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28 avril 2025

Tyler, The Creator, virée chromatique à Bercy | LIVE REPORT

par Oumeyma Aouzal

Pour la première de ses deux dates à l’Accor Arena, Tyler, The Creator a livré un show précis et excentrique, fidèle à son univers hybride. Hip-hop, rap, théâtre et performance. À l’occasion de la tournée de son huitième album studio, CHROMAKOPIA, l’Américain a transformé l’Accor Arena en un espace suspendu, entre explosion d’émotions et rigueur millimétrée.

Autour de l’Accor Arena, le décor est planté bien avant d’entrer dans la salle : des grappes de fans en uniforme preppy, ce style aux influences vintage et bourgeois : cravate serrée, mocassins brillants, costumes déclinés dans toutes les nuances de vert. La couleur de CHROMAKOPIA, son dernier album, devient celle d’une armée pacifique.

Dès l’approche de Bercy, l’ambiance est donnée : la foule s’est mise au diapason. Costumes verts, cravates, mocassins vernis — le dress code du jour est aussi décalé qu’élégant, hommage vivant à l’univers de Tyler, The Creator. On est dans le thème.

Costume d’apparat, masque sur le visage, Tyler lance l’assaut avec « St. Chroma ». Pas d’introduction ni de temps mort, la machine est lancée. Sur scène la précision de l’enchaînement des morceaux est vertigineuse. Chaque titre rebondit sur le précédent comme une vague : de « Darling, I », moite et langoureux, à « Balloon » sec et tranchant, la salle entière passe d’un état à un autre sans jamais toucher terre.

Tyler

Le show est en constant mouvement. Pour « Sticky », Tyler s’élève, porté par une plateforme suspendue, et balance des liasses de faux billets à une assistance en délire. Sous une pluie de verts, l’Accor Arena scande « CHROMAKOPIA » comme un mantra, écho vibrant d’un public bien embarqué.

Au milieu de la fosse, un salon surgit. Un vrai : un canapé élimé, un tourne-disque vintage, un piano. Tyler s’y installe, calme au milieu du tumulte. Sur les écrans géants, on suit ses gestes précis. Il choisit ses vinyles comme on choisirait des souvenirs. D’abord IGOR, soigneusement placé sur la platine. Chaque changement de disque devient un rituel célébré par la foule.

« Mais c’est trop génial comme idée, iconique ! » souffle une fan derrière, alors qu’il pivote sur un nouveau vinyle.

 

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Le sommet émotionnel arrive avec « Like Him ». Plus de décor, plus de costumes : juste Tyler, courant comme un enfant débraillé, le visage ouvert, presque fragile. Le public prend le relais. Le refrain, repris en chœur, s’envole dans les hauteurs métalliques de l’Arena.

Après 1h30 de show, feu d’artifice final et rideau. Tyler s’évapore après un dernier mot au public : « Merci à vous tous, chers connards/connasses, d’être venus ce soir. ». Il laisse derrière lui une salle en état d’apesanteur, pleine de gratitude confuse.

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Point fort : Une scénographie folle mais toujours au service d’une vraie narration émotionnelle.
Point faible : Ne pas pouvoir appuyer sur « replay » en sortant.

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