40 ans après, le “Golden Record” envoyé dans l’espace par les sondes Voyager vient d’être réédité

Il y a main­tenant quar­ante ans, les son­des jumelles Voy­ager 1 et 2 quit­taient la Terre afin d’ex­plor­er le sys­tème solaire. En plus de leurs appareils de mesure et de cap­ta­tion, les son­des ont cha­cune été équipées d’un disque en or con­tenant des enreg­istrements sonores de notre planète. Lors de la pre­mière par­tie de leur voy­age, les son­des ont pu rap­porter de pré­cieuses infor­ma­tions con­cer­nant les anneaux de Sat­urne, ceux de Jupiter — et de ses lunes Io, Europe et Titan — mais aus­si des images d’une incom­pa­ra­ble beauté. Plus tard, en 2012, la sonde Voy­ager 1 deve­nait le pre­mier objet fab­riqué par la main de l’homme a quit­ter notre sytème solaire et aujour­d’hui, les sig­naux radios de celle-ci — se déplaçant à la vitesse de la lumière — met­tent plus de quinze heures pour arriv­er sur Terre, d’un sig­nal si faible que les antennes du Deep Space Net­work (réseau de com­mu­ni­ca­tion avec l’e­space loin­tain) doivent être agrandies pour pou­voir con­tin­uer de recevoir leurs messages.

La mis­sion Voy­ager, une des plus fructueuse de la NASA, pren­dra fin lorsque les généra­teurs des son­des s’ar­rêteront autour de l’an­née 2030. Mais les son­des con­tin­ueront de dériv­er à l’in­fi­ni dans l’e­space après cela — peut-être jusqu’à ce que quelqu’un les trou­ve ? En suiv­ant ce raison­nement, chaque sonde con­tient le “Gold­en Record”, disque plaqué en or et scel­lé dans une boîte en alu­mini­um. A l’o­rig­ine de ce disque, l’as­tronome Carl Sagan, qui avait été man­daté à l’époque afin de créer un mes­sage uni­versel et inde­struc­tible à gref­fer sur les sondes.

Il monte alors une équipe avec sa femme, Lin­da Salz­man Sagan, l’as­tronome Frank Drake, l’écrivain Tim­o­thy Fer­ris et sa fiancée, jour­nal­iste, Ann Druyan, et Jon Lomberg, artiste spa­tial et écrivain sci­en­tifique. Ils com­men­cent cha­cun à récolter des infor­ma­tions sur notre planète, et à pré­par­er la con­cep­tion matérielle du “Gold­en Record”. Plusieurs prob­lé­ma­tiques se posent alors, d’une part pour récupér­er les enreg­istrements orig­in­aux d’en­droits comme l’Aus­tralie, la Bul­gar­ie, la Chine, le Japon, ou encore les îles Salomon et d’autre part pour trou­ver les tech­nolo­gies pou­vant incor­por­er des pho­tos sur un disque.

Com­ment graver sur un seul disque le port­fo­lio de toute une planète ? En suiv­ant logique­ment l’évo­lu­tion de notre planète, le disque con­tient dans un pre­mier temps les bruits de vol­cans, de trem­ble­ments de terre, d’or­ages, de vent de pluie relat­ifs à la créa­tion de la Terre. Vien­nent ensuite les sons provenant de créa­tures vivantes, des grenouilles, des chim­panzés, des loups puis ceux émis par les humains, des bruits de pas, des bat­te­ments de coeur, des rires, de la musique. Pour sig­ni­fi­er l’avène­ment des tech­nolo­gies, on peut enten­dre un mes­sage codé en Morse — Ad astra per aspera (Vers les étoiles à tra­vers les dif­fi­cultés) — puis les bruits de nos moyens de trans­ports, bateaux et avions. Les derniers sons inté­grés sont ceux d’un bais­er et d’une mère et de son enfant mais aus­si des cris de baleines mixées à des salu­ta­tions des représen­tants des Nations Unies.

En 2016, un des étu­di­ants de Tim­o­thy Fer­ris, David Pescovitz, vient le voir pour dis­cuter d’une éventuelle réédi­tion. Ils lan­cent alors une cagnotte sur Kick­starter, récoltant plus d’un mil­lion de dol­lars en moins d’un mois. Et dès décem­bre dernier, David, un de ses col­lègues, Tim Daly et Tim­o­thy Fer­ris retour­nent en stu­dio, prêt à créer de nou­veau le “Gold­en Record” pour la pre­mière fois depuis 1977. Quar­ante ans après, le disque vient d’être réédité, et on imag­ine bien que l’homme à l’o­rig­ine du pro­jet, Carl Sagan (décédé en 1996), aurait été fier et ravi.

Quelques extraits du “Gold­en Record” sont d’ores et déjà disponibles :

Sounds of Earth

Salu­ta­tions en 55 languages

Flûtes de Pan et per­cus­sions du Pérou

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