©ALINE PAUWELS

đŸŽȘ 7 artistes qui nous ont mis une claque au Fifty Lab de Bruxelles

Brux­elles est dĂ©cidé­ment l’une des cap­i­tales europĂ©ennes les plus vivantes. La ville a dĂ©fini­tive­ment entĂ©rinĂ© ce statut grĂące Ă  deux de ses acteurs locaux extrĂȘme­ment act­ifs, les agences FiveOh et Kurat­ed­By. Main dans la main, ces struc­tures vien­nent de pro­pos­er une nou­velle Ă©di­tion Ă  leur crĂ©a­tion com­mune, le Fifty Lab.

Une ini­tia­tive de haute volĂ©e qui suc­cĂšde Ă  une pre­miĂšre physique en 2019, puis une dig­i­tale de rigueur pen­dant la pandĂ©mie l’annĂ©e suiv­ante. Éten­due sur trois jours (les 17, 18 et 19 novem­bre) pour ce troisiĂšme acte, une cinquan­taine d’artistes europĂ©ens et inter­na­tionaux se sont don­nĂ©s rendez-vous dans au moins cinq lieux emblé­ma­tiques de la citĂ© pour une bat­terie de con­certs, tous plus intri­g­ants les uns que les autres.

À la dif­fĂ©rence des mastodontes français qui dĂ©finis­sent leur line-up selon le savoir-faire et le nez d’une seule per­son­ne ou d’une petite Ă©quipe, les Belges prέnent l’union. Ils ont Ă©tabli leur pro­gram­ma­tion con­join­te­ment avec la fine fleur des fes­ti­vals mon­di­aux ; We Out Here, Nyege Nyege, Bil­bao BBK Live ou Panora­mas — pour ne citer qu’eux. Ensem­ble, ces femmes et ces hommes ont choisi leur coup de cƓur pour les faire dĂ©cou­vrir Ă  un pub­lic curieux, avide d’entendre ce que ces artistes ou groupes Ă©mer­gents avaient Ă  leur pro­pos­er. Une fĂȘte gĂ©ante qui a tenu toutes ses promess­es, ponc­tuĂ©e de temps forts, que nous vous dĂ©voilons ici.

 

Fifty Lab

©Aline PAUWELS

Der­riĂšre ce pseu­do qu’on pour­rait croire tout droit sor­ti de Break­ing Bad, il y a Chris­telle Oyiri, une artiste plurielle, Ă  la fois plas­ti­ci­enne, DJ et essay­iste. Avec toutes ses qual­itĂ©s, cette femme engagĂ©e pousse sans cesse plus loin les idĂ©es de l’afrofĂ©minisme comme l’afrofuturisme ; deux ter­mes qui cristallisent des par­a­digmes nou­veaux. Sur scĂšne, elle brise les codes et les gen­res, embar­que son audi­ence dans une cer­taine transe avec sa tech­no mutante, hybride. PlutĂŽt que d’ĂȘtre bridĂ©e par des mod­Úles dom­i­nants et Ă©touf­fants, CRYSTALLMESS redĂ©finit le club comme un espace de lib­ertĂ© oĂč les corps et les Ăąmes peu­vent se laiss­er aller, aus­si dif­fĂ©rents soient-ils. Une qual­itĂ© dev­enue rare avec le temps, mais essen­tielle aujourd’hui. 

Si vous aimez : Hele­na Hauff ; DJ Stingray ; NyokĂŽ BokbaĂ«

 

Fifty Lab

©ALINE PAUWELS

Aperçu aux cĂŽtĂ©s de Char­lotte Gains­bourg le temps d’une tournĂ©e inter­na­tionale, aus­si dans l’équipe de solistes qui accom­pa­g­nait SĂ©bastien Tel­li­er, notam­ment Ă  la GaĂźtĂ© Lyrique parisi­enne pour un con­cert mĂ©morable, ou encore avec Saint DX pour une ses­sion façon “unplugged” dans un autre lieu de la cap­i­tale française, David Numwa­mi est en train de tran­quille­ment s’installer. Multi-instrumentiste aus­si Ă  l’aise Ă  la basse qu’à la gui­tare, aux claviers Ă©gale­ment, on oublierait presque que le Belge n’a pour le moment sor­ti qu’un seul EP, Numwa­mi World. Plus qu’un homme de stu­dio, il prend un malin plaisir Ă  se pro­duire sur scĂšne, et ses con­certs sont autant une joie pour les oreilles que les yeux. Ultime preuve sur ses ter­res, Ă  Brux­elles, dans un cadre trĂšs intimiste qui lui allait Ă  ravir.

Le mot de l’artiste : “AprĂšs mon EP sor­ti en juin, pour lequel je n’ai reçu que des retours posi­tifs, j’ai con­tin­uĂ© de faire des nou­veaux morceaux. Je les trou­ve vache­ment mieux que ceux que j’ai faits avant
 Je n’arrive juste pas Ă  Ă©crire des paroles. Pour pal­li­er Ă  ça, j’ai dĂ©cidĂ© de pas mal voy­ager, de vis­iter des villes. Et pour l’instant, j’ai l’impression que ce n’est
 pas encore ça ! En tout cas, quand j’y pense, je suis vrai­ment amoureux de la musique.”

Si vous aimez : Flavien Berg­er ; MoodoĂŻd ; Saint DX

 

Fifty Lab

©CAMILLE DOYEN

Sous cet alias qui met en per­spec­tive la France et l’Angleterre via un cer­tain pied de nez, se cachent trois amis, cha­cun spé­cial­iste dans un domaine. Il y a Matthieu Dra­go Ă  la bat­terie, Nils Boyny aux claviers, et ThĂ©o Tritsch Ă  la basse. Ensem­ble, ces Stras­bour­geois ont dĂ©cidĂ© de ren­dre hom­mage Ă  la musique d’outre-Manche, par­ti­c­uliĂšre­ment Ă  celle dĂ©velop­pĂ©e dĂšs 2016 par les mythiques Yussef Kamaal et leur album Black Focus. Dans le sil­lage de ce duo dĂ©chu, ils ont fondĂ© leur pro­pre struc­ture, Omezis, via laque­lle ils dis­til­lent des com­po­si­tions qui se balade volon­tiers entre le jazz, le bro­ken beat et la house. Ces allĂ©es et venues sont tou­jours guidĂ©es par l’improvisation, une tech­nique qu’ils ont imposĂ©e en signature.

Le mot de l’artiste (Nils Boyny) : “Comme Yussef Kamaal, The Comet is Com­ing, ou tous ces groupes qui ne sont pas esthé­tique­ment liĂ©s, nous dĂ©fendons ce jazz brut, mod­erne, qui n’existe pas vrai­ment en France. Mais je suis opti­miste, le vent est en train de tourn­er et cette asso­ci­a­tion entre pop et jazz tra­di­tion­nel se rĂ©pand de plus en plus. Ce jazz qu’on aime, qui nous fait tran­spir­er dans les clubs, il arrive enfin chez nous !”

Si vous aimez : Yussef Kamaal ; Alfa Mist ; The Comet is Coming

 

Fifty Lab

©SARAH GEERITS

Un seul nom qui sym­bol­ise l’union de 3 artistes com­plets, celle du chanteur Jacob Lusk aux pro­duc­teurs Ryan Hope et Ari Balouz­ian. Ces AmĂ©ri­cains attisent toutes les con­voitis­es, autant celles des pas­sion­nĂ©s que des pro­fes­sion­nels. Des pre­miers d’abord : il suff­i­sait de voir la salle dans laque­lle le groupe Ă©tait pro­gram­mĂ© pour com­pren­dre la hype qui les accom­pa­gne — pré­cisons ici que Gabriels n’avait partagĂ© au moment du con­cert que (seule­ment) deux clips, en atten­dant la sor­tie d’un EP, Blood­line, prĂ©vu pour le 3 dĂ©cem­bre. Des sec­onds main­tenant : il se mur­mure qu’Elton John, Gilles Peter­son et dans un autre reg­istre, Vir­gil Abloh, sont lit­tĂ©rale­ment tombĂ© sous leur charme. Pour notre part, nous sommes un peu plus mesurĂ©s, mais tout de mĂȘme sĂ©duits par cette propo­si­tion orig­i­nale d’un r’n’b con­tem­po­rain, inspirĂ© par la soul et le gospel.

Le mot du cura­teur Laeti­tia Van Hove (Fifty Lab) : “Hon­nĂȘte­ment, ce con­cert m’a retournĂ©e. C’était comme s’il y avait une explo­sion d’émotions qui restait Ă  l’intĂ©rieur, mais qu’ils arrivaient Ă  la pro­jeter sur le pub­lic. Ça fai­sait longtemps qu’on ne m’avait pas tran­scendĂ©e ain­si. Je dois au moins remon­ter jusqu’à James Blake, la pre­miĂšre fois que je l’ai vu. Je pense que ce con­cert va faire par­tie de l’histoire du Fifty Lab.”

Si vous aimez : Mar­vin Gaye ; Nina Simone ; Cur­tis Harding

 

Fifty Lab

©DIANA VOS

Chez Tukan, il y a qua­tre musi­ciens qui se sont ren­con­trĂ©s dans une Ă©cole de jazz. Des bancs sco­laires aux planch­es des salles de con­cert, il n’y a qu’un pas, que les Brux­el­lois ont dĂ©cidĂ© de franchir. Tels cer­tains de leurs con­frĂšres anglais qui ont fait le pari de mari­er, mĂȘler et mix­er les gen­res, tou­jours en par­tant d’une esthé­tique jazz, Tukan dĂ©veloppe une musique sim­i­laire, trĂšs aĂ©ri­enne. AprĂšs la sor­tie de Ima­go, un EP paru en juin dernier qui leur Ă  per­mis de beau­coup jouer dans le Plat Pays, les Belges ont affĂ»tĂ© leur tech­nique en live. Un savoir-faire que l’on retrou­vera prochaine­ment dans un tout pre­mier album, en cours de prĂ©paration.

Le mot de SĂ©bastien Desprez (cofon­da­teur du col­lec­tif Mag­ma) : “Avec Mag­ma on dĂ©veloppe des artistes et on adore faire de la pro­gram­ma­tion via nos pro­pres Ă©vents. On essaye de flouer la fron­tiĂšre entre musique Ă©lec­tron­ique et musique de live. Par­mi ces artistes il y a Tukan, des mecs avec un gros back­ground de zikos pro­fes­sion­nels, qui jouent entre des aspi­ra­tions jazz et Ă©lec­tron­ique justement.”

Si vous aimez : Mount Kim­bie ; Bad­Bad­Not­Good ; Lone

 

Fifty Lab

©DIANA VOS

Prenez une pincĂ©e de la langueur que Swing maĂźtrise Ă  la per­fec­tion, ajoutez ensuite une petite dose d’électronique typ­ique de Chica­go, l’une des pas­sions du pro­duc­teur Le Motel, saupoudrez le tout avec des Ă©pices goĂ»t “Zwan­gere Guy”, et vous obtien­drez Peet. À cette forme, il faut aus­si Ă©vo­quer le fond, c’est-Ă -dire des paroles per­ti­nentes qui retra­cent une vie d’action, pen­dant laque­lle cet artiste Ă  bien roulĂ© sa bosse. De ses dĂ©buts avec le col­lec­tif 77, jusqu’à ses essais solos, Peet sem­ble avoir trou­vĂ© sa pat­te. Une hon­nĂȘtetĂ© qui se ressent dans ses dis­ques et qui prend une autre ampleur lorsqu’il est sur scĂšne ; un espace qu’il occupe avec une Ă©nergie folle.

Le mot du cura­teur Laeti­tia Van Hove (Fifty Lab) : “À la base, Peet Ă©tait avec un groupe. Puis quand il s’est lancĂ© en solo, il a rĂ©us­si Ă  affin­er son truc Ă  lui : son tim­bre, sa maniĂšre d’écrire et de chanter. Je le trou­ve vrai­ment trĂšs drĂŽle et dĂ©calĂ©. Sa vidĂ©o d’annonce au Lab Ă©tait Ă  mourir de rire !”

Si vous aimez : Swing ; RomĂ©o Elvis x Le Motel ; Zwan­gere Guy

 

Fifty Lab

©SARAH GEERITS

La plus belle dĂ©cou­verte du Fifty Lab est ital­i­enne et s’appelle Giuseppe Vitale dans le civ­il. Depuis la ville de Milan oĂč il est instal­lĂ©, le jeune homme dĂ©veloppe une esthé­tique unique, Ă  la fois visuelle et sonore, tirant volon­tiers vers le jazz, explo­rant les pos­si­bles infi­nis qu’offre cette musique Ă©lec­tron­ique astrale, cos­mique. Un dia­mant (encore trop) brut, que l’on souhaite voir se hiss­er au niveau de Fly­ing Lotus par exem­ple, prob­a­ble inspi­ra­tion musi­cale et graphique. Son pre­mier disque Mag­i­cal, sor­ti dans le courant de cette annĂ©e, se porte garant de cette affir­ma­tion. Si Ze in the Clouds a enreg­istrĂ© tous les instru­ments lui-mĂȘme pour son pro­jet, il s’est accom­pa­g­nĂ© de la chanteuse LNDFK pour les voix. Une artiste promet­teuse que l’on a vue Ă  ses cĂŽtĂ©s (en plus d’un back­ing band : basse, bat­terie) pen­dant ce con­cert brux­el­lois, de trĂšs bon augure pour la suite. Fuori­classe comme on dit chez vous !

Le mot du cura­teur Andrea Cus­sot­to (Jazz:Re:Found) : “Il est trĂšs jeune. Nous l’avons ren­con­trĂ© Ă  notre fes­ti­val quand il jouait avec un autre groupe. DĂšs que nous l’avons enten­du, nous avons Ă©tĂ© impres­sion­nĂ©s ! Juste aprĂšs le con­cert, nous sommes ren­trĂ©s en con­tact avec son man­ag­er pour lui pro­pos­er de faire un mini-album ensem­ble. Cela a don­nĂ© “Mag­i­cal”, la toute pre­miĂšre sor­tie de Time Is The Ene­my, le label que nous venons de lancer.”

Si vous aimez : Tyler, The Cre­ator ; AndrĂ© 3000 ; Fly­ing Lotus

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