Skip to main content
8 mars 2019

Tsugi 120, avec Irène Drésel, The Hacker, Kiddy Smile, Laurent Garnier et La Fraicheur en couv, est dispo en kiosque !

par Patrice BARDOT

Trente ans et des poussières. À peu près l’âge des musiques électroniques. Enfin de celles qui font danser. “Musiques électroniques”, au pluriel. Parce que plus que tout autre style musical, elles se conjuguent avec des sexes et des origines différentes. Et depuis ses débuts, si on s’est un peu intéressé à son histoire. Mais hélas, pendant longtemps, la house et surtout la techno ont été cataloguées à tort “musique de blancs hétéros”. Derrière et devant la scène. Aujourd’hui, même si beaucoup de combats restent à mener, on se réjouit de voir les barrières tomber et la diversité apporter enfin un souffle nouveau. C’est pour cela que nous sommes particulièrement fiers d’avoir pu organiser pour ce numéro – et à l’occasion de la prochaine exposition/rétrospective à la Philharmonie de Paris, Électro : de Kraftwerk à Daft Punk –, cette rencontre entre Laurent Garnier, Irène Drésel, The Hacker, La Fraicheur et Kiddy Smile, qui traduisent chacun d’une manière différente ce fameux rêve électro. Il nous habite également depuis la première fois où l’on a mis les pieds et surtout les oreilles dans une rave, à Mozinor, du côté de Montreuil, il y a vingt- cinq ans et des poussières.

Vous retrouverez également dans ce numéro un CD mixé par Djedjotronic, notre enquête sur l’épopée du poppers, des interviews de FolamourFoalsHubert Lenoir, Modeselektor et Cinematic Orchestra ou encore Malik Djoudi jouant au blindtest. Et bien sûr de nombreuses chroniques, interviews, reportages, bons plans et portraits… En kiosque (ou sur notre boutique en ligne) ce vendredi 8 mars ! En attendant, vu qu’on est sympa, voici le début de notre grand débat avec Irène Drésel, The Hacker, Kiddy Smile, Laurent Garnier et La Fraicheur :

The Hacker : Au début des années 90, nous avons cru que nous allions changer le monde et d’ailleurs c’est un peu ce qui s’est passé. J’étais à la fac en 1992 à 20 ans quand j’ai découvert la techno, et comme beaucoup de gens de ma génération j’ai tout plaqué pour me lancer dans cette musique. C’était la révolution. Une utopie. Toute une époque. Je me demande souvent si quelqu’un qui découvre la techno à 20 ans aujourd’hui ressent la même chose.

Laurent Garnier : Je ne pense pas. C’est une musique trop vieille, elle a une histoire, ses codes sont connus.

The Hacker : Cela fait un peu vieux con de le rappeler, mais à l’époque, c’était à la fois une nouvelle musique, une nouvelle manière de faire la fête, les raves… Tout était nouveau dans les années 90 et c’était à nous. C’était le truc de notre génération et nous étions convaincus qu’avec la techno nous allions changer le monde.

La Fraicheur : Aujourd’hui, c’est un univers dont les codes sont connus et moins révolutionnaires qu’ils ne l’ont été, mais cela reste quand même un espace de liberté face à l’oppression du monde contemporain. La techno reste un exutoire.

Irène Drésel : La recherche de plaisir est sans doute ce qui pousse en premier les gens vers la techno. Pour ma part, venant des arts plastiques, j’ai fait le choix de m’écarter du style parfois austère de la techno, en l’abordant d’une manière plus sensuelle et colorée. La techno vient de la ville, alors que je compose en pleine campagne. Je fonctionne donc à l’inverse de ses codes traditionnels, ce qui n’empêche pas ma musique de projeter un ressenti déjà présent chez un certain nombre d’artistes du passé. Je me sers du kick pour délimiter un espace et installer une transe. Puis je viens cisailler cette matière pour y glisser des mélodies, passer de la réalité au rêve, de quelque chose de physique à quelque chose de mental.

Kiddy Smile : Du fait de mon histoire, contrairement à vous j’ai un rapport différent au mot “rêve”. Je viens d’un quartier de banlieue où, par tradition, on n’écoute que du rap. Quand j’ai découvert la musique électronique, le seul endroit où je pouvais en pro ter tranquillement c’était dans les clubs, mais malheureusement, je n’avais pas accès aux clubs. Je suis noir et croyez-moi, entrer dans un club quand vous êtes noir, ce n’est pas simple. Alors, oui, d’une certaine manière, la musique électronique était un “rêve” pour moi, entrer librement dans un club également. Je me souviendrais toujours de ma première soirée dans un club, c’était au CAB à Palais Royal pour une soirée qui mélangeait sonorités hip-hop et musique électronique, la transition idéale pour moi.

… La suite à découvrir en kiosque ou sur notre boutique en ligne dès ce vendredi 8 mars !

Visited 15 times, 1 visit(s) today