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© Aurélien Chavaud
14 mars 2023

The Supermen Lovers : « une génération décomplexée est en train de pousser »

par Corentin Fraisse

Après Arnaud Rebotini en 2019, Vitalic l’année suivante et Chloé en 2021, c’est Guillaume Atlan alias The Supermen Lovers qui sera le parrain du désormais fameux BPM Contest. 12 projets finalistes joueront chacun 30 minutes de live session, pour une diffusion tous les soirs à 21h, du 20 au 31 mars, via Clubbing Tv et sur les réseaux sociaux du tremplin. Qui succèdera à Mila Dietrich et Woolen ? On a posé quelques questions au nouveau parrain du BPM. 

 

supermen lovers bpm contest

Pourquoi avoir accepté d’être parrain du BPM Contest ? Comment ça s’est fait ? 

J’en avais déjà entendu parler, mais sans vraiment me pencher sur le sujet. J’ai vu que Chloé avait été marraine avant (lors l’édition 2021, ndlr). Et puis j’ai connu Sébastien* via un ami en commun, Bertrand Maire (qui a officié sur Tsugi Radio). Donc j’ai été présenté à Bertrand Maire, on s’est bien entendus et on se parlait de temps en temps… Il m’a parlé du BPM Contest, il est membre du jury : je trouve ça intéressant, qu’il m’ait proposé de parrainer cet événement.

*Sébastien Roch -alias Cricri d’Amour dans Hélène et les Garçons-, à l’initiative du BPM Contest

 

Qu’est ce qui t’a attiré dans le tremplin ? 

Déjà, le fait que j’ai beaucoup de mal à trouver quelque chose de nouveau et d’excitant en ce moment. Dans n’importe quel style de musique, pas qu’en musiques électroniques. Du coup c’était l’occasion de mettre le nez dedans, de voir ce qu’il y a de neuf dans le paysage des musiques électroniques ! C’est dur d’être motivé par les artistes, mais c’est peut-être dû à l’âge* (rires)

(non Guillaume, tu as 48 ans)

 

C’est important pour toi, le rôle de transmission ? 

Oui, évidemment ! Puis je pense que ce n’est pas facile pour les nouvelles générations, de passer après celles qui ont créé. Il faut un peu « tuer le père », l’opération n’est pas simple. Ça a l’air assez compliqué, quand tu es un-e jeune artiste de musique électronique, de t’imposer et d’exister avec ce passé très lourd… Qu’en plus, on te rappelle tout le temps ! (rires)

 

Tu penses que c’est plus facile de se faire remarquer et de réussir, aujourd’hui ou quand tu as commencé ?

Je pense qu’il n’y a pas de règle. Que les moyens changent avec le temps, ça a toujours existé. Les données ne sont pas les mêmes, il faut concocter avec. Quand j’étais minot, il fallait faire avec un show-business qui tenait tout. On ne pouvait que passer par les maisons de disques et les labels à l’époque… c’était très compliqué. Surtout si on n’avait personne de sa famille dans la musique. C’est vrai que du coup, à l’époque, l’apparition du monde du vinyle qui avait créé des réseaux indépendants, ça a aidé par mal d’artistes, dont moi. Sinon, personne n’aurait jamais entendu parler de moi. La bonne musique est ce qui sauve tout, c’est la base. Si un artiste fait du bon son, il mettra plus de temps sans contact, mais ça marchera.

 

Dans ta carrière, qui a eu ce rôle de transmission, de mentor, pour toi ?

Tu peux transmettre du savoir-faire ! Après, la créativité… ça ne s’apprend pas.

 

Même simplement donner des conseils ? 

Mais les conseils d’avant ne sont pas valables maintenant. Qu’est-ce que je vais pouvoir dire à un gamin, moi ? À part lui dire de faire des choix et de les assumer. Après « Starlight », j’ai eu un choix très important à faire. Composer un deuxième « Starlight », ou alors tenter ce que j’ai finalement fait : j’ai continué à sortir des choses différentes, notamment des sons très under, comme « Rebirth » qui est un track hypnotique de dix minutes… J’ai fait un choix de carrière et je l’ai assumé. C’est ça l’essentiel. Si tu assumes de faire « Starlight » 2 puis 3, 4, 5, 6 et 7 en changeant juste le refrain -ce que la maison de disques me demandait à l’époque, et que je n’ai pas fait-, si tu vis très bien avec, épanouis-toi là dedans. C’est ce genre de conseils que je pourrais donner. Et de la technique, sur le son, sur du matériel.

 

Oui, parce que justement dans le BPM Contest, il y a un rôle d’accompagnement, notamment technique.

Si je peux aider en termes de production, c’est important aussi ! Pour moi un producteur, c’est quelqu’un qui maîtrise l’ingénierie du son. Faut savoir utiliser telle machine pour avoir tel type de son, si tu composes du disco faut utiliser ce compresseur plutôt que celui-là… J’ai une meilleure expertise dans certains domaines, par exemple si tu me demandes des conseils en hardcore-gabber, je ne vais pas forcément être le mieux placé. Mais en electro-disco, en french house je pourrai leur donner des tricks !

 

On te demande souvent des conseils ? 

Bien sûr, ce sont souvent des questions techniques : comment j’ai fait ce son-là, etc. C’est un savoir-faire, de l’artisanat. Donc c’est cool de pouvoir le transmettre, de communiquer sur le sujet. Donner des conseils, ce n’est pas forcément une leçon ! Je pense que de toute façon, si quelqu’un est intéressé par ça, ça en vaut la peine. On ne te demande pas comment devenir une star, on parle de musique, donc c’est toujours plus intéressant.

 

Quel est le meilleur moyen pour se construire un environnement solide, en début de carrière ou de projet ? 

Bizarrement, tu n’as pas forcément besoin de savoir où tu veux aller, mais il vaut mieux savoir où tu ne veux pas aller. Puis avec le temps, tu définis ton son et ta manière de travailler. C’est le but des producteurs : d’arriver à avoir un son identifiable, où après une seconde d’écoute on sait que c’est toi. Bien sûr il y a des exceptions, des génies… Mais la plupart des producteurs ont besoin de temps pour se construire une identité sonore. Ce qui est intéressant, c’est de comprendre la démarche. Personnellement, j’ai commencé en faisant un tube. Après faut arriver à continuer à avancer sans penser y penser, c’est très bizarre. Forcément tout le monde te tire vers ce titre, ils attendent le deuxième… Et toi tu n’es pas du tout dans ce délire.

 

Ça t’embête qu’on revienne toujours à « Starlight », qu’on t’en re-parle plus de 20 ans après ?

Non non, maintenant je suis détaché et j’ai réussi à savoir définitivement où je n’allais pas. Je suis plus confiant en moi. Au début je ne voulais plus le voir du tout, c’était un boulet parce que ça m’empêchait de faire exactement ce que je voulais faire.

 

 

À lire aussi sur Tsugi.fr : Starlight”, l’histoire derrière le tube French Touch de Supermen Lovers

 

 

Quel oeil portes-tu sur les nouvelles productrices et producteurs sur la scène française ? 

Plutôt encourageant, parce que j’ai l’impression que ça pousse derrière. Il y a un vrai renouveau, qui s’est détaché des pères. Maintenant je sens une génération qui embrasse cette transmission, tout en prenant de la distance. Ils vont réussir à en faire leur sauce, leur truc à eux. Donc on risque de voir de belles choses en électro dans les prochaines années… Plus que ce qu’on a pu entendre ces dernières années, plein de projets qui partaient sur de l’ultra-expérimental. Et après des trucs trop « pouet-pouet ». On partait dans des extrêmes, on sentait que certains se forçaient, j’avais l’impression que ce n’était pas naturel. Là je vois arriver une nouvelle génération beaucoup plus détendue, décomplexée.

 

Si tu avais trois grands conseils, les plus importants ? 

  • Écoute beaucoup de musique, tout ce que tu peux ingurgiter. Même des trucs qui ne sont pas forcément ta tasse de thé. Tu n’es pas obligé de te forcer, mais sache que ça existe. Comme ça tu prends conscience du nombre de possibilités qu’il y a, et donc ça te réfrène pas. Pour que jamais tu ne te dises « non c’est abusé, je ne peux pas faire ça »
  • Ce n’est pas grave de se tromper. Au contraire : peu importe que tu sortes un morceau moins bien que les autres, ou moins surprenant… Ça représente ton état d’esprit à un certain moment. Même si ce n’est pas parfait, sors-le quand meme. Tente.
  • « If you want to be rich, you got to be a bitch » (rires)

 

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Alors on se donne rendez-vous chaque soir du 20 au 31 mars avec les 12 projets finalistes sélectionnés : Moonbird, Pausé, Yakie, Véronique Samsung, De Phase, Space Raverz, Mona San, GONE, Saë, Max TenRoM, MLD, Gossi. L’heureux(se) élu(e) du BPM Contest remixera le futur hit de The Supermen Lovers « Call My Name », se produira aux festivals Delta, au Chaâteau Amour et sur d’autres scène prestigieuses. Enfin, un EP sortira sur le label Egoist Records.

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