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Samuel Kirszenbaum & Mathieu Zazzo
4 novembre 2019

Tsugi 127, avec DJ Shadow en couverture, disponible en kiosque à partir du 5 novembre !

par Patrice BARDOT

On raconte souvent que dans les années 90, les Chemical Brothers ou Underworld ont fait aimer la techno à des dingues de rock. On peut aussi affirmer que DJ Shadow a permis l’ouverture vers le hip-hop d’un bon nombre de fans des musiques électroniques, au départ réfractaires à un genre qui, rappelons-le, est pourtant né à la même source dans les années 80. En mettant le Californien sur notre une à l’occasion d’un double album fleuve, témoignage virulent contre l’Amérique de Trump (le « monstre » comme il l’appelle), il nous est aussi revenu à la mémoire toute une époque. Celle des débuts de Shadow sur le label anglais Mo’Wax au milieu des années 90, avec ces pépites inoubliables « What Does Your Soul Look Like » ou « Lost And Found » et bien sûr son premier album Endtroducing, où l’on se prenait de plein fouet ce drôle de hip-hop instrumental entièrement basé sur des samples, et qui tenait largement la route sans rappeur. Mais l’Américain n’a pas été seul à suivre le même parcours, et c’était important aussi de citer dans ce numéro le français DJ Cam ou le Japonais DJ Krush, qui ont largement apporté une touche essentielle à ce fameux abstract hip-hop. Mais ce Tsugi est également marqué par des anniversaires : il y a tout juste 30 ans, le mur de Berlin tombait et on vous raconte l’influence de cet événement sur la naissance de la scène techno berlinoise. Au fil de ces pages, on souffle aussi les bougies des 20 ans du fameux Surrender des Chemical Brothers (encore eux !), l’album de leur consécration. Une manière de se souvenir de notre histoire pas si lointaine, et surtout sans tomber pour autant dans la nostalgie un peu moisie. C’est d’ailleurs le même cheminement qu’a suivi French 79, dont nous élevons le magnifique Joshua au rang envié d’album du mois. Clap, clap, clap. Au début du processus de création, Simon Henner (son vrai nom) est tombé sur de vieilles VHS de films des années 80/90, dans lesquelles il a puisé une partie de son inspiration pour en tirer un manifeste électronique non pas rétro, mais rétrofuturiste. Un peu à l’image de Tsugi quoi.

Vous retrouvez également dans ce numéro des rencontres avec SebastiAn, Michael Kiwanuka, Boris Bunnik, on partira en Géorgie pour découvrir ce nouvel El-Dorado techno, on retrouvera la Dj house Marina Trench en plein blind-test, Dimitri Vallein nous parlera des origines sa chaine Youtube People Of. Un numéro qui comportera évidemment votre lot de chroniques, tests de casques et autres bons plans sortie, ainsi qu’un petit cours de surf par Jean Tonique — l’autre passion du producteur français. Rendez-vous en kiosque ou sur notre boutique en ligne à partir du mardi 5 novembre ! Mais comme on est trop sympas, on vous offre déjà le début de l’interview de l’interview de Dj Shadow par Vincent Brunner :

À 47 ans, le Californien DJ Shadow réalise un fantasme, sortir un double album exposant ses deux visages, avec d’un côté le producteur hip-hop, de l’autre celui qui fait pleurer les samples. Rencontre avec un artiste qui perd ses illusions dans l’humanité, mais garde foi en la musique.

Si la promotion n’était pas un impératif, sans doute qu’il préférerait rester chez lui, entre sa famille et son studio. B-boy introverti, Josh Davis alias DJ Shadow ne fait pas parler de lui par ses frasques. La vie du fondateur de ce que l’on a appelé l’abstract hip-hop se confond avec une discographie qui se balade entre hip-hop et expérimentation, instrumentaux mélancoliques et trap music. Pour autant, il n’y a pas besoin de lui tirer beaucoup les vers du nez pour comprendre qu’il est préoccupé. L’état du monde, les USA dans la dérive à cause du président qu’il appelle le Monstre, les réseaux sociaux qui l’inquiètent… Rencontre avec un homme qui, quand il se livre, ne mâche pas non plus ses mots.

D’où vient cette envie de concevoir, en 2019, un double album ?

Quelqu’un de mon équipe l’a suggéré. C’est comme si on m’avait lancé un défi…j’ai relevé le gant ! Je suis le genre de personne qui a besoin de buts à atteindre. Il a fallu attendre le mois de février de cette année pour que je sois certain d’avoir assez de matériel. Trois chansons me posaient problème – Nas n’avait pas encore posé sa voix sur « Drone Warfare » par exemple.

Tu réfléchis toujours en amont de tes albums ?

Pour celui-ci, je voulais parvenir à écrire des mélodies plus sophistiquées et riches… et donc pas seulement en baladant un seul doigt sur le clavier. Pour quelqu’un comme moi qui n’est jamais allé dans une école de musique, ça revient à essayer différentes combinaisons, les enregistrer, écouter, trier.

Tu as commencé la musique grâce au sampling, mais, depuis, tu as étendu ton champ des possibles.

J’aime à penser que ce que j’amène de neuf ne remplace jamais rien, mais vient en complément. Imagine que je travaille sur un chantier de construction. Avant, j’avais seulement deux marteaux à ma ceinture, maintenant j’en porte cinq. Le sampling représente un premier outil, enregistrer de l’instrumentation live ou des synthétiseurs vintage un deuxième et un troisième, etc. Tu peux aussi prendre des sons préenregistrés et les déformer en les faisant traverser du matos analogique. Jack Dangers (de Meat Beat Manifesto, ndr) habite à 800 m de chez moi et il a une collection incroyable de synthés. Il faut une blouse blanche pour savoir les manipuler ! Jack a fait passer mes samples à travers leurs circuits, ça a donné des bruits étranges que tu ne peux pas obtenir avec un ordi.

…La suite à retrouver en kiosque le mardi 5 novembre ou sur notre boutique en ligne !

 

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