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23 juin 2016

Yuksek : « J’ai un caractère addictif, tant pour les clopes que pour la musique »

par rédaction Tsugi

Pierre-Alexandre Busson aka Yuksek a 39 ans et vient de Reims. S’il écoute de tout, il se forge très vite un son bien à lui, au-dessus duquel il aime parfois chanter. Il entame progressivement une carrière en 2002 sur le label Hypnotic Music mais c’est le titre « Tonight » extrait de son premier album Away From The Sea en 2009 qui le propulse sur le devant de la scène. S’ensuit une tournée, des EPs et un second album, Living On The Edge Of Time en 2011. Depuis, Yuksek a remixé une tripotée de morceaux, de Katy Perry à Gorillaz en passant par Brigitte et Griefjoy et vient de sortir un nouvel EP, Sweet Addiction sur son label Party Fine. Aujourd’hui, le titre « Sweet Addiction » en featuring avec Her s’accompagne d’un clip et pour l’occasion, on a rencontré cet artiste français polyvalent et passionné. 

Quel a été ton premier contact avec la musique électronique ?

Un ami avec qui je faisais du skate avait fait une rave à Paris et il avait apporté une cassette enregistrée sur Radio FG je crois. C’était il y a très longtemps et il était déjà connecté. Je me souviens juste que c’était de l’électro de rave, un peu ghetto. Le premier disque que j’ai acheté, je crois que c’était De La Soul, son premier album, 3 Feet High and Rising

Comment était la scène rémoise quand tu as commencé ?

Je viens de Reims et j’y habite toujours. A l’époque, il n’y avait rien ni personne là bas, ça a bien changé depuis. J’avais lancé un festival, Elektricity, dans des lieux un peu recherchés de la ville. On avait trouvé des moyens pour un peu de financement et j’ai pu faire venir des gars que j’aimais bien à l’époque, Ivan Smagghe, Scratch Massive, cette scène française un peu déviante.

Tu as fais beaucoup de lives, tu préfères au DJ set ?

En tant que Yuksek, j’ai commencé par faire du live en solo, avant même de sortir mon premier album, Away From The Sea en 2009. C’est aussi comme ça que je me suis fait connaitre, seul avec mes machines. Je chantais un peu en plus donc c’était plus sympa en live. Et puis entre les deux albums, je me suis remis au DJ set, ce que je faisais au tout début et j’ai recommencé à y prendre du plaisir. Après Living On The Edge Of Time en 2011 et une nouvelle tournée, j’avais envie de quelque chose d’un peu plus étoffé : j’avais une batteuse et un bassiste/claviériste pour m’accompagner. Au fur et à mesure, j’ai préféré le Djing et maintenant je ne fais plus que ça. Enfin pas complètement, puisque je sors un album à la fin de l’année, donc une tournée live est en préparation sous une autre forme.

Tu as remixé beaucoup de titres. Qu’est ce qui te plaît le plus dans cet exercice ?

C’est surtout le travail des voix qui m’intéresse. Généralement et quand c’est possible, je n’écoute que les voix, je demande à ce que ce soit les seules pistes qu’on m’envoie, pour ne pas écouter le morceau dans son intégralité. Après je reconstruis un titre simplement à partir de l’a capella sans savoir quels étaient les accords à la base. C’est amusant. J’ai toujours considéré le remix plus comme un travail de producteur que de remixeur, comme si le morceau d’origine n’existait pas. Je remarque que de cette manière, on est plus libres sans être jamais très loin de l’existant. Ca peut donner des variations improbables et c’est ce qui me plaît. La petite anecdote : quand j’ai remixé « Liztomania » de Phoenix, qui était quand même un tube quand c’est sorti, j’ai écouté les pistes et j’ai trouvé ça bien mais je n’ai pas tout de suite vu le potentiel tubesque du titre. Ca laisse une marge d’erreur amusante.

Quel est ton remix préféré ?

Généralement, c’est le dernier. J’aime bien celui de Keren Ann. Dans les plus vieux, justement celui de Phoenix était bien et puis celui de Lana Del Rey est pas mal, assez différent de ce que je fais.

Comment en es-tu arrivé à devenir producteur ?

C’est plutôt un accident, enfin des rencontres qui amènent à ce genre d’activité. Côté purement électronique, il y a eu l’album des Birdy Nam Nam et puis celui de Juveniles, plus proche de mon style. J’ai produit beaucoup de choses mais les gens ne le savent pas forcément. Je l’ai fait un peu sur commande mais je ne veux plus le faire comme ça, je peux me permettre de marcher au coup de cœur et c’est un luxe de pouvoir choisir de bosser sur des musiques qui me plaisent. C’est aussi pour ça que j’ai monté mon label, Party Fine. En général je produis les morceaux qu’on sort et là encore il n’est question que de plaisir.

Pour quelles autres raisons as-tu monté Party Fine ?

Pour sortir la musique que j’aime et pour réduire une temporalité que je trouve assez frustrante aujourd’hui. Quand tu travailles avec une major, c’est très long de sortir un disque. Avec un label indé et un petit distributeur, ça va beaucoup plus vite. J’avais en tout cas envie de faire ça depuis longtemps et je suis content qu’il existe, même si c’est pour ne pas sortir des disques à la pelle. Avoir une structure dormante en quelque sorte, toujours disponible est un vrai plus. Je pense qu’il durera longtemps même si pendant une période, je n’y fais plus rien.

Il y a-t-il quelque chose de prévu cette année ?

On a sorti deux disques récemment, celui de Weekend Affair et le dernier EP de Clarens. Mon album sortira sur mon label aussi. Un autre Weekend Affair, un maxi de Jean Tonique, une nouvelle compil, voilà tout ce qui est prévu d’ici la fin de l’année.

Il s’est passé cinq ans depuis ton dernier album, pourquoi ? 

Je n’avais pas forcément envie de recommencer tout de suite et puis je voulais me pencher sur d’autres choses. J’ai commencé plein de nouveaux morceaux mais il n’y avait rien qui me satisfaisait au point de me convaincre de le sortir. C’est venu tout seul, ça a muri dans mes disques durs. J’ai monté le label, j’ai fait des musiques de films et des choses pour le théâtre, je me suis un peu nourri de tout ça.

Parlons de ton nouvel EP, Sweet Addiction. Il y a deux titres assez similaires, « Sweet Addiction » et « Switch Addiction », pourquoi ? 

« Switch Addiction », c’est ma première démo du morceau qui est devenu « Sweet Addiction » avec un beat plus lourd et un côté moins reggae, plus old school. Mais elle me plaisait beaucoup aussi alors j’ai tenu à la mettre dans le disque. Ce n’est pas moi qui ai écrit les paroles, c’est Her et ce qui est drôle c’est que ça colle bien, j’ai un caractère plutôt addictif, tant pour les clopes que pour la musique. Les gars de Her vient de Rennes. J’avais bossé avec Juveniles sur leur album, eux-mêmes se connaissaient déjà. Je travaille souvent avec des Rennais, sûrement parce que Jules (Juveniles) en est aussi originaire, il connait du monde là bas. Et Monica, ça s’est fait de manière plus impromptue. J’avais écouté un de ses morceaux et j’avais adoré sa voix. Je l’ai contacté, elle est super. Je suis allée la voir à Los Angeles, elle est venue à Paris et c’était lancé.

Ton nouvel EP est un peu différent de ce que tu proposais auparavant. As-tu des nouvelles influences ?

J’ai toujours écouté beaucoup de musiques différentes, sans vraiment de limites. Mais il y a des moments dans ta vie où un certain type de musique va plus te marquer, on ne sait pas pourquoi. Depuis un an et demi, je suis dans un délire soul. Je précise que l’on parle de l’EP mais en vérité j’ai en tête l’album qui sort à la fin de l’année. Le disque est fini et c’est vrai qu’il y a quelque chose de plus soul. Sur l’EP, c’est plutôt des titres joyeux et fun mais il y a dans l’album des choses plus sombres. Je n’avais jamais été trop navigué dans ces eaux-là et c’était vraiment bien. Ca ressemble un peu à un truc que j’ai sorti au tout début, inspiré de ce que j’aimais à l’époque, le label Output de Trevor Jackson par exemple. C’est presque une boucle qui se boucle.

Aujourd’hui, on découvre un nouveau clip, « Sweet Addiction » en featuring avec Her, extrait de l’EP. Tu peux nous en dire un peu plus ? 

J’ai toujours eu du mal avec les clips. Je trouve ça assez embêtant et c’est difficile d’en avoir un bien parce que le curseur entre la narration, l’esthétisme, que ça ne prenne pas le pas sur la musique sans être non plus trop illustratif, il est compliqué à placer. Pour celui ci, je voulais un univers simple, donc le studio puisque c’est là que je passe la plupart de mon temps. On est parti sur un principe technique de boucles, des gens qui sont coincés dans leur action. Des gens qui jouent, des gens qui passent, des gens qui enregistrent, et autour de tout ça un personnage qui se promène et dont on se rend compte à la fin qu’il est lui aussi dans une boucle qui est simplement plus longue que celles des autres. C’est pas grand-chose mais c’est un principe un peu drôle.

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