Torn Hawk : un mélange improbable à l’esthétique VHS saturé de référence 80′

Avec sa dégaine de mâle alpha, Luke Wyatt a de quoi faire sourire. S’il revendique son côté gogue­nard et l’aspect potache de ses pro­duc­tions, Torn Hawk (son alias musi­cien) est aus­si un acharné du stu­dio : Let’s Cry And Do Push Up At The Same Time est son sec­ond album sor­ti cette année. Au pro­gramme, une Cal­i­fornie rêvée, déstruc­turée et ciné­matographique à l’image de ses col­lages vidéo, mélange improb­a­ble à l’esthétique VHS et sat­uré de références eight­ies (John­ny Depp, Ghost­busters). Dream pop (“She Hap­pens” et ses plages rêveuses), pop tout court (“Under Wolf Rule”, écho du pire des 80’s) ou élec­tron­ique tor­due (“Because Of M.A.S.K”), le tout, légère­ment crasse, a l’air d’avoir été haché à la Moulinex. Les gui­tares claires se mélan­gent aux expéri­men­ta­tions, spon­tanées ou volon­taire­ment désagrégées, pour un résul­tat quelque part entre Tycho et Low Jack. Insai­siss­able, l’album oscille entre un spleen pal­pa­ble qui siérait par­faite­ment à Patrick Bate­man, et un foutage de gueule kitsch à souhait. Bien sou­vent les deux sont présents et s’échangent la place au gré des séquences et des boucles. Depuis deux ans, Torn Hawk débrous­saille des chemins de tra­verse entre une musique frag­ile et rad­i­cale, dif­fi­cile­ment repérable dans le paysage actuel. (Quentin Monville)

Chronique pub­liée dans le numéro #77.