Radio Meuh Circus, festival au sommet | LIVE REPORT
On était au Radio Meuh Circus Festival, organisé par l’équipe de la webradio du même nom, niché dans le village alpin de La Clusaz. Concerts gratuits dans le village, DJ sets sur les pistes, lives sous chapiteau le soir : ici, on célèbre le retour du soleil, des corps en mouvement et de la musique qui fait du bien. Skis aux pieds, mains en l’air.
Après des heures de train et de virages en lacets, l’arrivée à La Clusaz se fait sous un soleil éclatant. Le contraste avec Paris est saisissant : ici, pas de vacarme ni de bousculade, mais des ruelles en pente, des maisons de bois et une atmosphère déjà empreinte de fête.

Olkan & La Vipère rouge / © azl.o
À peine le temps de poser les valises – à 30 secondes de la scène principale – que le premier set débute place de la Grenette. La scène est montée en plein centre entre les bars, les balcons fleuris et les passants en tenue de ski. Il est 17 h, mais la foule afflue rapidement.
Et c’est déjà le coup de cœur : Olkan & La Vipère Rouge. En une fraction de seconde, le duo d’amis d’enfance nous fait quitter les Alpes pour un autre monde. Oud électrique, boucles orientales, rythmiques turques, textures électroniques… Leur live est un mélange explosif de sonorités berbères, d’influences anatoliennes et de beaucoup de groove. L’assistance est emportée.
Camille Doe prend le relais avec un set plus posé, tout aussi subtil. La place est remplie, les verres trinquent, les corps oscillent doucement. Voilà une entrée en matière, douce et marquante.
Rencontres alpines et dancefloor en altitude
Le lendemain matin, l’excitation d’explorer est au rendez-vous. On flâne dans les ruelles de La Clusaz, et on sent que le festival est dans les esprits. À la boulangerie, on surprend une conversation entre la patronne et Guillaume, le policier local, qui discute joyeusement de ‘la trentaine de partenaires du festival’. Il en rigole, croissant à la main. Ambiance village, où on se connaît, où on se taquine.
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Le ski ? Pas pour nous. La neige est devenue traîtresse et on préfère ne pas prendre de risques. Mais la télécabine, elle, nous appelle. Car le premier set du jour a lieu là-haut, en montagne. Et quel spot. Une terrasse surplombant le village, face aux sommets, baignée de soleil. À mi-chemin entre l’après-ski et le club en plein air.

© azl.o
Kornelia est aux platines. Sa sélection électronique épouse l’espace. C’est fluide, solaire, organique. Les gens dansent, lunettes vissées sur le nez, verres à la main. On discute avec Ana, saisonnière restée exprès pour profiter du festival : ‘Ce sont les gens ici, l’ambiance, qui m’ont retenue. Et la musique, évidemment.’
L’entrée (du chapiteau) est animée, avec des stands de boissons et de food, le tout géré par les bénévoles du festival. On active notre Ameuhrican Express le moyen de paiement du festival, et on s’engouffre sous le chapiteau. Dehors, le froid nous pique ; à l’intérieur, la température monte vite.

© azl.o
Mama Def Mama fait son show. Le duo sénégalais impose sa présence magnétique. Leurs voix percutent, leurs rythmes balance entre afro-house et percussions tribales. Un son brut, charnel, politique. Le public est à l’écoute, conquis. Même les plus timides se laissent emporter.
Le moment culminant de la soirée a été sans conteste Danilo Plessow, aka MCDE, aux platines. Dès les premières mesures, l’ambiance a basculé : sélection disco précise, nappes house charnues… Sous une chaleur suffocante et une ambiance euphorique, tout s’est synchronisé : température, lumières et surtout musique. Caché sous sa casquette, MCDE a livré un set d’une maîtrise totale.
Groove en spirale
Il est 14h, le soleil tape fort sur La Clusaz. Comme la veille, on grimpe dans les télécabines, direction un nouveau spot perché, encore plus impressionnant. Là-haut, la vue est à couper le souffle : panorama à 180° et le Mont Blanc qui se dessine à l’horizon. Sur la terrasse du 1647, Ana Flavia est derrière les platines. Elle déroule un set d’une élégance : une électro lente, enveloppante. Rien ne dépasse, tout est à sa place, pour un moment aussi visuel que sonore.
Pour redescendre on troque les cabines contre un petit sentier de randonnée. L’air est doux, le chemin agréable, nos coups de soleil du jour se chargent de nous rappeler que même à la montagne, le soleil ne plaisante pas.

© azl.o
Le soir, retour sous le chapiteau pour une soirée nettement plus intense. Ici, tout est à taille humaine : on recroise les mêmes têtes, on échange des sourires complices. On retombe même sur Ana , notre saisonnière, qui nous lâche un clin d’œil au passage.
On s’hydrate au bar, avant de se laisser emporter par l’énergie explosive de BIM (Bénin International Musical). Leur afrobeat électrique, nourri d’influences traditionnelles et de sons vaudou, soulève la foule. Les cuivres explosent, les voix transcendent. Sur scène comme dans le public, l’énergie est contagieuse, intense. ‘Je ne connaissais pas du tout’, nous glisse Cécile, en vacances à la station de ski avec son mari retraité. ‘Et j’ai été emportée.’
Au bar, un détail attire l’attention : des cartes distribuées par les bénévoles, avec inscrit dessus ‘T’es relou.e’. On nous explique que c’est un outil de sensibilisation au consentement, destinés à prévenir les comportements sexistes et intrusifs. Une initiative saluée par les festivaliers. ‘Ça rassure’, confie Lisa à côté, ‘on se sent safe ici’.
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© azl.o
Notre attention est soudainement emportée ailleurs, Dylan Dylan prend le relais aux platines. Après l’explosion cuivrée de BIM, le feu ne s’éteint pas : la DJ et productrice enchaîne sans laisser le temps de souffler. Pas de transition planante, elle entre direct dans le vif : des beats secs, nerveux, qui frappent.
Sous la boule disco suspendue, Dylan Dylan en a profité pour balancer quelques pépites tirées de son dernier EP, What More Do You Want?!, fraîchement sorti chez Pont Neuf Records. Ses prods nourries d’influences multiples, break, acid, club, disco par endroits, ont résonné fort sous le chapiteau, élisant vite domicile dans les corps et les têtes. Le mec à côté de nous nous a marché sur le pied deux fois, emporté par l’euphorie. On ne lui en veut pas : c’était impossible de rester immobile. Dylan Dylan clôture cette soirée le sourire aux lèvres.
C’est à peine si l’on se remet de son live qu’on la croise dans le train, dimanche, direction Paris.
On quitte La Clusaz avec une seule envie : revenir l’année prochaine. Avec l’envie d’apprendre à skier, ou pas.
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Meilleur moment : Le live d’Olkan & La Vipère Rouge. Vraie découverte. Et le set de Dylan Dylan, jusqu’au bout du monde
Pires moments : Mon pied en souffrance après le passage un peu trop enthousiaste d’un danseur à côté
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