai que du coup, à l’époque, l’ap­pari­tion du monde du vinyle qui avait créé des réseaux indépen­dants, ça a aidé par mal d’artistes, dont moi. Sinon, per­son­ne n’au­rait jamais enten­du par­ler de moi. La bonne musique est ce qui sauve tout, c’est la base. Si un artiste fait du bon son, il met­tra plus de temps sans con­tact, mais ça marchera.

 

Dans ta car­rière, qui a eu ce rôle de trans­mis­sion, de men­tor, pour toi ?

Tu peux trans­met­tre du savoir-faire ! Après, la créa­tiv­ité… ça ne s’ap­prend pas.

 

Même sim­ple­ment don­ner des conseils ? 

Mais les con­seils d’a­vant ne sont pas val­ables main­tenant. Qu’est-ce que je vais pou­voir dire à un gamin, moi ? À part lui dire de faire des choix et de les assumer. Après “Starlight”, j’ai eu un choix très impor­tant à faire. Com­pos­er un deux­ième “Starlight”, ou alors ten­ter ce que j’ai finale­ment fait : j’ai con­tin­ué à sor­tir des choses dif­férentes, notam­ment des sons très under, comme “Rebirth” qui est un track hyp­no­tique de dix min­utes… J’ai fait un choix de car­rière et je l’ai assumé. C’est ça l’essen­tiel. Si tu assumes de faire “Starlight” 2 puis 3, 4, 5, 6 et 7 en changeant juste le refrain ‑ce que la mai­son de dis­ques me demandait à l’époque, et que je n’ai pas fait‑, si tu vis très bien avec, épanouis-toi là dedans. C’est ce genre de con­seils que je pour­rais don­ner. Et de la tech­nique, sur le son, sur du matériel.

 

Oui, parce que juste­ment dans le BPM Con­test, il y a un rôle d’ac­com­pa­g­ne­ment, notam­ment technique.

Si je peux aider en ter­mes de pro­duc­tion, c’est impor­tant aus­si ! Pour moi un pro­duc­teur, c’est quelqu’un qui maîtrise l’ingénierie du son. Faut savoir utilis­er telle machine pour avoir tel type de son, si tu com­pos­es du dis­co faut utilis­er ce com­presseur plutôt que celui-là… J’ai une meilleure exper­tise dans cer­tains domaines, par exem­ple si tu me deman­des des con­seils en hardcore-gabber, je ne vais pas for­cé­ment être le mieux placé. Mais en electro-disco, en french house je pour­rai leur don­ner des tricks !

 

On te demande sou­vent des conseils ? 

Bien sûr, ce sont sou­vent des ques­tions tech­niques : com­ment j’ai fait ce son-là, etc. C’est un savoir-faire, de l’ar­ti­sanat. Donc c’est cool de pou­voir le trans­met­tre, de com­mu­ni­quer sur le sujet. Don­ner des con­seils, ce n’est pas for­cé­ment une leçon ! Je pense que de toute façon, si quelqu’un est intéressé par ça, ça en vaut la peine. On ne te demande pas com­ment devenir une star, on par­le de musique, donc c’est tou­jours plus intéressant.

 

Quel est le meilleur moyen pour se con­stru­ire un envi­ron­nement solide, en début de car­rière ou de projet ? 

Bizarrement, tu n’as pas for­cé­ment besoin de savoir où tu veux aller, mais il vaut mieux savoir où tu ne veux pas aller. Puis avec le temps, tu défi­nis ton son et ta manière de tra­vailler. C’est le but des pro­duc­teurs : d’ar­riv­er à avoir un son iden­ti­fi­able, où après une sec­onde d’é­coute on sait que c’est toi. Bien sûr il y a des excep­tions, des génies… Mais la plu­part des pro­duc­teurs ont besoin de temps pour se con­stru­ire une iden­tité sonore. Ce qui est intéres­sant, c’est de com­pren­dre la démarche. Per­son­nelle­ment, j’ai com­mencé en faisant un tube. Après faut arriv­er à con­tin­uer à avancer sans penser y penser, c’est très bizarre. For­cé­ment tout le monde te tire vers ce titre, ils atten­dent le deux­ième… Et toi tu n’es pas du tout dans ce délire.

 

Ça t’embête qu’on revi­enne tou­jours à “Starlight”, qu’on t’en re-parle plus de 20 ans après ?

Non non, main­tenant je suis détaché et j’ai réus­si à savoir défini­tive­ment où je n’al­lais pas. Je suis plus con­fi­ant en moi. Au début je ne voulais plus le voir du tout, c’é­tait un boulet parce que ça m’empêchait de faire exacte­ment ce que je voulais faire.

 

 

À lire aussi sur Tsugi.fr : Starlight”, l’histoire derrière le tube French Touch de Supermen Lovers

 

 

Quel oeil portes-tu sur les nou­velles pro­duc­tri­ces et pro­duc­teurs sur la scène française ? 

Plutôt encour­ageant, parce que j’ai l’im­pres­sion que ça pousse der­rière. Il y a un vrai renou­veau, qui s’est détaché des pères. Main­tenant je sens une généra­tion qui embrasse cette trans­mis­sion, tout en prenant de la dis­tance. Ils vont réus­sir à en faire leur sauce, leur truc à eux. Donc on risque de voir de belles choses en élec­tro dans les prochaines années… Plus que ce qu’on a pu enten­dre ces dernières années, plein de pro­jets qui par­taient sur de l’ultra-expérimental. Et après des trucs trop “pouet-pouet”. On par­tait dans des extrêmes, on sen­tait que cer­tains se forçaient, j’avais l’im­pres­sion que ce n’é­tait pas naturel. Là je vois arriv­er une nou­velle généra­tion beau­coup plus déten­due, décomplexée.

 

Si tu avais trois grands con­seils, les plus importants ? 

  • Écoute beau­coup de musique, tout ce que tu peux ingur­giter. Même des trucs qui ne sont pas for­cé­ment ta tasse de thé. Tu n’es pas obligé de te forcer, mais sache que ça existe. Comme ça tu prends con­science du nom­bre de pos­si­bil­ités qu’il y a, et donc ça te réfrène pas. Pour que jamais tu ne te dis­es “non c’est abusé, je ne peux pas faire ça”
  • Ce n’est pas grave de se tromper. Au con­traire : peu importe que tu sortes un morceau moins bien que les autres, ou moins sur­prenant… Ça représente ton état d’e­sprit à un cer­tain moment. Même si ce n’est pas par­fait, sors-le quand meme. Tente.
  • If you want to be rich, you got to be a bitch” (rires)

 

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Alors on se donne rendez-vous chaque soir du 20 au 31 mars avec les 12 pro­jets final­istes sélec­tion­nés : Moon­bird, Pausé, Yakie, Véronique Sam­sung, De Phase, Space Raverz, Mona San, GONE, Saë, Max Ten­RoM, MLD, Gos­si. L’heureux(se) élu(e) du BPM Con­test remix­era le futur hit de The Super­men Lovers “Call My Name”, se pro­duira aux fes­ti­vals Delta, au Chaâteau Amour et sur d’autres scène pres­tigieuses. Enfin, un EP sor­ti­ra sur le label Ego­ist Records.

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