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©ALINE PAUWELS
23 novembre 2021

🎪 7 artistes qui nous ont mis une claque au Fifty Lab de Bruxelles

par Jacques Simonian

Bruxelles est décidément l’une des capitales européennes les plus vivantes. La ville a définitivement entériné ce statut grâce à deux de ses acteurs locaux extrêmement actifs, les agences FiveOh et KuratedBy. Main dans la main, ces structures viennent de proposer une nouvelle édition à leur création commune, le Fifty Lab.

Une initiative de haute volée qui succède à une première physique en 2019, puis une digitale de rigueur pendant la pandémie l’année suivante. Étendue sur trois jours (les 17, 18 et 19 novembre) pour ce troisième acte, une cinquantaine d’artistes européens et internationaux se sont donnés rendez-vous dans au moins cinq lieux emblématiques de la cité pour une batterie de concerts, tous plus intrigants les uns que les autres.

À la différence des mastodontes français qui définissent leur line-up selon le savoir-faire et le nez d’une seule personne ou d’une petite équipe, les Belges prônent l’union. Ils ont établi leur programmation conjointement avec la fine fleur des festivals mondiaux ; We Out Here, Nyege Nyege, Bilbao BBK Live ou Panoramas — pour ne citer qu’eux. Ensemble, ces femmes et ces hommes ont choisi leur coup de cœur pour les faire découvrir à un public curieux, avide d’entendre ce que ces artistes ou groupes émergents avaient à leur proposer. Une fête géante qui a tenu toutes ses promesses, ponctuée de temps forts, que nous vous dévoilons ici.

 

Fifty Lab

©Aline PAUWELS

Derrière ce pseudo qu’on pourrait croire tout droit sorti de Breaking Bad, il y a Christelle Oyiri, une artiste plurielle, à la fois plasticienne, DJ et essayiste. Avec toutes ses qualités, cette femme engagée pousse sans cesse plus loin les idées de l’afroféminisme comme l’afrofuturisme ; deux termes qui cristallisent des paradigmes nouveaux. Sur scène, elle brise les codes et les genres, embarque son audience dans une certaine transe avec sa techno mutante, hybride. Plutôt que d’être bridée par des modèles dominants et étouffants, CRYSTALLMESS redéfinit le club comme un espace de liberté où les corps et les âmes peuvent se laisser aller, aussi différents soient-ils. Une qualité devenue rare avec le temps, mais essentielle aujourd’hui. 

Si vous aimez : Helena Hauff ; DJ Stingray ; Nyokô Bokbaë

 

Fifty Lab

©ALINE PAUWELS

Aperçu aux côtés de Charlotte Gainsbourg le temps d’une tournée internationale, aussi dans l’équipe de solistes qui accompagnait Sébastien Tellier, notamment à la Gaîté Lyrique parisienne pour un concert mémorable, ou encore avec Saint DX pour une session façon « unplugged » dans un autre lieu de la capitale française, David Numwami est en train de tranquillement s’installer. Multi-instrumentiste aussi à l’aise à la basse qu’à la guitare, aux claviers également, on oublierait presque que le Belge n’a pour le moment sorti qu’un seul EP, Numwami World. Plus qu’un homme de studio, il prend un malin plaisir à se produire sur scène, et ses concerts sont autant une joie pour les oreilles que les yeux. Ultime preuve sur ses terres, à Bruxelles, dans un cadre très intimiste qui lui allait à ravir.

Le mot de l’artiste : “Après mon EP sorti en juin, pour lequel je n’ai reçu que des retours positifs, j’ai continué de faire des nouveaux morceaux. Je les trouve vachement mieux que ceux que j’ai faits avant… Je n’arrive juste pas à écrire des paroles. Pour pallier à ça, j’ai décidé de pas mal voyager, de visiter des villes. Et pour l’instant, j’ai l’impression que ce n’est… pas encore ça ! En tout cas, quand j’y pense, je suis vraiment amoureux de la musique.”

Si vous aimez : Flavien Berger ; Moodoïd ; Saint DX

 

Fifty Lab

©CAMILLE DOYEN

Sous cet alias qui met en perspective la France et l’Angleterre via un certain pied de nez, se cachent trois amis, chacun spécialiste dans un domaine. Il y a Matthieu Drago à la batterie, Nils Boyny aux claviers, et Théo Tritsch à la basse. Ensemble, ces Strasbourgeois ont décidé de rendre hommage à la musique d’outre-Manche, particulièrement à celle développée dès 2016 par les mythiques Yussef Kamaal et leur album Black Focus. Dans le sillage de ce duo déchu, ils ont fondé leur propre structure, Omezis, via laquelle ils distillent des compositions qui se balade volontiers entre le jazz, le broken beat et la house. Ces allées et venues sont toujours guidées par l’improvisation, une technique qu’ils ont imposée en signature.

Le mot de l’artiste (Nils Boyny) : “Comme Yussef Kamaal, The Comet is Coming, ou tous ces groupes qui ne sont pas esthétiquement liés, nous défendons ce jazz brut, moderne, qui n’existe pas vraiment en France. Mais je suis optimiste, le vent est en train de tourner et cette association entre pop et jazz traditionnel se répand de plus en plus. Ce jazz qu’on aime, qui nous fait transpirer dans les clubs, il arrive enfin chez nous !”

Si vous aimez : Yussef Kamaal ; Alfa Mist ; The Comet is Coming

 

Fifty Lab

©SARAH GEERITS

Un seul nom qui symbolise l’union de 3 artistes complets, celle du chanteur Jacob Lusk aux producteurs Ryan Hope et Ari Balouzian. Ces Américains attisent toutes les convoitises, autant celles des passionnés que des professionnels. Des premiers d’abord : il suffisait de voir la salle dans laquelle le groupe était programmé pour comprendre la hype qui les accompagne — précisons ici que Gabriels n’avait partagé au moment du concert que (seulement) deux clips, en attendant la sortie d’un EP, Bloodline, prévu pour le 3 décembre. Des seconds maintenant : il se murmure qu’Elton John, Gilles Peterson et dans un autre registre, Virgil Abloh, sont littéralement tombé sous leur charme. Pour notre part, nous sommes un peu plus mesurés, mais tout de même séduits par cette proposition originale d’un r’n’b contemporain, inspiré par la soul et le gospel.

Le mot du curateur Laetitia Van Hove (Fifty Lab) : “Honnêtement, ce concert m’a retournée. C’était comme s’il y avait une explosion d’émotions qui restait à l’intérieur, mais qu’ils arrivaient à la projeter sur le public. Ça faisait longtemps qu’on ne m’avait pas transcendée ainsi. Je dois au moins remonter jusqu’à James Blake, la première fois que je l’ai vu. Je pense que ce concert va faire partie de l’histoire du Fifty Lab.”

Si vous aimez : Marvin Gaye ; Nina Simone ; Curtis Harding

 

Fifty Lab

©DIANA VOS

Chez Tukan, il y a quatre musiciens qui se sont rencontrés dans une école de jazz. Des bancs scolaires aux planches des salles de concert, il n’y a qu’un pas, que les Bruxellois ont décidé de franchir. Tels certains de leurs confrères anglais qui ont fait le pari de marier, mêler et mixer les genres, toujours en partant d’une esthétique jazz, Tukan développe une musique similaire, très aérienne. Après la sortie de Imago, un EP paru en juin dernier qui leur à permis de beaucoup jouer dans le Plat Pays, les Belges ont affûté leur technique en live. Un savoir-faire que l’on retrouvera prochainement dans un tout premier album, en cours de préparation.

Le mot de Sébastien Desprez (cofondateur du collectif Magma) : « Avec Magma on développe des artistes et on adore faire de la programmation via nos propres évents. On essaye de flouer la frontière entre musique électronique et musique de live. Parmi ces artistes il y a Tukan, des mecs avec un gros background de zikos professionnels, qui jouent entre des aspirations jazz et électronique justement. »

Si vous aimez : Mount Kimbie ; BadBadNotGood ; Lone

 

Fifty Lab

©DIANA VOS

Prenez une pincée de la langueur que Swing maîtrise à la perfection, ajoutez ensuite une petite dose d’électronique typique de Chicago, l’une des passions du producteur Le Motel, saupoudrez le tout avec des épices goût « Zwangere Guy », et vous obtiendrez Peet. À cette forme, il faut aussi évoquer le fond, c’est-à-dire des paroles pertinentes qui retracent une vie d’action, pendant laquelle cet artiste à bien roulé sa bosse. De ses débuts avec le collectif 77, jusqu’à ses essais solos, Peet semble avoir trouvé sa patte. Une honnêteté qui se ressent dans ses disques et qui prend une autre ampleur lorsqu’il est sur scène ; un espace qu’il occupe avec une énergie folle.

Le mot du curateur Laetitia Van Hove (Fifty Lab) : « À la base, Peet était avec un groupe. Puis quand il s’est lancé en solo, il a réussi à affiner son truc à lui : son timbre, sa manière d’écrire et de chanter. Je le trouve vraiment très drôle et décalé. Sa vidéo d’annonce au Lab était à mourir de rire ! »

Si vous aimez : Swing ; Roméo Elvis x Le Motel ; Zwangere Guy

 

Fifty Lab

©SARAH GEERITS

La plus belle découverte du Fifty Lab est italienne et s’appelle Giuseppe Vitale dans le civil. Depuis la ville de Milan où il est installé, le jeune homme développe une esthétique unique, à la fois visuelle et sonore, tirant volontiers vers le jazz, explorant les possibles infinis qu’offre cette musique électronique astrale, cosmique. Un diamant (encore trop) brut, que l’on souhaite voir se hisser au niveau de Flying Lotus par exemple, probable inspiration musicale et graphique. Son premier disque Magical, sorti dans le courant de cette année, se porte garant de cette affirmation. Si Ze in the Clouds a enregistré tous les instruments lui-même pour son projet, il s’est accompagné de la chanteuse LNDFK pour les voix. Une artiste prometteuse que l’on a vue à ses côtés (en plus d’un backing band : basse, batterie) pendant ce concert bruxellois, de très bon augure pour la suite. Fuoriclasse comme on dit chez vous !

Le mot du curateur Andrea Cussotto (Jazz:Re:Found) : « Il est très jeune. Nous l’avons rencontré à notre festival quand il jouait avec un autre groupe. Dès que nous l’avons entendu, nous avons été impressionnés ! Juste après le concert, nous sommes rentrés en contact avec son manager pour lui proposer de faire un mini-album ensemble. Cela a donné “Magical”, la toute première sortie de Time Is The Enemy, le label que nous venons de lancer. »

Si vous aimez : Tyler, The Creator ; André 3000 ; Flying Lotus

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